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Ainsi l'AFP ose intituler une de ses dépêches (16h08 mardi) : "Côte d'Ivoire: l'ONU montre sa détermination à protéger les civils"
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Côte d'Ivoire: l'ONU montre sa détermination à protéger les civils
NEW YORK (Nations unies), 5 avr 2011 (AFP) - Les frappes menées en Côte d'Ivoire par l'ONU contre le camp Gbagbo montrent, après la Libye, que les résolutions du Conseil de sécurité autorisant "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils ne sont pas à prendre à la légère.
Ces quelques mots ont donné le coup d'envoi lundi d'une intervention inédite des hélicoptères de la mission de l'ONU (Onuci) aux côtés de ceux des forces françaises Licorne, pour détruire les armes lourdes des troupes de Laurent Gbagbo.
Des responsables de l'ONU affirment que d'autres attaques sont prévues contre le camp du président ivoirien sortant, qui refuse de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale.
Ces frappes ont porté un coup sévère aux capacités militaires de Laurent Gbagbo, comme d'ailleurs les frappes menées en Libye l'ont fait à celles de Mouammar Kadhafi. Dans les deux cas, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils, à défaut de renverser le régime en place.
"Cela doit être un avertissement. Dans le langage du Conseil de sécurité, l'expression 'toutes les mesures nécessaires' signifie une action militaire", décrypte Mark Quarterman, spécialiste des crises et des conflits au Center for Strategic and International Studies à Washington, et ancien conseiller politique à l'ONU.
Les mêmes termes ont été employés pour imposer des zones d'exclusion aérienne en Irak au début des années 1990 et pour soutenir l'action des Casques bleus au Timor oriental en 1999.
L'offensive d'Abidjan est exceptionnelle, mais pas sans précédent: des Casques bleus ont déjà été à l'offensive en Bosnie et en Somalie dans les années 1990, ainsi qu'au Timor.
La résolution adoptée mercredi à l'unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité autorisait "toutes les mesures nécessaires" pour mettre hors d'état de nuire les "armes lourdes" menaçant les civils en Côte d'Ivoire. Or, les attaques menées par les forces fidèles à Gbagbo ont connu depuis une escalade, affirme l'ONU.
Ainsi, la base des Nations unies à Abidjan a été la cible "d'attaques presque continuelles depuis trois jours", a expliqué le chef des Casques bleus, Alain Le Roy, qui a raconté avoir téléphoné à l'émissaire spécial de l'ONU, Choi Yong-Jin, depuis le sous-sol pour se protéger des attaques de mortiers.
Après que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé dimanche au président français Nicolas Sarkozy le renfort de ses forces pour mener une action militaire, la mise au point du plan d'intervention n'a été l'affaire que de quelques heures.
Et alors que la Chine et la Russie, parmi d'autres, continuent de s'opposer aux frappes aériennes en Libye, aucune objection n'est apparue parmi les 15 amabssadeurs dimanche soir concernant l'intervention en Côte d'Ivoire, a souligné M. Le Roy.
Mais Moscou a dit mardi "étudier la légalité" des frappes de l'ONU et de la France à Abidjan.
M. Ban a fermement démenti que ces frappes signifient que l'ONU prend parti pour Alassane Ouattara, dont les forces encerclent désormais Abidjan.
"Nos frappes sont dirigées contre les armes lourdes, pas contre la présidence", a insisté M. Le Roy.
Pour Mark Quarterman, cela illustre peut-être une tendance des Nations unies à repousser les frontières du droit humanitaire pour protéger les civils dans les conflits.
Désormais, estime-t-il, "il est impossible de faire rentrer le génie dans la bouteille". "Beaucoup d'acteurs internationaux manifestent la volonté de disposer d'une meilleure capacité à répondre aux attaques contre les civils. Mais le Conseil de sécurité ne pourra pas forcément s'en servir dans tous les conflits", selon cet expert.