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La "refondation" de l’UE et SYRIZA

Lien publiée le 7 décembre 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.socialinfogr.blogspot.gr/2013/12/la-refondation-de-lue-et-syriza.html

Cet article de Sotiris Martalis (dirigeant de DEA) est paru sur le site du Réseau Rouge de SYRIZA.

Sotiris Martalis
05-12-1013

Le congrès du Parti de la Gauche Européenne (PGE) dans quelques semaines à Madrid et les prochaines élections européennes (Mai 2014) vont alimenter le débat sur l’Europe au sein de la gauche.

Cette discussion est de toute façon importante. La commission et les autres organes de direction européens se sont révélés être le Directoire de l’implacable offensive de classe du capital contre les droits ouvriers et sociaux à l’échelle européenne. Non par hasard, dans tous les pays membres la haine ouvrière et populaire contre « la bureaucratie de Bruxelles » augmente.

Eurocentrisme

L’enfermement de la gauche dans une politique euro-centrée aveugle a pour conséquence de laisser le champ libre à l’ « euroscepticisme » des partis de droite ou, pire, au nationalisme économique et au protectionnisme des partis d’extrême-droite.

La décision du PGE de faire d’A. Tsipras le porte-parole de sa campagne des élections européennes ajoute un poids supplémentaire à cette discussion. Chaque élément des décisions du PGE sera partie intégrante de la bataille politique en Grèce entre, principalement, la ND et SYRIZA.

Les orientations jusqu’ici connues du PGE tournent autour de l’idée centrale d’une « refondation » de l’UE. Quelques réformes sont proposées (« une autre architecture »), alléguant qu’elles apporteront un changement soi-disant essentiel au fonctionnement de l’UE, dans le sens des intérêts populaires. Ces réformes constituent dans une large mesure la continuité de la stratégie social-démocrate de mutation de l’UE (idées Delors), vieille de 20 ans : augmentation du budget, « transferts » financiers, communautarisation des dettes, programmes augmentés d’investissements publics, « démocratisation » de la Banque Centrale Européenne, ect.

Personne cependant dans le PGE ne se donne la peine d’expliquer pourquoi y compris les « pères » de cette politique (par exemple le PS français) l’ont aujourd’hui abandonnée. Le cœur de la réponse réside dans le constat que dans les circonstances de la crise et à l’apogée de l’attaque néolibérale, aucune fraction significative des classes dirigeantes ne pense sérieusement adopter un programme « keynésien ».

Choix dominant

Le « merkelisme » n’est pas une excentricité du personnel politique gouvernemental : c’est un choix des banques et des industriels de toute l’Europe. Par conséquent toute politique sincère aspirant à des « réformes » pro-ouvrières et pro-populaires dans l’UE est condamnée par la réalité à assumer les tâches liées à la rupture complète et au renversement du système à l’échelle européenne.

Cette réalité se traduit dans trois directions : 1) le renversement du système au niveau national, 2) la politique internationaliste, 3) la stratégie socialiste, comme « guide » pour les renversements du système au plan national comme européen.

L’éloignement du PGE par rapport à ces problématiques prépare le terrain au retour des ses partis et de ses membres à une politique de centre-gauche. On le voit en France, avec la décision du PCF de relancer la gauche « plurielle », via les accords de coalition avec les socialistes de Hollande pour les élections municipales. On l’a vu en Italie avec le « voyage » liquidateur de Refondation Communiste dans des alliances électorales successives de soumission au centre-gauche. On le voit déjà au Portugal avec le recentrage conservateur du Bloc.

SYRIZA doit trouver la force d’éviter ce piège. Ce qui ne sera pas fait par des demi-mesures telles que la proposition de « refondation de gauche de l’UE ». Ces propositions viennent compléter la politique du PGE (programme de développements régionaux, soutien aux programmes coopératifs-autogestionnaires, accent mis sur la revendication démocratique), sans pour autant changer son caractère d’impasse. Car la question centrale demeure : quel rapport de force politique et de classe peut imposer au capital – à l’échelle européenne – ces changements ? Et, si la gauche rassemble les forces nécessaires à une telle confrontation, pourquoi s’autolimiterait-elle à une politique keynésienne social-démocrate ?  

Basculements

Comme le disait la déclaration initiale de SYRIZA, nous devons nous affronter à l’UE comme champ de lutte de classe, exactement comme le pays dans lequel nous vivons. Où nos tâches ne consistent plus en des revendications de « réformes » pour « une autre politique », mais dans des basculements politiques et sociaux profonds en direction d’une émancipation socialiste globale. Seule une telle politique de classe et internationaliste peut constituer une solution alternative tant au pourrissement de l’européisme réellement existant, qu’au retour du nationalisme économique, politique et militaire.