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L'effervescence des marchés indique une nouvelle crise financière en préparation

économie

Lien publiée le 4 septembre 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(wsws) Les inquiétudes se renforcent dans les cercles financiers internationaux sur le fait que les conditions d'une crise majeure et potentiellement incontrôlable apparaîtront dès que la Réserve fédérale américaine commencera à réduire ses achats d'obligations du trésor américain qui font partie de son programme d'assouplissements quantitatifs (quantitatifs easings - QE).

Depuis la première fois où la Fed a indiqué en mai dernier qu'elle entamerait le processus de « réduction », ce que l'on appelle les « marchés émergents » ont subi des turbulences grandissantes sur leur monnaie et leurs marchés financiers, les capitaux spéculatifs qui s'y étaient investis suite à la politique de QE commençant à se retirer.

Avec le programme de QE, qui implique des achats par la banque centrale américaine de bons du trésor et de titres hypothécaires de l'ordre de près d'un millier de milliards de dollars par an, les taux d'intérêt aux États-Unis ont été réduits à leur plus bas niveau historique. Le programme de QE visait à faire remonter les fortunes des responsables de la crise, créant les conditions d'une nouvelle bulle financière, dans les pires conditions sociales connues aux États-Unis depuis les années 1930.

L'abaissement des taux d'intérêt américains a également déclenché un « portage de devises » dans lequel les spéculateurs financiers ont emprunté à des taux très bas et investi dans des marchés émergents où les taux de rendement étaient nettement plus élevés que ceux qu'ils pouvaient obtenir aux États-Unis. D'après le Financial Times, depuis 2010, l'afflux de capital vers les marchés émergents atteint mille milliards de dollars par an en conséquence des « politiques monétaires non conventionnelles » des économies avancées.

Maintenant, le capital spéculatif commence à aller dans le sens opposé en anticipation de la politique de « réduction » et de l'augmentation des taux d'intérêt aux États-Unis. La fuite de capitaux s'est accélérée lorsque les monnaies des économies émergentes ont commencé à baisser, ce qui a incité les spéculateurs à retirer leur argent avant de subir des pertes importantes.

S'exprimant dans le Financial Times, l'ex-ministre mexicain du trésor, Guillermo Ortiz, a noté que depuis avril, l'Indonésie a perdu près de 14 pour cent de ses réserves de monnaies étrangères et l'Inde près de 5,5 pour cent. Si la situation continue à être aussi tendue, alors une véritable crise de la balance des paiements pourrait se développer, et ce serait également vrai pour la Turquie, l'Ukraine et l'Afrique du Sud, ainsi que d'autres pays.

La roupie indienne a chuté de 20 pour cent en 2013 tandis que la croissance économique tombait à 4,4 pour cent, bien en dessous du classique 7,7 pour cent entre 2002 et 2011. L'inflation augmente et les déficits budgétaires aussi.

La lire turque a chuté de près de 14 pour cent depuis le début de l'année et le marché boursier a baissé de 25 pour cent. L'essentiel de l'expansion économique turque au cours des dernières décennies a été le résultat d'une crise financière et d'une bulle du crédit, qui se dégonfle rapidement maintenant. On s'inquiète de ce que la lire pourrait continuer à baisser, rendant impossible le remboursement des dettes contractées en monnaies étrangères.

D'après une évaluation récente du Fonds monétaire international : « la Turquie reste vulnérable à une fuite des capitaux en raison de ses importants besoins de financement étrangers ; si cela devait se produire, l'atterrissage pourrait être rude. »

Les problèmes de la Turquie sont les mêmes que ceux de tous les marchés émergents, ce qui crée le risque d'une réédition de la crise financière asiatique de 1997-98, mais à une échelle bien plus grande. L'affirmation que ces pays s'étaient « découplés » des économies avancées et pourraient fournir la reprise nécessaire à l'économie mondiale après la crise de 2008 a été battue en brèche.

La directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a demandé que « de nouvelles lignes de défense » soient construites pour tenter de protéger l'économie mondiale d'une crise des marchés émergents. Mais rien n'a été proposé, et, dans tous les cas, la quantité de financements impliqués si une ruée hors de ces marchés devait commencer, va bien au-delà de tout ce que le FMI pourrait avoir à sa disposition.

La Fed américaine s'est pratiquement lavée les mains de toute responsabilité dans la situation internationale, les officiels ont insisté sur le fait qu'ils ne sont concernés que par l'effet de leur politique à l'intérieur du pays. Ceci rappelle la célèbre phrase du ministre du trésor John Connally quand il fut confronté aux inquiétudes européennes face à la chute du dollar en 1973, « c'est notre monnaie mais c'est votre problème. » Maintenant la politique économique agressive des 40 dernières années a atteint de nouveaux pics et elle est combinée à un militarisme de plus en plus prononcé, au service des intérêts américains sur toute la planète.

Aucune solution internationale n'est discutée, ni même en vue. Le ministre des Finances sud-africain Pravin Gordhan a parlé de « l'incapacité à trouver des réponses cohérentes et unitaires sur tout le globe pour s'assurer que nous réduisons la volatilité sur les monnaies. » S'exprimant au conclave des banquiers centraux à Jackson Hole dans le Wyoming le mois dernier, Augustin Carstens, gouverneur de la banque centrale du Mexique, a noté que « la volatilité des flux [de capitaux] a été très pernicieuse. »

Les causes sous-jacentes de cette volatilité ont été mises en lumière dans un récent rapport du cabinet de consultants en gestion Bain and Company. Ils ont fait remarquer que la relation entre l'économie financière et l'économie réelle qui la fonde a atteint « un tournant décisif. » Si la production réelle ralentit bien, le volume des avoirs financiers s'est développé rapidement et il a maintenant dix fois le volume de la production mondiale de biens et de services.

En d'autres termes, l'économie mondiale ressemble de plus en plus à une pyramide inversée dans laquelle un volume toujours plus important d'avoirs financiers, dont la croissance est alimentée par la politique de la Fed et des autres banques centrales , s'appuie sur une base dont la taille relative s'amenuise.

D'après ce rapport, c'est cette situation qui fait que les bulles créées par les afflux spéculatifs de capitaux à la recherche de profits, « sont passés d'événements relativement isolés à des crises qui font trembler tout le système avec des milliers de milliards de dollars de pertes. »

Les gardiens de la finance américaine partent du principe qu'ils peuvent agir unilatéralement sans se soucier des conséquences mondiales de leurs actions. Mais en dernière analyse, aucun pays n'est plus vulnérable aux mouvements violents de la finance mondiale que les États-Unis.

Le système financier américain est devenu tellement dépendant des achats de bons du trésor par la Chine qu'une crise majeure du crédit dans ce pays (et il y a des signes précurseurs d'une de ces crises avec l'accroissement de la dette chinoise de 130 pour cent du PIB en 2008 à 200 pour cent aujourd'hui) et un retrait conséquent de fonds des marchés américains entraîneraient un séisme financier.

La semaine dernière, le responsable des investissements mondiaux à UBS Wealth Management, Alexander Friedman, a prévenu que tôt ou tard les États-Unis pourraient avoir à renflouer le système bancaire chinois car si la Chine était contrainte d'abandonner ses obligations américaines pour résoudre sa crise interne, de telles actions feraient monter les taux d'intérêt et entraîneraient une tempête économique aux États-Unis.

Il existe également une interaction de plus en plus forte entre la montée du militarisme et l'aggravation de la crise économique. La série continuelle de guerres lancées par les États-Unis est le résultat de tentatives pour compenser le déclin de leur position économique par la force des armes. Mais la guerre contre la Syrie, ou d'autres cibles comme l'Iran, pourrait déclencher une crise financière dont le « contrecoup » pourrait immédiatement affecter les États-Unis.

À l'approche du cinquième anniversaire du déclenchement de la crise financière, il est clair que non seulement rien n'a été résolu mais que la crise historique du système économique et financier capitaliste s'intensifie. Des milliards de gens vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, menacés d'être plongés du jour au lendemain dans la pauvreté, tandis que le système financier mondial se rue vers une nouvelle catastrophe.