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Mélenchon veut prendre du recul

Lien publiée le 22 juillet 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://gauche.blog.lemonde.fr/2014/07/22/melenchon-je-ne-peux-plus-continuer-comme-ca/

Jean-Luc Mélenchon sort de son silence. Depuis le soir des européennes, le 25 mai, où il était apparu très affecté, l'ex-candidat à la présidentielle s'était fait discret. Mercredi 22 juillet, en plein coeur de l'été, il se confie dans un long entretien publié sur le site d'informations Hexagones (accès payant). Tout juste réélu, le député européen et coprésident du Parti de gauche y apparaît d'humeur sombre, tire à boulets rouges sur son allié communiste et explique qu'il n'entend plus jouer le même rôle au sein de son parti et du Front de gauche.

« A un moment, il faut s'arrêter de courir. Parce que si on court tout le temps, on va finir par se mettre dans le vide. Et là, j'ai besoin de dormir, de ne rien faire, de bayer aux corneilles », explique-t-il. Des mots rares dans sa bouche qui pourraient résonner comme un aveu d'impuissance. « J'ai besoin de temps, je ne peux plus continuer comme ça », poursuit-il en souhaitant que « le niveau de pression sur [lui]baisse ». Le fondateur du Parti de gauche ajoute que la relève au sein de son parti est prête et qu'il n'entend pas jouer « tous les rôles »« J'ai fait mon temps à organiser la vie d'un parti », précise l'ancien socialiste qui se garde cependant d'évoquer sur la crise interne que traverse actuellement le parti qu'il a fondé en 2008.

« Echec »

Son constat sur le Front de gauche est lui aussi sans appel : « Nous sommes en échec. » Il explique ainsi que « la force » que représentait son résultat à la présidentielle - 11,10 % - a été « étouffée par le poids du retour aux vieilles traditions partiaires, aux arrangements, aux accords électoraux »« Tout ça a été planté pour une poignée de postes aux municipales », critique-t-il. Le principal responsable ? Le PCF, qui a choisi de s'allier au premier tour avec le PS dans certaines villes quand lui et les siens prônaient l'autonomie. Une stratégie qui a selon lui « complètement décrédibilisé » le Front de gauche.

Sans pour autant appeler clairement à sortir de la coalition, il souhaite « tout changer en profondeur » et ne se prive pas pour critiquer les « deux lignes » qui y coexistent« depuis le début »« Celle qui est portée par la direction du Parti communiste, qui est plus institutionnelle, plus traditionnelle, où on continue à penser que la gauche est une réalité partiaire, organisée et qu’on peut rectifier le tir du Parti socialiste. Et puis, il y a une autre qui pense que ça, c’est un monde qui est quasiment clos, qu’il faut construire et qu’on le fera progressivement à condition d’être autonome. »

« Talent »

Une « ambiguïté » qui fait, selon lui, le jeu du FN. « On ne doit pas faire d’alliance avec des gens qu’on combat, juge-t-il. Et aussi longtemps qu’on fera ça, les gens, qui se disent qu’ils en ont ras-le-bol, se diront qu’on est comme les autres. » Et de citer les européennes où 4 des 6 millions d'électeurs de Marine Le Pen à la présidentielle ont voté pour les listes du FN quand le Front de gauche a « piteusement » rassemblé 1,5 million sur les 4 millions de 2012.

« On doit se demander pourquoi on fait des campagnes aussi mauvaises, aussi lamentables, aussi tardives », assène-t-il. Au passage, il reconnaît du « talent » à la dirigeante du Front national qui a, selon lui, une « chance » d'y arriver en 2017. Pourquoi ? « Parce que la société est en train de se diriger vers le point "qu’ils s’en aillent tous". Et quand le point "qu’ils s’en aillent tous" est atteint, tout saute en même temps », prévient-il. Pas un mot, en revanche, sur le rôle qu'il entend jouer lors de la prochaine présidentielle.