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Peugeot Mulhouse : chronique de l’exploitation au quotidien

Lien publiée le 10 décembre 2013

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://ccr4.org/Peugeot-Mulhouse-chronique-de-l-exploitation-au-quotidien

Un ouvrier en colère

Muté contre mon gré depuis quelques mois du système 1, où est produit la C4, au système 2, où est produit la 2008, j’ai tout d’abord dû effectuer une formation à mon futur poste ; ceci en compagnie de mon doubleur de l’autre tournée. Bien entendu, l’ambiance était tout autre : obligation d’effectuer vingt minutes de travail supplémentaire en équipe de l’après-midi et tous les samedis étaient réquisitionnés !




Malgré cela, une certaine solidarité existe au sein de cette équipe constituée en majeure partie d’intérimaires ou d’autres salariés sous contrats bénéficiant d’aides de l’Etat dont PSA profite allègrement. Au bout de quelques jours, je me suis vite aperçu que tous les postes étaient surchargés et que les moniteurs, des OP qui coordonnent les équipes, couraient de droite à gauche afin de « remonter » les ouvriers qui, par manque de temps évident, arrivaient pas au bout de leur travail. Au moindre arrêt de ligne, au moindre défaut, la hiérarchie est omniprésente afin de demander des explications aux salariés concernant tel ou tel défaut. Cette ambiance aussi oppressive que répressive, je l’ai retrouvée dans ma tournée et, pour la première foisaprès plus de vingt années de présence en sein de PSA, j’ai entendu des intérimaires ainsi que des salariés en CDD m’avouer qu’ils avaient hâte d’arriver au terme de leur contrat tellement ils n’en pouvaient plus et qu’il était hors de question pour eux de rester dans cette entreprise !

Concernant mon nouveau poste de travail, je le tiens tant bien que mal, comme tous mes collègues. Mais si mon moniteur n’était pas présent pour me « remonter » de temps à autre, je me retrouverais très vite en bout de course. Physiquement, il m’est très difficile de tenir le poste sur lequel on m’a affecté. Comment effectuer un travail de qualité si on ne vous donne pas le temps de l’assurer ? Bien entendu, la direction est au courant de tout cela, et en joue. A titre d’exemple, ceci sans doute pour de se donner bonne conscience en voulant nous faire croire qu’ils allaient améliorer nos conditions de travail, ils nous ont fait circuler des post-it sur lesquels les salariés sont supposés inscrire les difficultés rencontrées à leur poste de travail, des difficultés qui sont pudiquement appelées « anomalies »… Toutefois, avant de rédiger ces petits documents, notre R.U nous a bien précisé qu’il ne voulait pas entendre les arguments suivants : « trop de travail et pas assez de temps ». Bilan : les salariés écœurés ont refusé de remplir les dits post-it et ce sont les moniteurs qui, tant bien que mal, s’en sont chargés.

Pour couronner le tout, on nous a annoncé dernièrement que la production journalière allait passer de 45 à 50 véhicules de l’heure. A première vue, de l’extérieur, ça ne veut pas dire grand-chose, mais c’est tout bonnement monstrueux. Bien entendu, et ce comme à l’accoutumée, la direction nous a annoncé que tous les postes allaient être répartis et qu’une centaine d’embauche (si on peut appeler cela de l’embauche, car il ne s’agit que de postes précaires) allait être effectuée. Ce qui nous rassure un peu moins, c’est que les modalités de cette répartition sont effectuées par des TEP, ceux qui sont chargés par le bureau des méthodes de « charger » les postes, ainsi que quelques moniteurs. Mais aucun avis des salariés en poste n’a été pris en compte ! Qui plus est, l’annonce de l’obligation d’effectuer des samedis gratuits suite au nouvel accord de compétitivité signé dernièrement par des organisations aussi « syndicales » que ce contrat est officiellement « social », n’annonce rien de bon.

A ce jour, le constat est clair : le chiffre de ce que la direction nomme « absentéisme » est en constante augmentation. On comprend pourquoi. A la fin de la journée, les collègues sont épuisés aussi bien physiquement que moralement. On pourrait croire qu’un climat de soumission semble régner. Mais l’ambiance actuelle est toute autre, elle est au dégoût et à la colère, surtout après l’annonce par les médias de la possible fermeture de la ligne du système 1 mais aussi de l’annonce des 21 millions de retraite chapeau, refusée en théorie par Varin.

Cette ambiance, elle me fait penser à une cocotte minute qui siffle de plus en plus fort, annonçant qu’elle est sur le point d’exploser. Il suffirait d’un déclencheur pour que cela se produise. Et il se peut bien que ce déclencheur, ce soit le chiffre situé au bas de notre fiche de salaire, lorsque les travailleurs s’apercevront qu’ils ne sont plus payés le samedi…

05/12/13