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Le viol du peuple grec: c’est ça l’Europe ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://www.marianne.net/pericolegasse/viol-du-peuple-grec-c-est-ca-europe-100235466.html
T’as pas voulu la gifle ? Eh bien, ce sera mon poing sur la gueule ! Voici la réponse qu’Alexis Tsipras a rapportée de Bruxelles après que les électeurs grecs se soient prononcés à 61% contre le premier plan d’austérité demandé par l'Eurogroupe fin juin. Ou quand Ubu est fait roi d’Europe.
Je serais l’Islande ou l’Ukraine, j’y regarderais à deux fois avant de mettre les pieds dans cette maison de grands tordus que l’on appelle l’Union européenne. En dressant le bilan de plus de trois décennies d’adhésion de la République hellénique, on se pose une question très basique : comment se portait la Grèce avant son entrée dans l’Europe ? Souvenons-nous un peu, y avait-il des mendiants plein l’Acropole, des enfants affamés déambulaient-ils dans les rues d’Athènes, tirait-on de l’eau du puits avec une noria à Salonique et accédait-on aux îles de la mer Egée en felouques ?
Pas vraiment. La Grèce vivait sa vie, coulant des jours plus ou moins heureux dans un système relativement efficace, avec ses particularismes sociologiques, ses spécificités politiques, ses mœurs économiques et son identité culturelle. Que l’on se souvienne, à part quelques roublardises et approximations dans la prestation, les touristes qui revenaient de là bas n’étaient ni dégoûtés, ni traumatisés, ni épouvantés par ce qu’ils avaient vu durant leur séjour. Il en est même qui y repartaient chaque année. Non ? Mais si. Et pourtant, il n’y avait ni Merkel à Berlin, ni Draghi à la BCE, ni Juncker à la Commission, ni Lagarde au FMI. Mais comment diable avaient donc fait les Grecs pour survivre sans ces génies ?
En gros, cet Etat normalement constitué, avec ses institutions et ses infrastructures, était en droit d’espérer un mieux, comme sur le programme distribué par les marchands de bonheur envoyés par le chœur des vierges bruxelloises pour expliquer qu’avec l’Europe, puis l’euro, on allait raser gratis, avec le plein emploi, le progrès social et le prospérité à la clé. Il était en tout cas bien loin de se douter de ce qui l’attendrait au matin du 13 juillet 2015 lorsque le traité d’adhésion à la CEE fut signé à Athènes le 28 mai 1979 par le Premier ministre Constantin Karamanlis. On a beau le prendre dans tous les sens, l’histoire relève du mauvais film catastrophe. Hormis les grandes voix de l’orthodoxie monétaire et les experts eurolâtres qui se congratulent sur les plateaux télé en célébrant l’humiliation acceptée par Tsipras, c’est silence radio.
Au vu de la mise sous tutelle qui va être imposée par Bruxelles à la Grèce, on se demande, et au premier degré, à quoi a bien pu servir l’entrée de ce pays dans l’Union européenne. Est-ce une farce ? Voilà donc à quoi ont conduit trente-cinq années d’Europe pour la nation fondatrice de notre civilisation ? A la lecture des clauses de ce compromis, ça fait peur au ventre. Si c'était pour en arriver là, alors pourquoi les avoir fait entrer ? A qui a pu profiter cette forfaiture ? Où sont donc passés les 350 milliards d'euros que la Grèce doit, si l'on en est arrivé au point que seule la fermeture des banques permet d'éviter l'hémorragie du peu d'argent qu'il reste ? Entre 1981 et 2015, personne n'a pu éviter que la situation se dégrade à ce point ? C'est donc ça l'Europe ?
En fait, les Grecs, voyous, salauds, voleurs et tricheurs à la fois, étaient entrés en loucedé, par la fenêtre des WC. - Oh, salut les Grecs, mais qu’est-ce que vous faites là ? Vous êtes passés par où ?
Pour maintenir ce très vieux pays de ce très vieux continent dans une situation de soumission qui ferait hurler n’importe lequel droit-de-l’hommiste si elle était appliquée au Kosovo ou à l’Arménie, la panzer chancelière écrase le vote du peuple grec de son talon martial et vindicatif. Ayant paniqué durant quelques semaines, les bourgeoises versaillaises crevaient les yeux des prisonniers communards avec leur parapluie, en 1870, lorsqu’on les conduisait enchaînés, en colonne, vers le bagne. Il semblerait que l’Europe de la finance, des marchés et des profits bancaires ait eu peur, très peur. Il est donc urgent de châtier sans ménagement le peuple (pas les responsables économiques et politique qui ont conduit la Grèce là où elle en est aujourd’hui et s’en sortent bien), qui a osé défié la Sainte Europe, une, éternelle et infaillible, en votant non au diktat berlinois. T’as pas voulu la gifle ? Eh bien, ce sera mon poing sur la gueule ! Jean Monnet, Robert Schumann, réveillez-vous, ils sont devenus fous.