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Mélenchon aux abonnés absents
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Alors que des premiers signes de convergence à gauche pointent timidement leurs nez, le Front de gauche semble, quant à lui, être emporté dans un tourbillon de querelles entre ses deux principales forces, le Parti communiste et le Parti de gauche. On savait, depuis la claque des municipales et des européennes, que le torchon brûlait entre les deux formations. Mais les désaccords semblent bien plus profonds, au point que leurs deux leaders, Laurent et Mélenchon, ne semblent plus réussir à se parler.
«Cette proposition est tellement déséquilibrée qu’elle constitue une négation du Front de gauche », écrivait Eric Coquerel, le secrétaire national du PG aux relations unitaires, dans une lettre ouverte à ses camarades du PCF à deux mois de l’élection européenne. En cause, la proposition des communistes sur la répartition des têtes de listes entre les composantes du Front de gauche. Finalement, un compromis sera trouvé quelques jours plus tard. Mais cet énième épisode de la telenovela Moins belle la vie tendance PCF-PG traduisait une aggravation des tensions entre les deux formations qui ne semble pas être retombée.
Car depuis la fin de cette séquence désastreuse pour la gauche (comme pour la droite d'ailleurs), les mésententes au sein de la coalition sont loin d’être réglées. D’un côté, certaines personnalités du PCF qui critiquent de plus en plus la « stratégie » médiatique d’un Jean-Luc Mélenchon « trop outrancier » et d’une « hyperpersonnalisation de la politique qu’il porte » et de l’autre, un Parti de gauche qui n’arrive toujours pas à digérer les alliances des municipales entre des listes socialistes et communistes dés le premier tour. Au lendemain des élections, on l’avait remarqué, le torchon brûlait. Un mois après, le feu n’est toujours pas éteint.
Mardi 17 juin au matin, au siège du Parti communiste Français, place du Colonel Fabien, une conférence de presse est organisée par Pierre Laurent, le secrétaire nationale du PCF, pour parler dynamique du Front de gauche. Après avoir fait le constat de la nécessité de relancer la machine et décrit les moyens pour y parvenir, une journaliste lui demande si Jean-Luc Mélenchon était présent à la réunion de la veille, portant justement cette thématique. Réponse d’un Pierre Laurent, laconique : « Non ». Un ange passe. L’ancien candidat à la présidentielle n’était d'ailleurs pas plus présent à la première réunion.
Alors que les communistes multiplient rencontres et initiatives avec les autres forces de gauche, Il semblerait que le co-Président du Parti de gauche ait décidé de les « bouder », quand il ne leur met pas carrément des bâtons dans les roues.
LA POLITIQUE DE LA CHAISE VIDE
Début mai, alors que des discussions commencent à s’engager entre les parlementaires socialistes frondeurs et députés Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, sur i-Télé, lance un pavé dans la mare en pressant « ses camarades, ses amis », de « s’autonomiser » : « Quitter le PS, c’est leur affaire, mais qu’ils s’autonomisent, qu’ils forment un groupe ». Il n’en fallait pas plus pour effrayer nos jeunes « frondeurs ». « Ceux qui nous ont élus ne nous disent pas de sortir du PS ou de quitter le groupe. (...) N'en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, ce n'est pas le choix que nous avons fait », répondait dans la journée, Christian Paul, député socialiste de la Nièvre et animateur du mouvement.
Samedi 7 juin, Le club des « Socialistes affligés », nouveau club de gauche des « revenus » du hollandisme régnant, fondé par l’ex-député européen PS Liêm Hoang Ngoc et l'ancien NPA Philippe Manière, se réunit pour la première fois. Au programme, une table ronde intitulée « À la recherche d’une issue politique », rassemblant des têtes d’affiche de gauche. Pascal Durand et Eva Joly pour les écolos, Gérard Filoche pour l’aile gauche du PS et pour le Front de gauche, Pierre Laurent, Clémentine Autain de la Formation Ensemble et… Eric Coquerel pour le PG. L’eurodéputé devait venir mais a été remplacé au pied levé. Raison : « Jean-Luc Mélenchon est parti quelques jours au vert pour écrire », expliquait son entourage.
Rebelote, samedi dernier, à l’occasion d’une réunion publique initiée par le courant du PS « Un monde d’avance » (ex-courant du ministre Benoît Hamon) qui invitait plusieurs responsables à réfléchir à la manière de construire un « rassemblement de gauche ». Alors que le secrétaire national du PCF s’était déplacé, lui permettant de rencontrer des socialistes frondeurs comme Laurent Baumel ou Jean-Marc Germain, Jean-Luc Mélenchon brillait encore un fois par son absence.
Serait-il si remonté contre son homologue communiste qu’il ne souhaite plus apparaître en sa présence ? Ce qui est sûr, c’est que les prochaines élections sénatoriales ne devraient pas permettre de faciliter le rapprochement entre les deux hommes puisque les communistes devraient s’allier aux socialistes pour conserver leurs sièges au Sénat. De quoi fâcher un Mélenchon qui prône une stratégie « d’autonomie totale » du Front de gauche vis-à-vis du PS. Quitte à ce qu’elle s’apparente à une forme de « bunkerisation ». Mais en cette période charnière où la gauche doit absolument retrouver un nouveau souffle, au risque de laisser un large boulevard au Front national sur les questions sociales, Mélenchon peut-il vraiment se permettre de rejouer le coup de la politique de la chaise vide ?