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Haïti: message de Bataille ouvrière

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Lien publiée le 14 mai 2014

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http://bataillesocialiste.wordpress.com/2014/05/08/message-de-batay-ouvriye-haiti/

Port-au-Prince, ce Mercredi 7 Mai 2014

 Le Premier Mai de cette année a été commémoré dans diverses parties du pays.

Dans le Nord-Ouest, les associations paysannes de la région sortirent de plusieurs endroits pour se rencontrer à Anse Rouge, où le message d’occasion fut lu publiquement, dans un enthousiasme général. Cette manifestation s’étendit jusqu’au marché du bourg où dans l’après-midi les membres mobilisés répartirent à nouveau l’intervention principale. Là, ils ont tenu également divers mini-meetings, discutant avec la population des marchandes.

À Ouanaminthe, c’est encore une manifestation qui a réuni les ouvriers de la zone franche de cette ville, la Codevi, avec une délégation de ceux et celles de la zone franche de Caracol. Sortie des devants de la Codevi, la marche aboutît sur la place centrale où le message d’occasion fut divulgué. Banderoles, pancartes et chants accompagnaient la manifestation, fort bien accueillie par la population de la ville : la revendication faisant référence à l’électricité demandée par tous étant l’un des principaux slogan des banderoles arborées.

Au Cap, aux syndicats de la ville s’ajoutèrent nos associations de quartier ainsi que certaines associations de petits paysans des alentours qui, elles aussi, avaient fait le déplacement. Également avec banderoles et slogans écrits et scandés, elle parcouru la ville. Là, plus particulièrement, drapeau du syndicat des ouvriers des Établissement Novella en tête, cette marche déjà depuis un certain temps habituée, traversa la ville distribuant l’intervention à la population attentive. Plusieurs individus se sont joints alors à la manifestation qui, en divers endroits, servit aussi de mini-meetings d’agitation-propagande.

À Port-au-Prince, aux cris de “500 goud, salè minimòm!”, les manifestants sortis des devants de la Sonapi, effectuèrent un long parcours à travers la ville pour aboutir aux pieds de la statue de Dessalines, au Champs de Mars. Toutefois, malgré un avertissement remis à la police où parcours et point de chute étaient clairement notifiés, celle-là ne laissa point arriver aux pieds du monument, barrant l’arrivée. Suite aux protestations et aux essais de pénétrer dans l’enceinte du monument pourtant à deux pas – où, sauf erreur, rien ne stipule un quelconque interdit à une présence manifestante – gaz lacrymogène et répression généralisée furent le lot de réception. Deux étudiants de la faculté de l’école normale supérieure ont été arrêtés, Makenson Fatal et Jean Benoît Daniel Leblanc, tandis que des ouvriers et une ouvrière du syndicat des ouvriers du textile et de l’habillement (Sota en kreyòl), Mitial Lubin, Jean Lestin Estimé et Marie Denise Clairjo se sont retrouvés à l’hôpital, suite aux coups et blessures enregistrés. Si les étudiants ont été relaxés dans l’après-midi, grâce à la mobilisation des manifestants devant le commissariat et à l’intervention de la Plateforme Haïtienne des Organisations Éducatives dont l’Unoh fait partie, nos camarades du Sota sont encore suivis par des médecins.

On ne peut que s’étonner de l’attitude des responsables de la Police nationale haïtienne, la PNH. Même si, ceci est aujourd’hui assez clair pour tous, « protéger et servir » est depuis longtemps (si ce n’est depuis toujours) jeté aux poubelles, à moins que ce ne soit que pour protéger uniquement les business de l’Haïti « open ». …Même si, on le savait, ces gendarmes d’un autre type sont pour cela entraînés, orientés, éduqués, armés par la Minustah et les ambassades des pays impérialistes dont ils reçoivent les ordres en gros et en détails ; même si, on l’a su de ses propres paroles, la Minustah et son extension, la PNH, sont les principaux back-up de l’exécutif dans le projet d’expropriation du peuple et d’exploitation à outrance de la main d’œuvre « à meilleur marché », projet si prôné par nos « éditorialistes du marché » (et, de ce fait, de l’exploitation) ; PNH où les relents de la sinistre et traître Garde d’Haïti de 1934 sont encore palpables ; ou encore ceux des assauts répétés du corps des Léopards, aveugles et agressifs, contre les ouvriers de la sous-traitance (déjà !) revendicatifs durant toute l’ère macabre de Jean-Claude Duvalier, aux ordres des bourgeois de ce secteur, commanditaires permanents de la répression…

Pourtant, on ne s’attendait pas à une attitude si grotesque. Même si, on l’aura compris, la lutte autour du salaire minimum est celle la plus mobilisatrice de la part des archaïques classes dominantes haïtiennes et leur État réactionnaire, compte tenu de l’intérêt qui y portent les transnationales impérialistes et leurs délégués politiques pour leur projet « sous-traitance, agro-industrie et tourisme » au plus bas prix de main d’œuvre, dûment appauvrie pour les besoins de la cause.

Mais, malgré tout, on ne s’attendait pas à une échappée aussi obscène. En effet, devant une centaine de manifestants aux mains nues, il y avait une bonne cinquantaine de policiers, armés jusqu’aux dents, répartis sur tout le Champs de Mars, appuyés par des tanks à l’arrière et autre machine à eau chimique.

Certains affirment que ces soldats et responsables de terrain « ont peur » ! Non pas de ces manifestants aux mains nues, quelque peu bruyants mais bien loin de représenter une véritable menace. Plutôt du fait de « ne surtout pas laisser croire à l’exécutif et son patron de la dite ‘communauté internationale’ qu’ils aient toléré une quelconque opposition ». Sinon… ! Ce qui justifierait leur comportement pour le moins disproportionné et par ailleurs à l’occasion insensé. D’autres croient qu’ils « s’entraînent ». Et que cette peur anticiperait un soulèvement populaire possible : le jour de la menace ! D’où, également, le maintien sine die (« le temps qu’il faudra » avait affirmé Collin Powell) de la Minustah.

Mais pourquoi aller jusqu’au traquenard ? Ne refusant pas le parcours et sa destination mais l’empêchant au final. Quel type d’hommes fabrique la police « nationale » spécialisée ? Qui s’abaissent à tendre des pièges à la population revendicative d’un salaire de misère, dans le cadre d’un projet impérialiste aussi cynique que ‘répugnant’ ?  Un de ces jours, les « chantres de l’exploitation triomphante » nous informeront plus précisément sans doute, eux qui sont si proches des avenues publicitaires d’agitation-propagande de ce pouvoir de classe.