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Comité Central de Syriza. Tsipras 1-Lafazanis 0

Grèce international

Lien publiée le 31 juillet 2015

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Au cours d’une réunion qui a duré plus de 14 heures, Tsipras a réussi à battre la motion de la Plateforme de Gauche. Le Comité Central a décidé de se réunir en congrès extraordinaire en septembre, une fois le troisième plan de « sauvetage » conclu avec la Troïka.

Josefina Martinez et Alejandra Rios, correspondance depuis Athènes

La réunion de Comité Central s’est tenue dans un grand niveau de tension. La Plateforme de Gauche de Syriza, avec d’autres secteurs critiques du mémorandum, demandaient cette rencontre depuis déjà plusieurs semaines.

Le débat s’est centré autour la date de la tenue du prochain congrès du parti, avec d’un côté, une Plateforme de gauche, désireuse d’y appeler au plus vite, avant la signature d’un nouveau sauvetage et son passage au parlement, et de l’autre, pour Tsipras, le souhait de le remettre à septembre, une fois le plan passé.

Pour les membres de la Plateforme de Gauche et d’autres secteurs critiques, l’objectif était de réunir un congrès ordinaire dans les prochains jours, dans lequel les délégués permanents, élus lors du congrès de fondation de 2013 auraient voté pour une nouvelle orientation du parti favorable à ce secteur. Pour Tsipras, bien au contraire, l’idée était d’appeler à un congrès extraordinaire pour le mois de septembre, comprenant une nouvelle composition de délégués, issus des couches de nouveaux adhérents, plus modérés.

Après des heures de discussion et l’impossibilité d’arriver à un accord, Tsipras a proposé d’organiser un référendum dimanche prochain afin de consulter les adhérents du parti, et par là même, passer outre les organismes de direction du parti.

Dans son intervention au Comité Central, Tsipras a interpellé les opposants sur la stratégie qui devrait être celle de Syriza, face à la perte de la majorité parlementaire et face au "blocage" des députés dissidents qui ont voté contre les mesures d’austérité. Il a qualifié « d’absurde » l’existence de deux factions opposées au sein d’un même groupe parlementaire.

Mercredi dernier, dans un entretien radiophonique, Tsipras a attaqué les secteurs dissidents, expliquant que s’il ne souhaitait pas appeler à des élections anticipées, il pourrait s’y voir obligé face à la perte de sa majorité parlementaire et de l’opposition de ce secteur, allant jusqu’à qualifier de « surréaliste » la situation dans laquelle les secteurs critiques continuent à soutenir le gouvernement tout en votant contre ses principales mesures. Il est enfin revenu sur les résultats du référendum du 5 juillet et ses interprétations, contestant le fait que la victoire du « Non » soit un mandat pour sortir de l’euro.

Dans une réunion interminable avec plus de 90 interventions, les membres de la Plateforme de Gauche ont répondu au Premier Ministre. Pour Panagiotis Lafazanis, leader de la plateforme de gauche, un nouveau référendum est inutile, celui du 5 juillet et ses 62% en faveur du non, ayant déjà tranché la question du refus des plans d’aide de la Troïka. « Il n’y a plus de démocratie, le système de gouvernement de la Grèce est la dictature de l’euro » a t-il ainsi déclaré pour qualifier la politique du gouvernement Tsipras.

La présidente du Parlement grec, Zoé Konstantopoulou, a également contesté la position de la direction du parti et a dit que « Syriza n’avait pas de mandat populaire pour enchaîner le pays avec un nouveau mémorandum ». En référence aux accusations de Tsipras, elle s’est défendue en soulignant que « protéger la Constitution n’est pas surréaliste ».

Pendant la réunion, 17 membres du Comité Central - parmi lesquels se trouvent trois députés - ont démissionné de leurs postes affirmant qu’ils avaient des divergences idéologiques profondes avec l’orientation du gouvernement. Ils font partie du courant maoïste KOE dans Syriza.

Finalement Tsipras a réussi à s’imposer avec un vote qui a été favorable à sa proposition de remettre le congrès à septembre. La menace d’appeler à des élections anticipées et la possible chute du gouvernement sans majorité a fini de convaincre les plus hésitants. « Si quelqu’un pense qu’il est possible de faire mieux avec un autre Premier Ministre et un autre gouvernement, il faut le dire », a dit Tsipras. « Si quelqu’un pense que ce sauvetage est le pire de tous, il faut aussi le dire ».

Avec ce « coup de pression » sur les membres du Comité Central et l’accusation qui leur est portée de jouer un rôle « déstabilisateur », Tsipras a réussi à diviser cette « majorité de circonstance » qui s’était constituée lors des dernières semaines sur la base du rejet au mémorandum. La Plateforme de Gauche avait alors convergé avec un secteur de « centre » du parti, plus connu sous le nom du « groupe des 53 », qui pour la plupart se sont rangé à nouveau derrière Tsipras lors de cette réunion.
La Plateforme de Gauche a été vaincue. Son objectif principal des dernières semaines était de réunir le Comité Central où ils pensaient avoir la majorité et gagner le vote face à Tsipras. Ils avaient demandé explicitement à Tsipras de « changer d’orientation », de rompre avec la Troïka et de mettre en place un "Plan B" pour préparer la sortie de l’euro et « regagner l’esprit de Syriza ».

Mais sa stratégie de « pression » sur Tsipras, basée sur le débat parlementaire et contraire à la lutte de classes, a montré sa totale impuissance. Malgré toutes les critiques qu’elle a porté contre Tsipras, la « gauche de Syriza » continue à faire parti du gouvernement et de Syriza, un gouvernement de collaboration de classes qui a ouvertement trahi les aspirations populaires pour adopter l’agenda de la Troïka... et qui est prêt à l’imposer avec la répression si nécessaire, comme le montrent les arrestations de manifestants du 15 juillet.

Il n’y aura pas de référendum dimanche prochain et le congrès de Syriza a été reporté à septembre. Les conditions pour un troisième « sauvetage », qui va aggraver davantage les conditions de vie des masses en Grèce, vont être négociées dans les prochaines semaines. La réorganisation des travailleurs et des secteurs combatifs, de manière indépendante du gouvernement, et contre les nouvelles mesures d’austérité de la Troïka, est une tâche de première ordre.