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Ukraine: "Arrêt sur images" sur la propagande occidentale

international Ukraine

Lien publiée le 29 juillet 2014

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Arrêt sur images) 

Les journalistes tombent toujours dans la propagande de Kiev, mais jamais dans celle de Moscou” estime Olivier Berruyer, actuaire-blogueur, récemment reconverti dans la traque des manipulations anti-russes, et invité plusieurs fois sur notre plateau. De fait, après le crash du vol MH17 en Ukraine, de nombreux medias français ou anglo-saxons ont désigné Poutine comme responsable. Sans se prononcer sur le fond, Berruyer pointe, sur plusieurs épisodes précis du suivi de l'affaire, le tropisme anti-russe dans les médias français.

Libé Poutine Accusé


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Depuis le crash du vol MH17, Poutine n'a pas très bonne presse, dans les médias français ou internationaux


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Berruyer

Les médias français sont-ils pro-ukrainiens ? C'est la thèse de Berruyer, qui s'en explique ainsi sur son blog : “Ce qui m’aura vraiment frappé dans cette histoire [...] c’est la capacité des médias à sauter sur n’importe quelle information allant dans leur sens, la répéter en boucle comme si c’était parole d’évangile [...] de laisser de coté ou de mépriser ce qui pourrait affaiblir cette information, et d’à peine évoquer son caractère faux quand il est révélé”. Olivier Berruyer n’est pas satisfait du traitement médiatique de l’affaire du crash MH17, Boeing affrété par la compagnie aérienne Malaysia Airlines en provenance d’Amsterdam et à destination de Kuala Lumpur, qui s’est écrasé dans l’Est de l’Ukraine, tuant dans sa chute 283 passages et 15 membres d’équipage, et, sans se prononcer sur la responsabilité du tir de missile vraisemblablement à l'origine du crash, il aligne, sur son blog, quelques éléments tendant à démontrer que les médias privilégient souvent la version de Kiev et ignorent celle de Moscou.

LES CORPS DES VICTIMES, INSTRUMENT MÉDIATIQUE

Les corps des victimes, par exemple, ont-ils été mystérieusement soustraits par les séparatistes ou seulement récupérés pour être identifiés ? Berruyer pointe plusieurs médias ayant privilégié la première piste plutôt que la seconde. Le Parisien, par exemple, cite un porte-parole militaire, qui affirme que les autorités de Kiev “savaient où se trouvaient 39 corps, transportés dans un hôpital régional mais ignoraient où étaient les autres”. Libérationde son côté, relaie l’information selon laquelle les séparatistes pro-russes se seraient “précipités pour enlever les corps des victimes du crash”, ajoutant : “Sur les lieux du drame gardés par les rebelles armés qui en empêchent l’accès depuis trois jours, les corps ont disparu ce dimanche matin”.

Pour Berruyer, les médias n’ont pas suffisamment mis en avant les déclarations de Peter Van Vilet, chef d’une équipe néerlandaise composée d'experts en identification des corps, qui a déclaré à Reuters que “le stockage des corps était de bonne qualité”. Le titre de la dépêche en question ne fait d'ailleurs aucun doute : “L’expert néerlandais dit que l’équipe de récupération des corps a fait un sacré boulot”. “Je suis très impressionné par le travail qui a été accompli”, ajoute-t-il même après avoir examiné les wagons frigorifiques dans lesquels les corps ont été rassemblés. Comme le note Berruyer par ailleurs, LeMonde.fr daté du 21 juillet l'évoque, dans un petit paragraphe. Lexpress.fr et le site du Nouvel Observateur, aussi mentionnent ses déclaration sans toutefois trop les mettre en avant.

libé MH17

LES MÉDIAS FRANÇAIS BOUDERAIENT-ILS RIA NOVOSTI (AGENCE DE PRESSE RUSSE) 

express MH17 Une information de l'agence occidentale Reuters sera toujours davantage reprise qu'une info de son homologue russe Novosti, remarque-t-il par ailleurs. Exemple : l’information, reprise parLeMonde.frLeFigaro.fr (avec Reuters) et le site du Nouvel Observateur, selon laquelle un chef séparatiste aurait reconnu que les rebelles possédaient bien des missiles Buk, ces missiles sol-air à l’origine du crash de l’avion. “Je savais qu’un Buk était venu de Louhansk. On m’avait alors dit que ce Buk était envoyé par la République populaire de Louhansk. J’étais au courant de la présence de cette batterie de Buk. On m’en avait parlé. Je pense qu’elle a ensuite été renvoyée là d’où elle venait [...] afin d’effacer les preuves de sa présence”, aurait ainsi déclaré à Reuters Alexandre Khodakovski, chef du bataillon Vostok qui combat les troupes de Kiev. Berruyer leur oppose ce démenti, publié par le site Ria Novosti, l’une des plus importantes agence de presse en Russie. Le chef du bataillon Vostok dément avoir reconnu dans une interview à l’agence Reuters que les insurgés ukrainiens possédaient des missiles Buk.

Difficile, sur ce point-là, de donner tort à Berruyer. Si la première information a été largement reprise dans la presse, le démenti de Khodakovski n’apparaît nulle part, sinon sur deux sites : Le Courrier de Russie et La Voix de la Russie.

L'AFFAIRE DU "DOUDOU"

En "bonus", mais en se fondant davantage cette fois sur les réactions des internautes, Berruyer lève le voile sur l’affaire du “doudou”, ou comment des rebelles qui pleurent les victimes du vol MH17 sont devenus des pilleurs brandissant un trophée.

Vidéo à l’appui, Berruyer montre comment une photo, - utilisée par le site du Nouvel Observateur pour illustrer son papier sur les missiles Buk - a été dénaturée sur Twitter et sur le site de la NBC. La photo a été prise lors d’une visite de 30 observateurs internationaux de l’OSCE. Mais lorsque l'on visionne la vidéo dont elle est extraite, il apparait clairement que l’un des membres des troupes d’auto-défense brandit le doudou pour signaler la présence d’enfants innocents à bord de l’avion, et non pas comme un trophée de guerre. Il replace ensuite le doudou au milieu des gravats et se signe en hommage aux victimes de la catastrophe.

La video du doudou...


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...et la capture écran

La vérité a donc bien été déformée mais uniquement par quelques utilisateurs lambdas sur Twitter et le site de la chaîne américaine NBC (voir ci-contre). Contrairement aux autres points développés, les médias n’ont donc pas repris, en nombre, cette information. Aucun média français, d’ailleurs, n’a écrit une seule ligne à ce sujet.

AUX ETATS-UNIS AUSSI

De l’autre côté de l’Atlantique, on critique aussi. Robert Parry, journaliste d’investigation reconnu aux Etats-Unis, qui a sorti l’affaire Iran-Contra (affaire de vente d'armes illégale à l’Iran pour financer secrètement un mouvement contre-révolutionnaire nicaraguyen) s'est aussi penché sur la question et estime, dans un papier publié sur son site, Consortiumnews.com, que les Etats-Unis (et tous les organes de presse du pays) ont émis, une nouvelle fois, des jugements hâtifs. "Dans les deux cas, plutôt que de laisser une délégation d’experts indépendants enquêter, le très agressif département d’État du président Obama et les principaux médias américains ont simplement décidé de désigner leurs opposants dans ces deux crises – Bachar el-Assad en Syrie et le président russe Vladimir Poutine en Ukraine – comme les coupables [...] la guerre de l’information leur importe davantage que d’informer de façon responsable le peuple américain”, estime-t-il. Dans la seconde partie de son papier, Parry développe : “Nous avons vu ce phénomène en 2002-03, lorsque la quasi-totalité du corps de presse de Washington grimpa à bord du train de propagande du président George W. Bush dans sa guerre contre l’Irak. Ce schéma s’est en partie répété l’été dernier quand on s’est précipité pour porter un jugement dans l’affaire de l’attaque au gaz sarin dans la banlieue de Damas, en Syrie, le 21 août”. Alors que les preuves étaient incertaines (et le demeurent), il y avait selon Parry, une forte tendance à supposer que le gouvernement Assad était derrière l’attaque. “Tout en accusant l’armée syrienne, la presse américaine a ignoré la possibilité que l’attaque puisse avoir été une provocation perpétrée par les rebelles djihadistes radicaux qui espéraient que la puissance aérienne des États-Unis pourrait changer le cours de la guerre en leur faveur”.

(avec Adèle Bellot, et Garance Bousquin)