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La Grèce est au bord de l’effondrement financier
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Mediapart) Six semaines après son élection, le gouvernement d’Alexis Tsipras se trouve aux prises avec une effroyable crise de liquidité. Il utilise tous les expédients pour essayer de rembourser les 2 milliards d’euros dus à la fin du mois. Son système bancaire est au bord de l’asphyxie. Une sortie « accidentelle » de l’euro menace la Grèce, prévient Berlin.
L’aveuglement européen est en train de pousser la Grèce dans ses derniers retranchements. Six semaines à peine après son élection, Syriza se bat déjà pour éviter l’effondrement financier. Tentant de desserrer l’étau, les responsables grecs multiplient les visites et les assauts. Jeudi 12 mars, Alexis Tsipras est venu à Paris pour signer un accord avec le directeur de l’OCDE. Une façon de montrer que le gouvernement grec n’est pas du tout opposé au changement, mais pas à n’importe quel changement.
« Les réformes dont nous discutons avec l’OCDE ne sont pas des réformes imposées, a déclaré Alexis Tsipras. Ce sont des réformes que nous souhaitons mener en Grèce. Ce n’est pas le moment de critiquer l’échec du programme suivi depuis quatre ans. Mais ce que nous avons vu du côté de la Troïka s’apparente à du chantage. La Troïka n’a jamais demandé des réformes constructives. »
Mais il en faut plus pour convaincre les responsables européens. Insistant sur « la confiance perdue », même si elle n’a jamais été accordée à Syriza, ils exigent chaque jour plus de concessions du nouveau gouvernement grec. Les leçons du président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, exigeant de la Grèce qu'elle se soumette au programme d’austérité rejeté par les Grecs, la mine réjouie du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, annonçant le retour de la Troïka à Athènes, à l’issue de la réunion européenne lundi, en disent long sur les réelles intentions des gouvernements européens : c’est une reddition en rase campagne de Syriza qu’ils semblent rechercher.
Le camp des faucons, emmenés par l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et la Finlande, est parvenu à faire l’unanimité face à Athènes. L’Europe a posé ses conditions. La ligne de crédit de 7,2 milliards d’euros, prévue dans le deuxième programme de sauvetage, et qui aurait pu aider le nouveau gouvernement de Syriza à faire la transition en attendant de mettre en place son programme, ne sera déboursée que si le gouvernement grec accepte de se soumettre à un nouvel examen de ses comptes, sans parler des réformes à suivre. Au mieux, le gouvernement grec pourra espérer toucher une partie de ces sommes fin avril.
Les gouvernements européens pensent qu’ils ont le temps pour eux, que la Grèce fait du chantage, qu’ils peuvent faire encore et toujours monter les enchères afin d’amener Athènes à complète résipiscence. Ils ont tort. D’ici avril, il sera peut-être trop tard.
La situation financière de la Grèce est en train de se dégrader à vue d’œil. Il ne s’agit même plus de la question de la solvabilité de l’État grec – à l’exception des Européens qui restent dans le déni, tous jugent l’endettement de la Grèce insoutenable et une restructuration de sa dette inévitable – mais de celle de sa liquidité. À tout moment, tout peut déraper.
Le président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, semble être un des seuls pour l’instant à prendre la mesure de la gravité de la situation : « Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde n’a pas encore compris, au sein de l’Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce », avertissant qu’il fallait prendre garde à ce que « la situation ne continue pas à se détériorer ». Preuve du danger qui menace, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, a évoqué vendredi 13 mars le risque « d’une sortie accidentelle de la Grèce de l’euro ». « Parce que nous ne savons pas exactement ce que font les responsables grecs, nous ne pouvons l’exclure », a-t-il complété avec cet art du coup de pied de l’âne.
Quoi qu’ils en disent, les responsables européens ne peuvent invoquer leur ignorance de la situation financière grecque. Des émissaires ont été envoyés chaque mois depuis quatre ans, jusqu’en janvier dernier, pour faire l’examen des comptes. L’état budgétaire d’Athènes est connu, au moins dans les grandes lignes. Dès février, le gouvernement a annoncé que les recettes fiscales diminuaient depuis l’annonce des élections, une partie des ménages ayant décidé de ne plus verser impôts et taxes dans l’attente d’une réforme fiscale annoncée. Ce qu’a confirmé le gouvernement vendredi : les rentrées fiscales ont diminué de plus d’un milliard au cours des deux premiers mois.
De la même façon, les Européens savent parfaitement que le gouvernement de droite d’Antonis Samaras a épuisé toutes les réserves budgétaires et les facilités financières du gouvernement avant de quitter le pouvoir, pratiquant une politique de la terre brûlée. Ainsi, alors que le gouvernement grec s’était vu accorder la possibilité de pouvoir émettre 15 milliards d’euros de bons du trésor par la banque centrale européenne, le gouvernement précédent a utilisé toutes ces lignes budgétaires avant de partir, laissant le gouvernement de Syriza sans aucun recours financier.
La BCE lui refuse aujourd’hui d’augmenter ce plafond. Elle a de même coupé la voie du financement par les banques grecques, en leur supprimant les lignes de crédit qu’elle leur accordait depuis 2010 (voir La BCE lance un coup d’Etat financier).
Le gouvernement d’Alexis Tsipras se retrouve ainsi dos au mur, sans possibilité de faire appel au marché, sans possibilité de s’appuyer sur le système bancaire. Aucun gouvernement n’est confronté à une telle situation, d’autant qu’Athènes doit faire face des remboursements énormes de plus de 20 milliards d’euros cette année. Là aussi, les échéances sont connues de tous. Dès 2013, les experts de FMI mettaient en garde les responsables, insistant sur le mur de dette que devrait affronter la Grèce en 2015. Pour le seul mois de mars, le gouvernement grec doit trouver plus de 2 milliards d’euros, dont 1,5 milliard d’euros pour le FMI.
Mur de dettes
La semaine dernière, Athènes a honoré un premier remboursement de quelque 365 millions d’euros au FMI. Mais il reste d’autres échéances d’ici à la fin mars. Athènes doit verser quelque 2 milliards d’euros d’ici à la fin du mois. « Le remboursement au FMI est une priorité. Nous n’allons pas être le premier pays qui ne respecte pas ses obligations à l’égard du FMI. Nous tirerons du sang des pierres s’il le faut pour tenir nos engagements mais nous le ferons », a assuré le ministre des finances, Yanis Varoufakis, le 1er mars.
Mais il s’est montré très alarmiste sur la situation des finances publiques, quelques jours plus tard. « Nous pouvons payer les salaires et les retraites des fonctionnaires. Pour le reste, nous verrons », a-t-il déclaré le 9 mars.
Même s’il tente de sauver les apparences, le gouvernement de Syriza a engagé une course effrénée à l’argent pour éviter la faillite. Cette tension extrême se lit dans le rythme des mesures prises en quelques jours. En moins d’une semaine, le gouvernement a émis pour 2 milliards de billets de trésorerie, le seul moyen de financement qui lui est encore ouvert, a différé les paiements de ses fournisseurs et sous-traitants, a approché les filiales grecques des multinationales pour obtenir des crédits à court terme.
Jeudi 12 mars, le parlement a adopté une mesure de dernière extrémité : il a autorisé les fonds de pension et les entités publiques, qui ont des comptes à la banque de Grèce, à investir tout leur argent en obligations d’État. En d’autres termes, l’État fait main basse sur les réserves de la sécurité sociale et des caisses de retraite pour honorer ses échéances.
Ces mesures désespérées inquiètent de plus en plus, au fur et à mesure que l’Europe durcit sa position. Sans aide financière quasi immédiate, la Grèce peut se retrouver dans l’incapacité d’honorer une de ses échéances, ce qui la précipiterait en situation de faillite. « La Grèce est confrontée à une crise urgente de liquidité et se dirige vers un défaut partiel. Cela pourrait créer un précédent très dangereux », prévient l’économiste Lena Komileva de l’institut G+Economics. « La combinaison d’un trou de financement grandissant avec des obligations de remboursements croissantes fait que le gouvernement se retrouve sur la corde raide en mars. Et ce sera un plus grand défi encore en juillet et en août (la Grèce doit rembourser alors 6,8 milliards de prêts à la BCE - ndlr) », dit de son côté un ancien fonctionnaire européen au Guardian.
Mais la menace la plus grande vient peut-être du système bancaire. Les premiers jours suivant son élection, le gouvernement d’Alexis Tsipras n’a pas caché qu’il faisait face à une fuite massive de capitaux. Selon les premiers chiffres, 12 milliards d’euros auraient été retirés des banques grecques en l’espace de quelques semaines. On parle désormais de 20 milliards d’euros, soit l’équivalent de 10 % du PIB grec! « Le gouvernement grec devrait imposer rapidement un contrôle des capitaux, s’il veut éviter un effondrement brutal de son système bancaire. C’est la seule façon de s’en sortir, qu’il reste ou non dans l’euro », confie un financier. Mais cette question reste taboue pour l’instant.
La BCE a imposé le silence sur ce sujet très dangereux, afin de ne pas nourrir la panique bancaire. Mais les chiffres sont là, traduisant l’extrême tension à laquelle est soumis le système bancaire grec, qui semble au bord de l’asphyxie. À la mi-février, au moment où la BCE a décidé de couper les lignes de crédit aux banques grecques, ces dernières avaient pioché 55 milliards d’euros dans le fonds de liquidités d'urgence (ELA), le dernier recours financier qui leur est laissé. Deux semaines plus tard, le montant de ses fonds s’élevait à 65 milliards. La semaine dernière, la BCE a décidé d’augmenter de 3 milliards cette assistance financière d’urgence pour la porter à 68 milliards d’euros. Jeudi 12 mars, la banque centrale a de nouveau augmenté le plafond de 600 millions d’euros.
« Scénario numéro trois : la catastrophe », avançait une étude de Goldman Sachs, en décembre, juste après l’annonce des élections anticipées en Grèce. Dans ce scénario, la banque imaginait la victoire de Syriza, son arrivée au pouvoir qui se traduisait par une fuite massive de capitaux, suivie d’une nationalisation du système bancaire pour éviter son effondrement et sa sortie brutale de la zone euro. Depuis l’élection de Syriza, les gouvernements européens semblent vouloir suivre avec application ce scénario catastrophe.