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Large manifestation à Bayonne pour les prisonniers basques
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Quelque cinq mille personnes (selon les organisateurs), venues de toutes les provinces du Pays basque, ont parcouru pacifiquement les rues de Bayonne samedi 14 juin en fin d'après-midi. Trois mots d'ordre étaient avancés : « droits de l'homme, résolution (du conflit basque) et paix (au Pays basque) ».
Avaient appelé à cette manifestation la quasi-totalité des partis politiques (de la droite à la gauche en passant par les nationalistes), de nombreuses associations actives à Bayonne et dans sa région, qu'elles soient sociales, culturelles ou de soutien aux prisonniers, tant en France qu'en Espagne. Mais également près de 300 élus locaux du Pays basque français.
Les maires de Bayonne (Jean-René Etchegaray, UDI), d'Anglet (Claude Olive,UMP), et de Biarritz (le centriste Michel Veunac) avaient exprimé leur soutien, tout comme l'ensemble des parlementaires locaux : les deux députées socialistes de la côte basque Colette Capdevielle et Sylviane Alaux, Jean Lassalle (député Modem) ainsi que les sénateurs Frédérique Espagnac (PS) et Jean-Jacques Lasserre (Modem).
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RAPPROCHEMENT FAMILIAL ET SOINS MÉDICAUX
La situation des prisonniers basques était au centre de cette mobilisation. Ils sont 103 en France et 365 en Espagne, essentiellement à cause de dossiers liés aux actions de l'organisation séparatiste armée ETA.
Les comités de soutien à ces personnes incarcérées mettent en avant deux revendications : comme le permettent les lois en France ainsi qu'en Espagne, que les prisonniers soient rapprochés de leurs familles (« lesquelles ne doivent passubir une double peine »), et que ceux d'entre eux qui sont gravement malades puissent bénéficier d'un régime permettant les soins approfondis à l'extérieur des établissements.
Par exemple pour Ibon Fernandez, dit Susper, incarcéré à Lannemezan (Hautes Pyrénées) et atteint de sclérose en plaque : sa requête de libération doit êtreexaminée par la justice le 20 juin.
« En tant qu'individu, je pense qu'il faut que soient respectés les droits de l'homme dans ces dossiers, affirme Claude Olive, le maire d'Anglet. Il n'est pas normal que les familles subissent un tel éloignement pour visiter les détenus. » En effet, nombre de prisonniers basques se trouvent dans des établissements dispersés dans tout l'Hexagone, et la situation est identique en Espagne.
« CETTE PAGE DOIT ÊTRE DÉFINITIVEMENT TOURNÉE »
Le 10 janvier 2011, ETA a annoncé un cessez-le-feu « permanent et général, internationalement vérifiable », et le 20 octobre suivant, un « arrêt définitif de la lutte armée ». Depuis, des médiateurs internationaux essaient de nouer des contacts, par exemple lors d'une « conférence de la paix » en plusieurs sessions à Saint-Sébastien (Espagne), où des personnalités comme Kofi Annan, Gerry Adams ou Pierre Joxe ont souhaité que s'engagent des négociations avec les Etats espagnol et français, notamment sur le sort des prisonniers.
Madrid réclame, avant toute autre chose, la dissolution d'ETA et la remise de sesarmes, ainsi qu'une prise en compte des victimes du conflit, tandis que Pariss'estime non concerné par un « dossier interne à l'Espagne ».
Pourtant, le 21 octobre 2013, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'Espagne pour avoir prolongé la détention de militants d'ETA au nom de la « doctrine Parot », qui permet de les conserver en prison sans prendre en compte les normes habituelles de remises de peines. Ce qui a obligé les autorités de Madrid à libérer Inès del Rio Prada, dont le dossier avait été porté devant cette instance, puis une soixantaine d'autres détenus.
Outre le sort des prisonniers, les manifestants de Bayonne samedi ont également réclamé un « processus de résolution du conflit basque ». « Nous avons soif de paix, nous avons soif de progrès, a ainsi affirmé en début du cortège Michel Veunac, le maire de Biarritz. Il faut absolument que les Etats le comprennent. Il ne faut pas que les Etats soient les derniers à comprendre que cette page doit êtredéfinitivement tournée. »
Dans la foulée, le collectif organisateur du rassemblement qui vient d'avoir lieu à Bayonne, « Bake bidea » (le chemin de la paix), envisage maintenant une manifestation à Paris : « Nous voulons ouvrir le dialogue avec le reste du pays ».