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Le vote FN s’est consolidé entre les deux tours
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Mediapart) Le Front national remporte onze mairies. Les résultats démontrent surtout une consolidation du vote FN entre les deux tours : ses électeurs du premier tour ne l’ont pas délaissé au second ; et ses scores importants vont avec une participation élevée. Marine Le Pen évoque un « vote d'adhésion ».
« Le vote FN-RBM est maintenant un vote d’adhésion », a annoncé Marine Le Pen dimanche soir au siège du Front national. C’est ce que répète la présidente du FN depuis les élections cantonales de 2011. Si l’affirmation n’était pas exacte il y a quelques années, les élections municipales des 23 et 30 mars tendent en revanche à montrer une consolidation du vote FN entre les deux tours.
Le Front national remporte onze villes, bien plus que son record de 1995 (qui était de trois mairies, et une quatrième à la partielle de 1997) : Fréjus, Le Luc et Cogolin (Var), Beaucaire (Gard), Le Pontet (Vaucluse), Villers-Cotterêts (Aisne), Mantes-la-Ville (Yvelines), Hayange (Moselle), Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), dans le septième secteur de Marseille et à Béziers (dans l’Hérault, où il soutenait Robert Ménard).
Le parti lepéniste a en revanche vu ses quatre têtes d’affiche battues : ses deux vice-présidents, Florian Philippot à Forbach (Moselle) et Louis Aliot à Perpignan (Pyrénées-Orientales), le député Gilbert Collard à Saint-Gilles (Gard), et, au premier tour, la liste sur laquelle figurait en dixième position l’autre députée frontiste Marion Maréchal-Le Pen, à Sorgues (Vaucluse).
Marine Le Pen a annoncé dimanche soir l’élection de « 1 200 » conseillers municipaux. « Partout nous avons progressé », s’est félicitée la présidente du FN, qui y voit « une sanction massive pour le pouvoir en place », mais aussi « l’adhésion à une nouvelle politique », à « une autre manière de faire de la politique » d’électeurs qui voudraient « sortir de l’ornière UMPS ». « Nous passons à une nouvelle étape (...), il faut désormais compter avec une troisième grande force dans notre pays », a-t-elle aussi martelé sur France 2.
Un premier indicateur tend à montrer une consolidation du vote FN : les scores importants du parti lepéniste vont avec une participation élevée. À Fréjus, où David Rachline gagne avec 44,5 % des voix, le taux de participation est de 71,46 % à la clôture des bureaux de vote (une hausse de près de trois points par rapport au premier tour). À Béziers, où Ménard l’emporte à plus de 47 %, il est de 68,51 %. Au Luc, autre ville gagnée par le FN, elle est de 69,48 %. Des chiffres supérieurs à la moyenne nationale (63,7 %). Dans les villes où le FN était en tête du premier tour, la participation a augmenté.
Au premier tour déjà, la participation était supérieure à la moyenne nationale dans les villes où le FN décrochait ses meilleurs scores : 64,59 % à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), 68,4 % à Fréjus (Var), 64 % à Béziers (Hérault). « Le FN est un opérateur de repolitisation. Il fait voter des gens qui, autrement, ne voteraient plus », expliquait à Mediapart, à l'issue du premier tour, le chercheur Joël Gombin, doctorant en sciences politiques à l’université de Picardie et spécialiste des votes FN.
Autre indicateur de cette consolidation : les électeurs qui se sont tournés vers lui au premier tour ne l’ont pas délaissé au second. Ils confirment au contraire leur vote. Dans ses zones fortes, le FN progresse, et ce malgré de nombreuses triangulaires ou quadrangulaires.
À Béziers, Robert Ménard, passe de 44,88 % à 47,3 % entre les deux tours, malgré une triangulaire avec un UMP et un divers gauche. Il gagne 1 799 voix. À Fréjus, David Rachline, qui avait recueilli 40,30 % au premier tour, totalise 44,55 % au second, dans une triangulaire qui l'opposait à deux candidats de droite. À Hayange, Fabien Engelmann, l’ancien militant de la CGT, avait rassemblé 30,41 % des voix. Il conquiert la ville avec 34,7 % des voix, dans une quadrangulaire.
Dans le Var, le FN passe de 39,03 à 51,3 % à Cogolin, face au maire sortant divers droite (+ 698 voix), et de 36,94 % à 42,02 % au Luc. De 32,85 à 39,8 % à Beaucaire (Gard) dans une quadrangulaire, de 34,66 % à 42,62 % au Pontet (Vaucluse), également dans une triangulaire, de 32,04 % à 41,53 % à Villers-Cotterêts (Aisne), de 21,66 % à 30,26 % à Mantes-la-Ville (Yvelines). À Marseille, dans le septième secteur, Stéphane Ravier, historique du FN, passe de 32,88 % à 35,8 %.
C’est aussi le cas dans les villes où le FN échoue au second tour. À Forbach (Moselle), où se présentait Florian Philippot, il se stabilise à 35,17 % (contre 35,74 % au premier tour). À Perpignan (Pyrénées-Orientales), Louis Aliot passe de 34,2 % à 44,7 %. À Saint-Gilles (Gard), Gilbert Collard, qui avait rassemblé 42,5 % au premier tour, termine à 48,50 %, à quelques voix de son rival.
À Tarascon (Bouches-du-Rhône), la frontiste Valérie Laupies avait recueilli 39,24 % au premier tour, et 47,26 % au second. Dans le Vaucluse, le FN passe de 36 % à 47,02 % à Valréas et de 29,63 % à 35,02 à Avignon.
Ce phénomène s'observe aussi en dehors du pourtour méditerranéen. En Moselle, à L’Hôpital, le candidat frontiste échoue, mais gagne 271 voix : il passe de 23,98 % à 32,18 %. Dans le Nord, à Roubaix, le candidat frontiste perd deux points (19,31 % au premier tour, 17 % au second) dans une quadrangulaire. Dans l’ouest, à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), le parti lepéniste passe de 11,28 % à 12,02 % entre les deux tours et gagne 144 voix. À Lorient (Morbihan), dans une quadrangulaire, la candidate frontiste perd 37 voix en passant de 14,78 % à 13,78 %.