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Un trust impérialiste préparerait un coup d'état imminent à Conakry

Lien publiée le 25 septembre 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

DES mercenaires français, sud-africains et israéliens, dispo­sant de relais à Paris et en Afrique et soutenus par un roi du dia­mant, préparent un coup d'Etat en Guinée, véritable eldorado minier. C'est la thèse retentissante défendue dans deux notes rédigées respective­ment par les services de renseigne­ment américain (CIA) et français (DGSE), et que « Le Canard » a pu consulter.

(Canard enchaîné) Le document français évoque « de sérieux risques d'opérations en cours, tendant à déstabiliser l'État gui­néen ». Et un « mode opératoire » consistant, lors de grandes manifes­tations, à « inciter la police et les forces armées à recourir à la force et ainsi créer des martyrs ».

Le texte américain, intitulé « Note sur les questions de sécurité en Gui­née » et daté du 13 septembre, évoque le « financement de partis d'opposi­tion » et le « recrutement de milices peules », ethnie supposée hostile au président, Alpha Condé. Le contexte des prochaines élections législatives (28 septembre), ajoute-t-il, sera pro­pice à « de violentes manifestations de masse à Conakry et dans d'autres villes ». Ces mouvements pourraient « servir de couverture à des opéra­tions ciblées, menées par les merce­naires ».

Culbute minière

Si ces écrits ont des relents de roman d'espionnage, ils s'appuient sur une réalité non moins roma­nesque, évoquée dans ces colonnes il y a quinze jours. Une affaire de corruption internationale autour d'une fabuleuse mine de fer.

L'histoire commence en 2008, alors que le vieux président guinéen Lan-sana Conté termine son cinquième quinquennat de dictature. Le mil­liardaire franco-israélien Beny Stein-metz, qui a fait fortune (la première d'Israël) dans le diamant, lorgne

cette fois le plus grand gisement fer­reux non exploité de la planète, le site de Simandou, au sud-est de la Guinée. Le magnat courtise le chef de l'Etat, son épouse, ses ministres, et son groupe (BSG) récupère pour 165 millions de dollars une partie des droits d'extraction. Quelques se­maines plus tard, il en revendra la moitié au groupe brésilien Vale au prix de 2,5 milliards !

 A la mort de Conté (en décembre 2008), une junte militaire prend le pouvoir et Steinrnetz tente de « sé­curiser » son bien. Un de ses agents, Victor Kenan, passe un contrat avec la société israélienne de 'sécurité CS'l' Global, qui se met au service de la junte. Cette boîte, raconte la note des Renseignements américains, for­mera et entraînera la garde prési­dentielle des « bérets rouges », res­ponsable du massacre de 157 civils, le 28 septembre 2009, dans un stade de Conakry.

Mais, en décembre 2010, la pre­mière élection démocratique du pays, remportée par Alpha Condé, inquiète Steinmetz. Ce socialiste n'envisage-t-il pas de remettre à plat tous les contrats miniers ? Le Président lance une opération mains propres, aidé par diverses organisations interna­tionales et par le financier George Soros. Résultat : l'enquête rebondit aux Etats-Unis, où la veuve de Lan-sana Conté possède un compte, nourri de plusieurs millions par le groupe de Steinmetz.

Pain Beny pour Sarko

Ce dernier exerçant aussi son ac-tivité,,en France et en Suisse, la jus­tice de quatre Etats en veut désor­mais à ce paisible diamantaire. Et ses amis français ne lèvent pas le petit doigt. Pourtant, en mai dernier, Nicolas Sarkozy s'est fait offrir une

visite en Israël : c'est Beny qui a réglé tous les frais. D'autres huiles UMP proches de ce mécène, comme Jean-François Copé, Claude Goasguen ou Patrick Balkany, observent la même retenue.

Steinmetz a-t-il décidé de sauve­garder ses intérêts guinéens par des moyens musclés ? C'est la conviction des services français et US, qui. n'ap­portent pas de preuves mais font des rapprochements. Les Américains sou­- lignent qu'un certain Victor Nassar, israélien et « consultant en. sécurité pour BSG depuis des années », s'est pointé, en juillet, à Johannesburg pour une « opération de recrutement de mercenaires », aidé par le Sud-Africain Willem Ratte, naguère « lié à l'extrême droite pro-apartheid ».

Le parti des "affreux"

Officiellement, il s'agissait d'enré-ler des volontaires pour l'Otan en Af­ghanistan. Pourquoi, alors, les can­didats étaient-ils interrogés sur « leurs compétences en français et leur connaissance de l'Ouest africain » ? Nassar s'est également attaché les services des Français Patrick Klein, alias « Lieutenant Chambert », un ex­« affreux » de l'équipe de Bob Demiard, et de Steve Bokhobza, qui, avec Klein, a joué au petit putschiste aux Co­mores, en avril dernier. Sans succès.

Les trois hommes, explique la note américaine, ont contribué à la créa­tion d'un mouvement guinéen bidon, le Parti national pour le renouveau, « sans doute sponsorisé par BSG ». Ce parti a rédigé un «mémorandum, saisi par les enquêteurs guinéens », prévoyant que BSG conserverait ses droits d'extraction, « au cas où le Parti du renouveau participerait à un futur gouvernement ».

'Un parti politique qui conditionne son destin à celui de l'industrie, les formations françaises devraient en prendre de la graine.

Jérôme Canard