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Le Nouveau Théâtre de Budapest offert à l'extrême droite
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Vienne (Autriche) Correspondante - Le monde de la culture est en émoi en Hongrie. Un an après l'offensive contre le directeur du Théâtre national, Robert Alföldi, que le parti d'extrême droite Jobbik accusait de bafouer les sentiments patriotiques, cette fois c'est la nomination, à la tête du Nouveau Théâtre, scène importante de Budapest, de deux personnalités considérées comme néofascistes et antisémites, l'acteur György Dörner et l'écrivain Istvan Csurka, qui provoque l'indignation.
Le maire de Budapest, Istvan Tarlos, proche du premier ministre Viktor Orban, et membre du parti conservateur Fidesz au pouvoir, a usé de son droit de veto pour imposer, jeudi 6 octobre, le tandem Dörner-Csurka, contre l'avis de la commission compétente. Par six voix contre deux (celles des représentants de la municipalité et du ministère de la culture), elle avait choisi de maintenir l'actuel directeur du Nouveau Théâtre (Uj Szinhaz), Istvan Marta, dont le répertoire, combinant auteurs nationaux et classiques étrangers, attire un large public. La Société du théâtre hongrois a aussitôt critiqué la décision de M. Tarlos, interprétée par l'opposition de gauche comme un gage donné à l'extrême droite.
Cette affaire est jugée bien plus grave que les polémiques d'hier contre le directeur du Théâtre national, Robert Alföldi, que les députés du Jobbik appellent "Roberta" pour railler son homosexualité, et dont ils avaient réclamé, en vain, le départ. Sous le titre "La honte", un texte de protestation a déjà recueilli plus de 1 800 signatures, notamment de grands noms de la littérature et de la musique : les écrivains Peter Esterhazy et Peter Nadas, la cantatrice Eva Marton ou le compositeur Peter Eötvös, qui a longtemps dirigé l'Ensemble inter-contemporain de Pierre Boulez.
Avec une demi-douzaine de "citoyens d'honneur" de Budapest (dont l'écrivain György Konrad et la philosophe Agnes Heller), le chef d'orchestre Adam Fischer va adresser une lettre ouverte à la municipalité. Un rassemblement est prévu dans la capitale le 15 octobre, jour anniversaire de la prise du pouvoir, en 1944, par les fascistes hongrois des Croix Fléchées. "On ne peut tolérer l'existence d'un théâtre antisémite en plein coeur de Budapest, à deux pas de l'Opéra, a déclaré au Monde M. Fischer. Ce serait impensable en Europe de l'Ouest, mais en Hongrie, (depuis le retour de M. Orban au pouvoir), les mauvaises surprises s'accumulent."
A 77 ans, l'écrivain et dramaturge Istvan Csurka, promu administrateur du Nouveau Théâtre, est en effet la figure historique de la droite ultranationaliste hongroise. Du temps du communisme, les pièces de ce champion de la cause des minorités magyares, séparées de la mère patrie par le traité de Trianon, avaient connu un indéniable succès. Son petit Parti hongrois pour le droit et la vérité (MIEP) lui a ensuite assuré, dans les années 1990, une tribune où il s'est distingué, tout comme dans l'hebdomadaire qu'il anime, Magyar Forum, par ses tirades antisémites. Le chef de l'Association des communautés juives de Hongrie, Peter Feldmajer, se demande si Budapest va connaître les mêmes dérives que Vienne à l'époque de Karl Lueger, le maire chrétien conservateur dont la rhétorique agressive a inspiré Hitler.
Le programme de quinze pages - où l'on relève 34 occurrences du mot "national", et 35 du mot "magyar" -, publié par le futur directeur d'Uj Szinhaz, György Dörner, n'a pas apaisé les esprits. Ce comédien en perte de vitesse, souvent réduit à doubler les stars du cinéma américain, veut "reconquérir" le terrain théâtral en faveur des "Hongrois qui souffrent sous le joug social-libéral" et "déclarer la guerre au business libéral du divertissement" ("libéral" étant ici synonyme de juif). Il propose de rebaptiser son établissement "Théâtre de l'Arrière-pays", en hommage à la Hongrie profonde ignorée par les élites de la capitale.
György Dörner a milité au Jobbik, la force montante de l'extrême droite (entrée au Parlement avec 17 % des voix, en avril 2010, et en nette progression dans les sondages), avant de se rapprocher de M. Orban. Il a commandé à Istvan Csurka une pièce sur l'une des bêtes noires du gouvernement, l'ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany, qui vient d'être inculpé de corruption au profit d'un investisseur israélien, et se dit victime d'une chasse aux sorcières.
Si M. Tarlos ne revient pas sur sa décision - ce qu'il a, pour l'heure, exclu -, le Nouveau Théâtre sera, à partir de février 2012, aux avant-postes de la "révolution nationale" menée en Hongrie, dans un contexte de crise européenne.




