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Panos Kammenos, l’encombrant allié d’Alexis Tsipras

Grèce international

Lien publiée le 26 janvier 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Le Monde) L’alliance entre la gauche radicale de la Syriza et la droite populiste des Grecs indépendants (ANEL) fait grincer des dents, en Europe comme en Grèce. Dans une logique pragmatique, Alexis Tsipras a choisi de s’allier avec Panos Kammenos, un homme politique qui a vigoureusement combattu les mesures d’austérité et la « troïka » (Fonds monétaire international, Commission européenne, Banque centrale européenne).

Le rapprochement entre les deux hommes a commencé en mai 2012, après des élections législatives qui n’avaient pas permis de dégager de majorité. Le président de la Syriza avait alors déjà indiqué qu’il était prêt à accepter le soutien ou le vote de tolérance d’ANEL. Un député de la Syriza, Dimitris Papadimoulis, avait vivement critiqué cette intervention : « Le passé et les opinions de Kammenos le placent à la droite de Nouvelle démocratie, rendant impossible une collaboration post-électorale. »

Deux ans et demi plus tard, cette collaboration semble possible, même si le débat reste vif à la Syriza entre les partisans du réalisme, qui considèrent que la priorité est la question économique, et ceux qui jugent cette alliance contre-nature.

Propos outranciers

Né en 1965, Panos Kammenos est une sorte d’archétype de l’homme politiquegrec, démagogue, populiste, parlant fort et ne reculant devant aucun propos outranciers. Le dernier en date est particulièrement embarrassant. En décembre,il a expliqué dans un entretien télévisé que « les bouddhistes, les juifs et les musulmans ne payaient pas d’impôts », contrairement à l’église orthodoxe, qui« risquait de perdre ses monastères ». Dans le même entretien, il dénonçait la crémation et le partenariat civil pour les homosexuels.

Panos Kammenos a fait l’essentiel de sa carrière politique dans les rangs de Nouvelle Démocratie. Ministre de la marine de 2006 à 2008, c’est lui qui a notamment négocié la concession du port du Pirée aux Chinois, en 2008. Cela ne l’empêche pas d’arborer des tee-shirts sur lesquels est écrit « la Grèce n’est pas à vendre ». Il est en faveur d’un rééquilibrage des relations de la Grèce : « Notre adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne ne nous empêche pas d’entretenir des relations politiques, économiques et culturelles étroites avec d’autres pays, en particulier avec ceux avec qui nous avons des liens historiques tels que la Russieet la Chine »expliquait-t-il en octobre 2014 en Allemagne. Il demande le « respect de la souveraineté des Etats membres de l’Union européenne ».

Il a quitté Nouvelle Démocratie en novembre 2011, quand son président, Antonis Samaras, a abandonné ses critiques du Mémorandum pour soutenir le gouvernement intérimaire de l’ancien vice-président de la BCE, Lucas Papadémos. Il fonde en février 2012 les Grecs indépendants, à Distomo, l’Oradour-sur-Glane grec, en expliquant que la Grèce « avait été victime d’un complot international ».

Objet de polémiques

Avec des discours agressifs contre la « troïka », il réussit à atteindre 10 % des suffrages, trois mois après la création de son parti, lors des législatives de mai 2012. Entre les deux élections, il est au centre d’une polémique. Le président de la République consulte les partis pour essayer de mettre en place un gouvernement d’unité nationale. Dans une lettre, M. Kammenos explique qu’il est prêt à participer à un tel gouvernement si son parti obtient le ministère de ladéfense. Il dément avoir écrit cette lettre et accuse de mensonges les services de la présidence, ce qui équivaut à un crime de lèse-majesté.

Les relations au sein du parti sont électriques. De nombreux membres ont claqué la porte ou ont été excommuniés. Il fait régulièrement l’objet de polémiques pour ses propos ou pour son train de vie. S’il promet d’attaquer la corruption et les paradis fiscaux, les révélations de la presse sur la possession d’un yacht familial supposé détenu par des sociétés offshore ou les travaux payés par les fonds européens dans la maison de sa belle-mère sur l’île d’Icare pour la transformer en résidence touristique ont défrayé la chronique. M. Kammenos a démenti toute irrégularité et poursuivi en justice ceux qui l’accusaient.

Il a reconnu et justifié l’embauche aux frais de l’Etat d’un de ses cousins pourtravailler au Parlement. « C’est un professeur d’université. Il travaille dans l’organisation de mon parti. Il travaille du matin au soir. Quel est le problème ? »Ultime détail : le cousin a exactement le même nom que lui : Panayotis Kammenos (Panos est un diminutif).