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Procès de l’UIMM: des espèces « pour garder un bon souvenir de la maison »

Lien publiée le 15 octobre 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2013/10/15/proces-de-luimm-des-especes-pour-garder-un-bon-souve...

Jacques Gagliardi a 83 ans, le cheveu blanc et, ne serait le ruban rouge à la boutonnière de sa veste froissée, il détonne un peu parmi les prévenus du procès dit des enveloppes de l'UIMM.  Grande gueule, hâbleur, il raconte le parcours qui l'a mené de l'engagement volontaire en Algérie - il insiste sur le mot volontaire - au titre de conseiller du président de l'UIMM. La France qu'il a aimée semble s'être arrêtée dans les années soixante-dix - "Monsieur Pompidou disparaît et le terrain de la société française commence à glisser", dit-il pour résumer.

C'est à ce moment là qu'il commence à travailler aux côtés de Pierre Guillen, ancien militaire comme lui, qui préside alors l'UIMM. Leur collaboration durera plus de vingt ans.  "Il m'a bombardé d'un titre prétentieux et flatteur de conseiller du président, ça ne me dérangeait pas, j'étais en quelque sorte une tête chercheuse et je faisais ce qu'en d'autres temps, on appelait de la propagande. Je devais savoir aussi bien ce qui se disait à Saint-Germain-des-Prés qu'au fond de l'Aveyron".

Pierre Guillen, affirme-t-il, a été le premier président de l'UIMM à financer la CGT. Entre eux, ils appelaient cela, "alimenter en munitions". "Le paquet avait la dimension d'une boîte de chaussures. Et j'imagine qu'il ne s'agissait pas de petites coupures". Jacques Gagliardi évoque encore, comme à regret, une époque où le patronat finançait tout le monde, dont la presse, "y compris Le Monde", dit-il. "Quand je suis arrivé à l'UIMM, j'ai éliminé les journalistes", précise-t-il.

Combien perceviez-vous à l'époque en salaire? lui demande la présidente? Qui ajoute: "En déclaré, bien sûr".

100.000 francs par mois.

Lorsqu'il décide de partir à la retraite, en 1995, son patron et ami lui offre 500.000 francs en guise d'au-revoir, en espèces.  Mais ce n'est pas tout. Il lui dit :  "Jacques, pour que vous gardiez un bon souvenir de la maison, vous percevrez un petit complément de retraite jusqu'à vos 70 ans". Le "petit complément" est de 100.000 francs par an, en espèces toujours, il devait s'arrêter en 2001, mais comme on s'habitue vite aux bonnes choses, Jacques Gagliardi le touche plus longtemps que prévu.

Le patriotisme ayant ses limites, il ne les déclare pas au fisc. "A ceux qui voudraient porter un jugement moral, je réponds que j'ai suffisamment servi la République", dit-il. Son avocate rentre un peu la tête dans les épaules. Il poursuit: "J'ai géré cet argent en bon père de famille, vous savez. Cela m'a permis de financer les études des mes enfants."