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Contre l’emploi abusif de chœurs amateurs

Lien publiée le 16 février 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.mesopinions.com/petition/art-culture/contre-emploi-abusif-ch-urs-amateurs/13354

À l'attention : de la Présidence de la Philharmonie de Paris, de la Mairie de Paris, du Ministère de la Culture, du Ministère du Travail, de l'Inspection du travail

Amis chanteurs, lyriques ou non, professionnels ou pas,
Amis instrumentistes, comédiens ou danseurs,
Cher public,


À la Philharmonie de Paris, dans quasiment tous les spectacles, le chef d’orchestre est rémunéré, le chef de chœur est rémunéré, les chanteurs solistes sont rémunérés, les techniciens sont rémunérés, la dame de l’accueil est rémunérée, la femme de ménage est rémunérée, les instrumentistes de l’orchestre sont rémunérés et les chanteurs du chœur ne le sont pas.

Tout simplement parce que cet édifice prestigieux conçu par Jean Nouvel, pourvu d’une grande salle comparable en capacité à celle de l’Opéra de Paris (2 400 places), qui a ouvert ses portes en janvier et coûte quelque 380 millions d’euros aux contribuables ( a décidé d’accueillir en résidence le chœur de l’Orchestre de Paris, un chœur amateur dont les 220 chanteurs, non professionnels, sont bénévoles.

Depuis quelques années déjà, à la faveur d’une crise économique dont nous ne voyons pas la fin, les spectacles produits par des compagnies amateurs, et coûtant de ce fait beaucoup moins cher que des spectacles professionnels, se multiplient. Pourquoi pas ? Si chanter est notre métier, nous concevons bien évidemment que ce puisse être un loisir pour d’autres, exerçant diverses professions par ailleurs. Loin de nous l’idée de vouloir leur interdire l’accès à une scène. 

Ce qui nous semble inacceptable, c’est l’introduction d’un ensemble amateur bénévole dans un cadre professionnel tel que celui-ci. Ce mélange des genres - hélas déjà existant en maints endroits, notamment en province - occasionne une concurrence déloyale, absolument insupportable à l’heure où les chiffres du chômage ne cessent de grimper, et une attaque sans précédent de notre profession d’artistes lyriques. Car chacun des chanteurs non rémunéré de la Philharmonie de Paris occupe une place normalement réservée à un chanteur professionnel salarié.

Cette évolution scandaleuse est-elle un avant-goût du sort réservé aux grands chœurs professionnels, tels ceux de l’Opéra Bastille ou de Radio-France ? On peut le craindre. Car enfin, en suivant cette logique, pourquoi continuer de payer ce que l’on peut obtenir gratuitement, fût-ce au mépris de la qualité du spectacle et du droit social ?

Aussi, nous demandons solennellement l’arrêt du recours abusif à des artistes des chœurs amateurs dans les structures professionnelles subventionnées.

Rappelons à ce titre qu’un chanteur professionnel qui ne travaille pas, c’est aussi un chômeur de plus à financer.


Nous demandons également :

1. Qu’un chœur professionnel soit en résidence à la Philharmonie de Paris, avec, comme dans toute grande maison qui se respecte, un noyau dur en CDI et des artistes supplémentaires engagés en CDD.

2. Que les pouvoirs publics légifèrent enfin de manière claire afin que la pratique artistique amateur soit encadrée et ne puisse plus occasionner de concurrence déloyale vis à vis des artistes professionnels.

Car, de même que dans n’importe quel autre métier, il est indécent qu’un travailleur bénévole (amateur, stagiaire, etc.) occupe un poste qui devrait être attribué à un salarié. Et ce qui est vrai dans une pizzeria, un bureau de poste, une salle de rédaction ou une compagnie d’assurance ne l’est pas moins sur une scène, qui plus est abondamment subventionnée !

À l’heure où le travail est si rare, nous estimons tout simplement qu’il ne peut se permettre d’être gratuit.


Le Collectif Colère lyrique

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Les professionnels du spectacle parmi vous, et en particulier les chanteurs, l’auront hélas remarqué : il devient de plus en plus ardu de trouver du travail par les temps qui courent, et la capitale ne fait pas exception dans cette sinistre farce socio-lyrique.

Or, au mois de janvier, la Philharmonie de Paris a ouvert ses portes. Un lieu d’exception recouvert d'aluminium avec une salle comme ci, une acoustique comme ça, une programmation démentielle, bref, mieux que Radio-France et l’Opéra de Paris réunis ! Allez donc voir un peu par-là comme c'est beau :



Une beauté qui sans doute justifie le montant colossal des travaux : initialement prévue entre 110 et 200 millions d’euros, la facture s’élève finalement à quelque 380 millions d'euros. Nul ne sait encore qui la paiera. Étrangement, cette question demeure la grande absente des débats lors des dernières élections municipales parisiennes. 



Cependant, même en ces temps de disette, rien n’est trop beau pour un « temple de la musique classique », n'est-ce pas ? De plus, une telle débauche d’argent public ne peut qu’être destinée à servir la première cause nationale de notre cher gouvernement, à savoir l’emploi ?

Et nous voyons d’ici vos yeux briller, pleins d’espoir : « Nous allons donc enfin pouvoir trouver du travail, voire chanter à Paris, et dans une salle super chouette». Que nenni ! Figurez-vous que ce lieu d’exception n’a rien trouvé de mieux que d’accueillir en résidence un orchestre professionnel, l’Orchestre de Paris - jusque là, tout est normal - et le chœur de l’Orchestre de Paris, chœur amateur de 220 personnes, qui assure gratuitement la quasi intégralité de la saison lyrique !

Voici le chœur :



Et voilà la saison :



Ah, cette lueur d’espoir qui se mue en larmes dans vos prunelles incrédules. Pourtant, vous ne rêvez pas, le scandale financier se double bien d’un scandale social : à la Philharmonie de Paris, si personne ne s’y oppose, dans quasiment tous les spectacles, le chef d’orchestre est rémunéré, le chef de chœur est rémunéré, les chanteurs solistes sont rémunérés, les techniciens sont rémunérés, la dame de l’accueil est rémunérée, la femme de ménage est rémunérée, les instrumentistes de l’orchestre sont rémunérés et les chanteurs du chœur ne le sont pas.

Parce que le chef du chœur de l’Orchestre de Paris l’explique très bien lui-même : certains répertoires « nécessitent » l’emploi de chanteurs amateurs. Si, si, regardez :



Si tel est le cas, on se demande bien pourquoi on conserverait encore, dans les années à venir, un chœur professionnel à Radio-France, à Bastille ou dans les Opéras de province. Car enfin, pourquoi payer ce que l’on peut obtenir gratuitement ? Ah, la belle logique que voilà !

Bref.

Avec quelques chanteurs animés d’une juste colère, nous avons décidé que ça ne se passerait pas comme ça.

Plusieurs syndicats d'artistes ont été alertés de cet état de fait et vont essayer d’attaquer la chose sous un angle légal (inspection du travail, Urssaf, ministères du Travail et de la Culture, etc.).

Mais il nous semble important d’agir également de manière spontanée et collective, afin d’empêcher la disparition pure et simple de notre profession

Aussi, nous vous invitons à signer cette pétition, destinée à convaincre la présidence de la Philharmonie de Paris, la mairie de Paris, ainsi que les ministères de la Culture et du Travail de cette simple évidence - vitale pour nous : au sein d’un spectacle professionnel réalisé dans un cadre lucratif, tous les artistes doivent être payés.