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Grèce: La troïka continue de biffer la copie
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mercredi, sur l’antenne de la radio Sto Kokkino à Athènes, Alexis Tsipras promettait, au cours d’un entretien-fleuve (1), d’attaquer désormais « l’oligarchie intérieure qui a conduit le pays à la destruction et qui continue de contrôler des centres de pouvoir ». Et le premier ministre pointait : « Même si nous ne sommes pas d’accord avec cette politique, c’est une chose que la troïka dise : “Je ne veux pas que vous ayez des déficits !” C’en est une autre si elle affirme : “Je ne veux pas que les riches de votre pays soient mis à contribution et je veux que les pauvres paient toute l’addition.” La troïka devra rendre des comptes devant l’opinion internationale parce que, en ce moment, tous nous regardent. » Vendredi, à l’issue d’une première semaine de « négociations » entre le gouvernement grec, d’un côté, et les représentants des créanciers – Commission européenne, Banque centrale européenne (BCE), mécanisme européen de stabilité (MES) et Fonds monétaire international (FMI) –, de l’autre, de premières indiscrétions ont filtré dans la presse grecque : après avoir écarté, dans « l’accord » du 13 juillet, des projets emblématiques d’Athènes comme l’augmentation à 29 % du taux d’imposition des sociétés, la troïka entend ramener l’impôt de solidarité pour les plus riches de 8 % à 6 %, au prétexte qu’un taux plus élevé encouragerait l’évasion fiscale. Un nouvel aveu que, en contrepartie de leur plan d’aide financière de 86 milliards d’euros sur trois ans, les créanciers veulent, avant tout, définir eux-mêmes la politique menée par Syriza et garantir à leurs alliés locaux que leurs privilèges demeureront intacts...
Le FMI souffle en permanence le chaud et le froid
Il faut ajouter dans le paysage le positionnement du FMI qui souffle en permanence le chaud et le froid. Pour l’heure, l’institution financière ne compte pas participer au plan pour la Grèce tant que ses deux conditions préalables – l’adoption par Athènes de son programme de réformes, néolibérales évidemment, et la restructuration de la dette grecque – ne sont pas remplies. Une manière de faire pression, en façade, sur le gouvernement grec et sur les autorités européennes, mais les forces en présence étant assez disportionnées, ceci ne peut que participer à l’asphyxie entretenue de la Grèce... À Berlin, d’ailleurs, les Allemands, qui, autour de Wolfgang Schäuble, n’ont pas abandonné leur projet d’expulsion de la Grèce de la zone euro, font mine de ne rien y voir « de neuf » : selon eux, le FMI attendrait juste la « confirmation de la soutenabilité de la dette grecque ».
Dans le même temps, alors que la révélation par Yanis Varoufakis de son plan d’urgence en cas de rupture des négociations avec les institutions continue d’être instrumentalisée par les forces austéritaires, Alexis Tsipras a, devant la Vouli, le Parlement grec, pris la défense de son ex-ministre des Finances. À côté de ce « système de paiement parallèle » imaginé par le gouvernement grec, le quotidien de gauche Efimerida Ton Syntakton a livré d’autres détails sur les mesures de rétorsion étudiées à Athènes en cas de crise : nationalisations des entreprises privatisées (monopole des jeux, péages autoroutiers, etc.) et enquêtes anticorruption et fiscales ciblant de grandes multinationales allemandes comme Siemens, Lidl et d’autres. « Il s’agissait de mettre en place une défense agressive », décrit le journal. Le projet était dans les cartons. Il y est resté, mais pour combien de temps ?