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Sotiris (Antarsya): "Une seule solution : la sortie de l’euro"

euro Grèce international Sotiris

Lien publiée le 9 juillet 2015

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://news24h.allnews24h.com/mZE7

Philosophe et membre du parti Antarsya, la gauche anticapitaliste grecque, Panagiotis Sotiris défend l’idée d’une rupture avec la zone euro et l’Union européenne.

L'Obs – Comment avez-vous accueilli la victoire du non ?

Panagiotis Sotiris – C’est une immense expression de défiance face aux institutions créancières de la Grèce. Mais ce référendum ne doit pas être seulement un moment de dignité, il doit être le commencement de la rupture avec la zone euro. Une rupture difficile mais nécessaire pour retrouver un contrôle démocratique sur notre pays.

Le gouvernement grec doit cesser de croire en une négociation imaginaire et un compromis impossible. Il ne faut pas s’attendre à ce que l’Union européenne fasse des concessions parce que le peuple grec a dit non. Tsipras a bien vu pendant ces cinq mois qu’on ne peut pas négocier avec elle. Car ce qu’elle veut, ce n’est pas seulement un remboursement – pourtant impossible – de la dette, c’est changer le modèle économique et social de la Grèce, l’"améliorer" dans le sens néolibéral. Pour éviter l’humiliation de toute une société, je ne vois donc qu’une seule solution : la sortie de l’euro.

Vous ne croyez pas à la possibilité de transformer la zone euro de l’intérieur ?

– On peut imaginer une autre architecture de la zone euro, un fonctionnement différent des banques centrales européennes, une politique de redistribution qui corrigerait les inégalités régionales, une pensée qui abandonnerait le dogme de l’austérité. Le problème, ce n’est pas ce qu’on peut imaginer mais ce qu’on peut faire. Le fonctionnement actuel des institutions européennes rend impossible de tels changements.

Une unification monétaire nécessite une unification politique avec la création d’un Etat qui rééquilibre les disparités. Mais l’Union européenne n’est pas un Etat et ne peut donc pas avoir une monnaie unique comme le montre le fonctionnement de la zone euro, fondé sur le rôle prééminent de l’Allemagne. Voilà pourquoi je pense qu’il est vain de vouloir la réformer. Mais même si on pense que c’est possible, l’Union a besoin d’un choc pour changer. La sortie de la Grèce de l’euro peut être ce choc.

La Grèce se sacrifierait ?

– Non, car sortir de l’euro est sa seule chance de survie. Il est impossible de renverser les conséquences de cinq années d’austérité sans recouvrer notre souveraineté monétaire. C’est la seule voie pour pouvoir appliquer une politique économique qui rompe avec l’orthodoxie néolibérale des institutions et nous permette de sortir du cercle vicieux de la dette.

Vers une réaction en chaîne ?

Le coût social et économique d’une sortie de l’euro risque pourtant d’être encore pire…

– Ce n’est pas une décision facile. Mais rester dans l’euro, c’est se résigner à accepter la récession et la pauvreté. Il faut convaincre la population qu’un effort collectif temporaire sera nécessaire pour aller vers un meilleur futur. Nous sommes à un tournant de l’histoire. La crise a été un moment cathartique. Elle nous a fait réfléchir à tout ce qu’on a fait pendant des années. Car ce n’est pas seulement une question de monnaie. Il est nécessaire de repenser ce qu’on appelle la croissance, la production, la consommation. On doit réinventer des formes d’industrie, réduire notre dépendance en matière d’importations, ne pas tout miser sur le tourisme…

On va pouvoir expérimenter à partir des expériences de la crise : toutes les formes de solidarité et de réseaux parallèles sont des pistes pour organiser un nouveau modèle productif et social. C’est faisable. Des économistes ont étudié ce scénario de sortie de l’euro. Le passage par une monnaie parallèle jusqu’à l’adoption complète d’une devise nationale, un nouveau taux de change, une nationalisation du système bancaire… C’est un vaste chantier. Mieux vaut donc que l’on prépare nous-mêmes notre sortie plutôt que de se voir expulsés par les institutions européennes.

Mais la population dans son ensemble reste défavorable à une sortie de l’euro…

– Les Grecs ont montré qu’ils avaient plus de courage que ce que l’on pensait. Ils sont de plus en plus prêts à abandonner l’euro. Mais il est vrai qu’on ne pourra éviter une confrontation avec une partie de la société qui a profité du modèle européen. C’est d’ailleurs un des problèmes de Tsipras : il cherche à satisfaire tout le monde, ce qui est impossible.

La zone euro survivrait-elle à une sortie de la Grèce ?

– J’espère qu’un départ de la Grèce serait suivi d’une réaction en chaîne. Car le problème de la dette et de l’austérité se pose aussi ailleurs, en Espagne, en Italie, en France. Ce serait le début du démantèlement de l’euro, et, avec lui, de l’Union européenne, qui traverse déjà une crise profonde. Récupérer une souveraineté non seulement nationale mais aussi populaire, c’est la seule voie possible pour construire une Europe des solidarités.

Propos recueillis par Sarah Halifa-Legrand