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ARS Combat - Barrage Sivens : Préparons la risposte !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Barrage Sivens : Préparons la risposte !
Rémi Fraisse est mort dans la nuit du samedi 25 octobre. C'était un simple manifestant contre le projet de barrage de Sivens, dans le Tarn, un autre des grands projets inutiles et néfastes qui nous sont imposés. La radicalisation des mouvements d'opposition à ces projets de saccage de notre espace naturel, n'est qu'une réponse ô combien juste, à la multiplication d'une part de ces projets toujours plus absurdes du point de vue de leur utilité sociale et toujours plus destructeurs d'environnement, et d'autre part à l'approfondissement de la crise écologie que nous traversons. Nous saluons donc la mémoire du jeune homme, mort pour une cause juste, et non en vain.
Le projet de barrage de Sivens est critiqué dès ses débuts, fin des années 80. C'est d'abord le besoin des agriculteurs en eau qui est lui-même surestimé. Combien d'agriculteurs profiteraient de cette retenue d'eau ? 80 affirme le Conseil Général du Tarn à l'initiative du projet, 20 disent les opposants, 30 tranchent le comité d'experts réunis par l'actuelle ministre de l'Écologie. Donc un barrage pour... 30 exploitants ! Alors que le barrage permettrait une retenue d'eau de 1,5 million de m3, les besoins estimés en 2014 par ces mêmes experts ne seraient au mieux que du tiers ! D'autre type de retenue d'eau, comme les retenues collinaires qui ont un impact bien moins important sur l’écosystème pourraient amplement suffire à couvrir les besoins en eau des agriculteurs de la région en cas de sécheresse.
Deuxièmement, la zone du Testet est une zone humide, c’est-à-dire une zone de marais, de tourbière et de prairies humides. Ces zones ont une faune et une flore particulières, peuplées d'espèces protégées, et elles jouent un rôle essentiel dans l'équilibre écologique, entre autres par leur capacité de captation du CO2. En France, ces zones ont été dramatiquement détruites ces 50 dernières années. Ainsi entre 1960 et 1990, la France a perdu pas moins de 50 % de ses zones humides à cause de l'étalement urbain et de l'artificialisation des sols ! La préservation de ces zones est aujourd'hui une priorité écologique reconnue par l'ensemble des autorités concernées.
La construction du barrage de Sivens signifierait l'artificialisation de plus des 2 tiers de la zone humide du Testet, et menacerait la survie dans la zone de 94 espèces animales protégées. Le coût total du barrage ne s'élèverait pas à moins de 8,5 millions d'euros ! 8,5 millions d'euros, pour 30 exploitants qui n'en ont qu'à moitié besoin, en saccageant notre environnement, voilà à quoi se résume le projet de barrage à Sivens ! Depuis le lancement du projet en 1989 les critiques n'ont pas cessé. Le Conseil National de la Protection de la Nature a été saisie 2 fois, et par 2 fois a rendu un avis clairement défavorable. Une autorité écologique régionale, le CSRPN a fait de même en décembre 2012. Et malgré toutes ces mises en garde, les travaux commencent début septembre...
C'est dire l'inefficacité de notre « démocratie » ! Dans cette affaire comme dans bien d'autres le peuple, les habitants de la région, les organisations écologistes et ouvrières défendent, avec mille fois raison, l'évidence de l'inutilité de ce projet, de son caractère destructeur pour l'environnement et donc pour l'homme. Mais pourquoi tant d'autisme de la part des pouvoirs publics ? Mais pour de vils petits intérêts politico-économiques. Selon toute vraisemblance, Philippe Martin, ministre de l'Écologie succédant à Delphine Batho aurait autorisé les travaux car… il visait la présidence de la région Midi-Pyrénée ! Ce monsieur souhaitait simplement se mettre en bonne entente avec messieurs les élus de la région qui tiennent à la réalisation du projet. Mais demandons-nous alors pourquoi ces élus du département tiennent-ils autant à la réalisation d'un tel projet ? Le collectif « Tant qu’il y aura des bouilles » révèle sur son site une série de conflits d'intérêts comme il y en a tant dans les milieux de la haute fonction publique. Entre autres, le fait qu'André CABOT, élu PS au Conseil Générale du Tarn n'est autre… qu'un administrateur de la société CGAC maître d'ouvrage du projet du barrage Sivens ! Ou comment se mettre directement l'argent public dans la poche, sur le dos du contribuable et au passage en massacrant notre écosystème. Et là n'est qu'un aspect de la magouille qui entoure l'ensemble de ce projet.
Voilà à quelle hauteur de vue est rendue notre classe politique pourrie par l'ambition et le fric jusqu'à la racine ! Voilà quelle importance ont pour eux les enjeux écologiques et sociétaux ! C'est toute la chaîne moisie des décideurs d'état et de leurs petites ambitions personnelles qui conduit à la réalisation de projets aussi aberrants, néfastes et coûteux pour la collectivité ! Le contraste est saisissant entre Rémi, 21 ans et mort pour la cause, et ce ramassis de racailles dorées qui siègent à la tête des Conseils Généraux et autres autorités !
Il aura fallu un mort pour faire cesser (mais pour combien de temps ?) le grand saccage environnemental que représentait ce projet. Mais pour un tel projet stoppé, combien de projets similaires, petits et grands, aboutiront ? Combien de petites magouilles technocratiques s'effectueront tranquillement dans l'ombre médiatique ? Combien de morts faudra-t-il pour faire cesser chacun des projets mortifères de la machine à broyer l'environnement et l'homme qu'est le mode de production capitaliste ? C'est la prise de contrôle par le peuple-travailleur organisé des forces de production, c'est le renversement de cet état pourri de la cime aux racines et l'instauration d'une authentique démocratie directe et socialiste, où les comités d'habitants et de travailleurs exerceront directement le pouvoir et le contrôle sur leurs délégués, et seront libres de les révoquer. C'est une révolution qu'il faudra pour conjurer la mise à mort programmée de notre écosystème et balayer la pourriture qui trône aujourd'hui sur notre société.
Galois