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Nous, gilets jaunes à Commercy le 17 novembre

Par Claude Kaiser (19 novembre 2018)
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Témoignage de notre camarade Claude publié sur son compte Facebook.

Ici le tract qui a été massivement diffusé sur les barrages de Commercy : 

https://tendanceclaire.org/contenu/autre/17%20Novembre%202018%20de%20COMMERCY%202.pdf

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https://www.facebook.com/claude.kaiser.79/posts/2487796731246718

Quand on habite tout près d'une petite bourgade de 5000 habitants, quand on y fait ses courses, qu'on y va chez le toubib ou qu'on y prend le train, on a l'impression de connaître tout le monde.

En fait on connaît personne.

Je veux dire on ne connaît personne vraiment bien. On ne sait pas leur vie, leur travail, leur souffrance. On ne sait pas leur colère

Ce 17 novembre en gilet jaune me l'a prouvé. Les dizaines de discussions que j'ai pu avoir, facilitées par la surprise de retrouver là des visages connus, ont été autant de bonnes surprises. Et de liens tissés.

On m'avait dit qu'il y aurait des patrons qui en avaient rien à foutre de nous, je n'en ai pas vu.

On m'avait dit qu'il y aurait des racistes, je n'en ai pas vu ou si peu.

Je n'ai vu quasiment que des petites gens qui en chient, qui payent cher pour aller bosser, ou d'autres qui touchent des minimas sociaux parce qu'ils sont malades ou tout simplement parce qu'ils trouvent complètement con d'aller bosser pour 1000€ avec 300€ de transports par mois.

Alors oui bien sûr quand on en chie, on a tendance à s'en prendre aux "cas soc" qui branlent rien. Mais on sait bien qu'au fond, c'est pas eux le problème. Je n'ai pas arrêté de répéter ces deux chiffres toute la journée : fraude au RSA = 100 millions par an. Fraude fiscale des gros bonnets = 100 MILLIARDS par an, mille fois plus! (sans compter les 200 milliards de cadeaux fiscaux et sociaux qui leur sont faits). Alors qui sont les parasites ? A qui va le pognon qu'on devrait se partager ?

La réponse est claire et à chaque assemblée générale de ce week end, les intervenants le répètent: tout va dans la poche des capitalistes ! Quant à l'écologie ! Quelle arnaque ! Les gros pollueurs ne seront même pas touchés. On nous prend vraiment pour des truffes.

Des discussions là-dessus, on en a eu ! Et pas qu'un peu ! Autour des braseros où grillait la bouffe et autour des quelques bonnes boutanches apportées par des potes.

Et ça a commencé de bonne heure . Le matin dès 6h30: déjà 250 personnes chaudes bouillantes qui se répartissent les points de blocage , tous les supermarchés, les 2 stations services et les entrées de la ville.

Pour beaucoup, c'est leur première manif. Deux dames viennent me voir : "dis on te connaît toi ; Tu te bats contre Bure non ? C'est notre première manif on est contente d'être là mais on a quand même un peu les jetons, comment ça se passe si ya de la bagarre ?"

Je les rassure : quand y a de la bagarre dans une manif, on n'est jamais obligé d'y participer, on reste en retrait et ça se passe bien; surtout quand y a du monde comme aujourd'hui.

Et du monde il y en a eu : sur la journée c'est impossible à estimer combien on était, plus de 500 personnes ça c'est sûr, certains disent mille je ne sais pas. En tout cas c'est incroyable pour une petite ville comme la nôtre.

Des ouvriers, des routiers, des retraités, des chômeurs, des jeunes..

Et même une quinzaine de paysans en tracteur qui viennent nous prêter main forte sous les hourras et les klaxons. Beaucoup de bonheur !

Sur mon point de blocage, je me retrouve avec une trentaine de personnes. Très peu de bagnoles, en fait toute la Meuse est tellement bloquée qu'on n'a pas beaucoup de taf ! Celles et ceux qu'on arrête sont le plus souvent sympas, ont le gilet jaune sur le tableau de bord, et cherchent à aller bosser. On les en empêche et on se laisse photographier pour qu'ils puissent prouver à leur patron qu'ils ont été bloqués. On leur propose le jus. Et ils repartent avec notre tract.

Certains décident carrément de nous rejoindre et passent une heure ou deux à discuter.

Plus la journée avance, mieux on se connaît et plus les vannes fusent; des conneries ça on en raconte! mais on est sérieux quand même, déterminés, et on fait gaffe à calmer les excités en leur indiquant des itinéraires lointains mais dégagés.

Ici ça se passe bien mais on entend dire qu'il y a eu une morte et des blessé-es ailleurs en France. Les visages se crispent. On peut rien y faire, ya des cons partout même dans notre mouvement; les salopards du gouvernement vont certainement en profiter pour essayer de nous discréditer; On s'en fout, on lâchera rien! Tout le monde est super déterminé,

Oui mais la suite ? qu'est-ce qu'on va faire si ça s'arrête, si les fumiers d'en face nous la mette à l'envers une fois de plus?

On veut pas y penser il faut tenir ! C'est ce que tout le monde dit

Les blocages doivent continuer même si on est moins nombreux parce que c'est dur , parcequ'on peut pas tous faire grève ou parce que plein de choses de la vie nous en empêchent. Maintenant, il va falloir être intelligents, se relayer. Et déjà tenir jusqu'à vendredi (le black friday) et samedi et au-delà s'il le faut.

Mais ici à Commercy, on voit encore plus loin. On se dit que quoi qu'il arrive, il va falloir conserver ces liens qu'on a tissés et maintenir en vie cette solidarité. On se dit qu'il y a des trucs qu'on pourra faire en commun, qu'ils ne pourront pas nous en empêcher de faire.

C'est dans notre tract.

On propose carrément une réunion à toute la population le 7 décembre prochain pour jeter les bases de l'assemblée populaire et du municipalisme libertaire. C'est à dire ?

Ben voilà : même si on gagne pas sur le plan national, il y a une chose qu'on aura comprise, c'est que dans ce système, 'on ne nous laisse décider de rien ! On vote et puis après ils font leur petite sauce au service des puissants et on a juste à fermer nos gueules.

Avec l'assemblée populaire en local eh bien c'est les gens qui choisissent ce qu'ils pensent être bon pour leur cadre de vie, pour leur ville.

Ca nous apprend à réfléchir ensemble , à reprendre nos affaires en main

Comment faire pour mettre ça en place. On en discutera le 7. et il va y avoir du monde ça c'est certain !

Mais d'ici là courage à toutes et à tous !

Et bravo !!

On a montré qu'on était capable de s'organiser sans maîtres, sans hiérarchie ; et on a montré qu'on pouvait leur faire peur. Et quelque chose me dit que là-haut, ils n'ont pas fini de trembler...

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