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La célèbre librairie "La Hune" transformée en galerie d’art...

Lien publiée le 10 mars 2015

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L’historique librairie parisienne est reprise par le groupe Yellow Korner et transformée en galerie de photos d’art.

Au premier étage, un lieu d’expositions; au rez-de-chaussée quelques tables pour boire du café et une librairie d’ouvrages photographiques. Sur la façade, un nom : La Hune Saint-Germain. Le concept pourrait même s’exporter, avec une succursale à venir dans le quartier de Brooklyn à New-York, une autre à Tokyo au Japon. C’est le projet d’Alexandre de Metz et de Paul-Antoine Briat, les patrons de Yellow Korner, des boutiques de photographies vendues au plus grand nombre à des prix raisonnables (moins de 100 euros). Séduit par le succès commercial de ces deux amis diplômés d’H.E.C, Jean-François Dubos – ancien patron de Vivendi et vice-président des Rencontres de la Photographie d’Arles – s’est associé à eux pour acheter le nom et le droit au bail de la librairie germanopratine vendus par Madrigall, maison mère des éditions Gallimard et Flammarion. Quand le groupe a décidé de fermer La Hune, la Ville de Paris, propriétaire des murs, aurait donné pour condition de vendre le bail à une société culturelle. « Les jeunes fondateurs de Yellow Korner m’ont convaincu de participer au rachat, explique Jean-François Dubos. Notre projet est dédié à la photo, l’endroit fermera tard le soir et le week-end, on envisage un coin dégustation café, mais ce ne sera pas un bistrot. A l’étage, la galerie exposera de grands photographes et de jeunes talents. Ce sera un lieu de passage, un espace culturel qui portera le nom La Hune. Cela évite qu’un magasin de vêtements reprenne l’adresse !» Certes. Mais la transformation, dès l’été 2015, de cette illustre librairie, rendez-vous littéraire indispensable sur la rive gauche, refuge paisible d’un quartier dévoré par les grandes enseignes, émeut ses habitués.

Bernard-Henri Lévy s’indigne et confie : « Je suis accablé par ce que vous annoncez. La Hune c’est plus, beaucoup plus qu’une librairie. C’est plus, beaucoup plus qu’une des meilleures librairies au monde. C’est un lieu littéraire. C’est un lieu pour la littérature. C’est un lieu où, non seulement les lecteurs mais les écrivains étaient et se sentaient chez eux. Mauvaise nouvelle pour la littérature. Et ce n’est pas le maintien d’un « coin livres » - cet alibi grotesque - qui y changera quoi que ce soit.» Le journaliste Serge Moati évoque lui aussi une adresse irremplaçable : « La Hune représente ma jeunesse. Moi qui n’ai pas mon Bac, jeune j’avais l’impression d’accéder à une culture nouvelle. Quand on écrit un livre, on est fier qu’il y soit vendu. On va discrètement voir s’il est en bonne place dans les rayons… Et on y a de l’espace pour humer les pages ! »

"C’EST UN SIGNE QUE LA VIE INTELLECTUELLE FRANÇAISE N’EST PLUS CELLE DE L’APRÈS-GUERRE…"

Autre fidèle de la librairie, Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France : « Je vais à La Hune depuis la nuit des temps… Pour faire le tour de tout ce qui bouge, des nouvelles. C’est un moment de découverte qui remonte le moral. Les vendeurs sont devenus des complices. Mais leur déménagement rue de l’Abbaye n’augurait rien de bon… Le carré d’Or de ce quartier vaut cher, on voit les appétits des marques… » Fondée en 1949 par Bernard Gheerbrant au 170, boulevard Saint-Germain dans le VIème arrondissement de Paris, la librairie fut aussi un lieu d’exposition jusque dans les années 1970. Denis Gheerbrant, fils du fondateur, affiche son mécontentement : « C’est une usurpation ! Ce que propose Yellow Korner ne me convient pas. L’endroit n’aura plus rien à voir avec ce qu’était ce centre de la vie culturelle parisienne. Ma famille est scandalisée par la cession du nom à un groupe qui n’a rien à voir. Tout ça est le reflet de ce qu’est devenu le quartier. C’est un signe que la vie intellectuelle française n’est plus celle de l’après-guerre… »

Olivier Place, directeur des librairies Flammarion et de La Hune notamment, ne partage pas cette opinion. En 2012, le déménagement de la librairie du boulevard St Germain dans la rue de l’Abbaye accélère la chute du chiffre d’affaire qui de 2003 à 2010 baisse d’un tiers. « Malheureusement nous n’avons pas réussi à remonter les ventes, explique Olivier Place. Nous n’avions pas les moyens de faire de grandes campagnes publicitaires, ni les effectifs pour gérer un site Internet. C’est la mort dans l’âme que nous avons pris la décision de fermer. Mais le client type de La Hune ne fréquente plus Saint-Germain-des-Prés. » La reconversion de l’établissement en librairie-galerie photographique rassure le directeur qui pourtant concède « les ventes des beaux livres sont en grande difficulté, mais dans un contexte original ça peut se vendre. » L’originalité d’une chaine mondiale comme Yellow Korner reste encore à prouver… Impossible d’en discuter avec ses patrons qui n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Du café le Rouquet à la Rhumerie, la balade heureusement restera ponctuée par un arrêt à l’Ecume des Pages, ancienne sœur ennemie de La Hune, aujourd’hui dernier oriflamme littéraire dans une marée d’étendards du luxe commercial.

La Hune, 16-18 rue de l’Abbaye, 75006 Paris.