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Palestine : la colonisation sioniste se poursuit avec la complicité des impérialistes, dont la France
L’annonce par Israël de la construction de 1600 logements pour les colons juifs à Jérusalem-Est, en pleine visite officielle du vice-président américain, a donné lieu à la mise en scène d’une joute diplomatique entre l’adminis-tration Obama et le gouvernement Netanyahou. La portée de ces désaccords ne doit pas être exagérée : au-delà des questions de rythme et de formes, les États-Unis continuent de se revendiquer comme l’allié indéfectible de l’État israélien. Le but est le même : préserver à tout prix l’existence de l’État sioniste, au mépris des droits nationaux des Palestiniens. La stratégie est aussi essentiellement la même : persévérer dans le cadre du « processus de paix » fixé par les accords d’Oslo (1993).
Celui-ci me-nace pourtant sans cesse de s’écrouler, sous les coups des pro-vocations isra-éliennes ou de la résistance du peuple palesti-nien qui n’accepte décidément pas de voir ses droits nationaux ba-foués. Mais les dirigeants impérialistes dans leur ensemble, qu’ils soient israéliens, américains, français ou autres, ne voient pas d’autres perspectives conformes à leurs intérêts : réaffirmer l’existence d’un État juif pro-impérialiste en Palestine, et confier des confettis de territoires à « l’Autorité Palestinienne », sous-État à la botte chargé de maintenir l’ordre parmi les Palestiniens. En télescopant la réaffirmation de son objectif de colonisation de la partie arabe de Jérusalem avec une visite officielle américaine, Netanyahou semble faire cautionner sa politique par le gouvernement états-unien. Ce n’est certes pas contraire à la réalité, mais cela ruine les tentatives d’Obama d’apparaître comme un interlocuteur neutre dans le « règlement du conflit israélo-palestinien ».
Plus généralement, l’en-semble des provocations de ce gouvernement israélien d’extrême droite met à mal le projet de la prétendue « communauté internationale », en empêchant le pourtant docile Fatah de Mahmoud Abbas de signer un accord sans voir disparaître les dernières onces de légitimité nécessaires à son rôle de maintien de l’ordre.
Quoique particulièrement provocateur, ce gouvernement Netanyahou continue de bénéficier du soutien pays impérialistes, dont la France évidemment. Ainsi la ministre de la justice Alliot-Marie joue-t-elle les chiens de garde des intérêts israéliens en France. Contre les militants qui mènent des actions de boycott contre les produits importés d’Israël (voir ci-dessous), elle intime la répression au titre de l’antisémitisme, faisant croire men-songèrement qu’il s’agirait de destru-ction de produits kasher. Cet aligne-ment sur les intérêts israéliens, et donc sur ceux généraux de l’impérialisme, est partagé par tous ceux qui gèrent le capitalisme, que ce soit avec l’étiquette de droite ou celle de gauche. Au conseil régional de PACA, fraîchement élu, se trouve dans la grande union rassemblant PS, Europe Écologie et Front de Gauche, un des responsables de l’ABSI, l’Association pour le Bien-être des Soldats Israéliens – en d’autres termes un ardent défenseur de l’armée criminelle israélienne. La même majorité, à la Mairie de Paris, a inauguré début avril une « promenade Ben Gourion », en l’honneur du fondateur de l’État d’Israël, qui assumait dès le départ que le projet sioniste impliquait de chasser les Palestiniens de leurs terres.
L’oppression ordinaire des Palestiniens à Jérusalem
La « provocation » du gouvernement Netanyahou permet de mettre en lumière une autre facette de l’oppression des Palestiniens qui, sans le caractère ouvertement meurtrier et révoltant des attaques sur la bande de Gaza ou de la construction du mur de la honte, peut être menée en toute tranquillité par le gouvernement israélien, avec le silence complice de ses alliés impérialistes.
Bien qu’elle ait été décrétée gelée en novembre 2009, la colonisation se pour-suit en Cisjordanie, avec plus de 3600 logements en cours de construction pour les colons. Dès 1967, les zones de Jérusalem-Est autorisées à la construction pour les Palestiniens étaient bien plus petites que celles des colons (13% contre 35%). Ainsi 200 000 colons vivent-ils aujourd’hui à Jérusalem-Est. Les Palestiniens, à qui il n’est pas délivré de permis de construire, sont obligés de vivre dans des habitations illégalement : une centaine de ces habitations a été détruite en 2009 aux frais des familles et 60 000 Palestiniens vivent à Jérusalem dans la crainte de telles expulsions.
La situation administrative des habitants arabes de Jérusalem est aussi marquée par la précarité. Ils sont titulaires d’une carte de résident, leur permettant de voter aux élections municipales et de travailler en Israël, mais se voir renouveler cette carte est une épreuve : plus de 4500 Palestiniens se sont vu priver de ces droits en 2008 .
Cette escalade dans l’offensive colonialiste de la part de l’État israélien s’accompagne d’un regain dans la lutte des Palestiniens. Les manifestations se multiplient tous les vendredi à Jérusalem et en Cisjordanie contre la judaïsation de Jéru-salem, les expulsions, les destru-ctions de maisons, la spoliation des terres et la construction du mur. Le gouvernement sioniste fait le choix de la répression, déclarant ainsi « zones militaires fermées » les villages de Bi’lin et Ni’lin le vendredi. Le Hamas a lancé un appel depuis Gaza à une troisième Intifada. On ne peut pas prévoir aujourd’hui si elle aura lieu, mais de plus en plus de Palestiniens se disent favorables à la violence contre l’accélération de la colonisation.
Solidarité et initiatives de classe
Même si nous ne nous privons pas de critiquer l’idéologie et la politique réactionnaires du Hamas, dirigeant de fait de la résistance palestinienne après la trahison du Fatah corrompu et englué dans le « processus de paix » d’Oslo, nous soutenons la résistance du peuple palestinien contre l’oppression colonialiste et raciste de l’État d’Israël, y compris la résistance armée contre les forces d’occupation. Nous refusons en particulier de renvoyer dos-à-dos la violence des deux camps, celle – criminelle – des oppresseurs et celle – légitime – de ceux qui y résistent : une telle abstraction pacifiste revient à s’accommoder du statu quo, de la négation des droits du peuple palestinien. C’est en ce sens que, dans les pays impérialistes, la classe ouvrière et ses organisations se doivent, par les manifestations et les rassemble-ments, d’exprimer leur solidarité au peuple palestinien en lutte.
À côté de cette expression de solidarité internationaliste a été lancée la campagne BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions), à laquelle participe le NPA, pour donner un contenu plus concret à cette solidarité, en touchant directement les intérêts écono-miques de l’État israélien. Cette cam-pagne, initiée en 2007 par un front d’organisations pales-tiniennes et long-temps passés sous silence en France, s’inspire de l’exemple de l’Afrique du Sud, où l’isolement du régime de l’apartheid par rapport au marché mondial avait contribué à le faire céder — même si la principale raison de son effondrement fut la mobilisation obstinée des Noirs pour leurs droits civiques et sociaux . Pour autant, la campagne BDS n’est pas dépourvue d’ambiguïtés : si l’appel au boycott des produits israéliens permet une première sensibilisation des consom-mateurs, qui sont pour la plupart des travailleurs, les slogans de désinvestissement et de sanctions en appellent néces-sairement aux capitalistes qui investissent en Israël, ou à la mythique « com-munauté interna-tionale ». Leur demander d’être nos alliés contre l’État sioniste, c’est ne pas comprendre la communauté d’intérêts inextricables entre Israël et les autres pays impérialistes : il s’agit là du poste avancé de l’impérialisme au Proche-Orient, région décisive du point de vue économique comme géopolitique. C’est la marque des illusions que continuent à entretenir certains initiateurs de cette campagne envers une solution pour le peuple palestinien qui serait compatible avec les intérêts des impérialistes. Ainsi, bien loin de sanctions imposées par un arbitre international que serait l’ONU, les impérialistes continuent à apporter leur soutien concret à la politique criminelle de l’État d’Israël par l’exportation d’armes, la France se classant au deuxième rang après les États-Unis dans ce domaine.
La tâche des militants inter-nationalistes est de se battre dans la classe ouvrière, notamment dans les syndicats , pour dénoncer ces collusions de l’État français avec Israël et plus généralement pour combattre le sionisme, son idéologie raciste. C’est en effet sur cette base qu’il serait possible de mener une campagne de classe contre l’État d’Israël et de proposer des actions comme le refus de charger ou décharger des bateaux ou avions en direction ou en provenance d’Israël, à commencer par les armes françaises, le refus d’accords de coopération dans les universités, etc.
Pour les militants palestiniens, l’indépendance de classe est aussi la boussole qui permettra d’éviter les impasses menaçant leur lutte nationale. Le Fatah, transformé en couche de privilégiés qui vit des subsides versés à « l’Autorité Palestinienne » pour jouer les supplétifs de la police israélienne, comme le Hamas, parti religieux réactionnaire et foncièrement pro-capitaliste, ne permettent pas de tracer la route vers l’émancipation du peuple palestinien. La politique menée par le Fatah depuis les accords d’Oslo fait la démonstration éclatante du caractère totale-ment faux de la revendication de « deux États », que continuent pour-tant d’avancer des organisations se réclamant du communisme ré-volutionnaire : cela ne peut conduire à autre chose qu’à une situation de prisons à ciel ouvert observée aujourd’hui à Gaza et en Cisjordanie. Et la situation des Palestiniens vivant sur le territoire d’Israël permet de comprendre à quoi mène l’idéologie réaction-naire d’États « ethniquement purs », racistes par nature. La seule solution réaliste pour permettre la satisfaction des revendications nationales et sociales décisives, notamment le droit au retour des Palestiniens chassés de leurs terres, est celle d’un État unique sur tout le territoire historique de la Palestine, en lien avec les travailleurs israéliens rejetant le sionisme, nécessairement laïque et démocratique, et donc socialiste. Pour une description bien documentée de la vie des Palestiniens, voir http://juliensalingue.over-blog.com L’exemple de l’Afrique du Sud montre aussi que, même en ayant renversé ce régime raciste, une immense mobilisation des masses conduit à une alternative dans le cadre du système si elle est dirigée par des réformistes comme ce fut le cas avec l’ANC de Mandela, liée aux staliniens. De fait, si les Noirs ont acquis par leur combat exemplaire l’égalité en droit propre à la démocratie bourgeoise, la majorité d’entre eux restent les plus touchés par l’extrême pauvreté et le maintien d’un apartheid socio-économique de fait. Si une minorité noire a été intégrée dans la classe dirigeante ou dans la petite bourgeoisie, le combat pour que le pouvoir revienne à la majorité noire se poursuit en se confondant avec la lutte pour un gouvernement de la classe ouvrière et des masses opprimées. Où les directions mènent, comme dans les autres aspects de leur activité, une politique contraire aux intérêts de la lutte de classe internationale – voir par exemple les liens de la CGT française avec la Histadrout, le syndicat sioniste israélien.