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La Grèce, "dépassée" par un afflux de réfugiés
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) Athènes a promis des mesures pour améliorer l'accueil des migrants, tout en appelant à la solidarité européenne
Narges Hassanzada est belle. Très belle, même. Du haut de ses 18 ans, elle revendique fièrement son jean moulant, ses lèvres flamboyantes et ses yeux fardés de khôl. " A Kaboul, il n'y a aucune sécurité pour les filles alors tu dois porter des habits plus longs et plus larges et il est interdit de se maquiller. Dans la société afghane, la femme n'a pas beaucoup de valeur. “Ici”, je me sens libre de porter ce que je veux. Je me sens, pour la première fois de ma vie, à ma place ", affirme la jeune fille, qui rêve depuis l'enfance de devenir actrice.
L'" ici " de Narges est pourtant un véritable enfer. Un camp de fortune situé dans le parc municipal Pedio tou Areos, en plein cœur d'Athènes, où s'entassent dans une promiscuité infernale près de 600 Afghans. Quelques tentes de campeur, pas de douche, pas de quoi cuisiner, juste un tuyau d'arrosage pour se laver et quelques toilettes d'appoint surchauffées, à l'atmosphère irrespirable.
Beaucoup de femmes et d'enfants attendent là tout au long de la journée, sous 40 degrés, que les hommes rentrent de leur tournée dans la capitale grecque pour trouver soit un autre lieu où s'installer, soit un passeur qui leur permettra de continuer leur long voyage vers des pays du nord de l'Europe plus hospitaliers – pensent-ils – envers les réfugiés.
" Un endroit pareil, je n'avais jamais vu ça, se désole Leïla Iskandari. On nous disait que l'Europe respecte les droits de l'homme. Moi, je ne vois rien de tout cela ! Ici, il n'y a même pas d'eau, pas de douche ! On nous donne à manger une fois par jour une barquette de pâtes. " Enceinte de sept mois, Leïla, 31 ans, essaie tant bien que mal de protéger ses cinq enfants du soleil cuisant grec.
Avec son mari Ali, ils sont partis il y a deux mois de la région de Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan. Ils racontent les bombardements, " cette guerre afghane éclipsée par la crise syrienne plus récente ". Et puis les jours de marche à travers le Pakistan puis la Turquie. " On a dépensé tout ce qui nous restait pour payer le passage en bateau entre la Turquie et la Grèce, 1 000 dollars - 912 euros - par personne et, depuis, nous sommes bloqués ici à Athènes depuis deux semaines, explique Ali. J'ai bien essayé de trouver un petit travail, mais il n'y a rien alors j'ai demandé à notre village de nous envoyer de l'argent pour continuer le voyage. "
Ali aura ensuite un peu de mal à obtenir la somme en liquide pour payer le passeur, qui lui demande 3 000 euros pour lui faire traverser la Macédoine et la Serbie en voiture, car la Grèce est toujours sous un régime de contrôle des capitaux. " Au bureau de change où le mandat doit arriver d'Afghanistan, on m'a dit que l'on me donnerait 400 euros par semaine et pas plus, ce qui fait que je dois encore attendre plusieurs semaines pour réunir la somme. Comment rester ici dans ce parc où des drogués viennent tous les soirs tenter de nous voler ? ", s'inquiète le jeune homme.
Aide de bénévoles
Depuis un petit mois que ce camp existe, l'Etat grec est totalement absent. Ces réfugiés ne survivent que grâce à l'aide de bénévoles qui ont organisé la livraison quotidienne de rations de repas chauds – des pâtes ou du riz pour éviter la dysenterie – ou encore une permanence de médecins chaque matin.
La grande majorité de ces migrants ne souhaite pas demander l'asile politique en Grèce. " Nous savons que la Grèce n'a rien à offrir, car elle est en crise ", concède sans détour Leïla. Ils sont donc simplement de passage. Et à ce titre l'Etat grec n'est pas tenu de les aider. Mais, devant cette situation -sanitaire insoutenable, le gouver-nement a promis de les reloger.
Les 600 Afghans du parc Pedio tou Areos devraient être transférés dans un lieu plus adapté dans les prochains jours, mais que vont devenir les milliers de migrants syriens, irakiens, afghans, soudanais ou yéménites qui débarquent chaque jour sur les îles grecques ?
Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), près de 124 000 réfugiés et migrants sont arrivés depuis janvier. Soit une hausse de 750 % par rapport à la même période en 2014. " La Grèce doit se réveiller face à cette urgence ", a déclaré Vincent Cochetel, responsable de la division Europe du HCR, en visite jeudi 6 août dans les îles grecques. Le HCR demande au gouvernement grec de " désigner d'urgence une seule autorité pour coordonner la réponse et mettre en place un mécanisme d'assistance humanitaire ".
La réponse du premier ministre grec, Alexis Tsipras, n'a pas tardé. Il en a appelé à la solidarité européenne. " Ce problème nous dépasse. La Grèce est un pays qui subit une crise économique et fait face à une crise humanitaire dans la crise ", a-t-il déclaré vendredi, à l'issue d'une réunion interministérielle sur cette question. Il a chargé l'un de ses proches, le ministre d'Etat Alekos Flambouraris, de diriger une instance de " coordination " de toutes les actions sur les questions migratoires, en lien avec le ministère de l'immigration. L'un des enjeux est -notamment de mieux gérer les fonds européens que reçoit la Grèce pour la surveillance de ses frontières et la prise en charge des migrants, et ne pas les perdre faute d'action, a reconnu le premier ministre.
Selon Natasha Bertaud, porte-parole de l'Union européenne pour les questions migratoires, la Grèce bénéficie pour la période 2014-2020 d'un budget de 260 millions d'euros du Fonds pour la migration, l'intégration et l'asile et de 166 millions du Fonds de sécurité interne pour faire face à cet afflux. Une première enveloppe pourrait être versée dès la semaine prochaine. " C'est un -début, mais il nous faudrait trois fois plus car les besoins sont énormes, s'inquiète une source au -ministère grec de l'immigration. Les précédents gouvernements avaient dépensé tout l'argent européen à construire un mur à la frontière terrestre avec la Turquie ou à construire des camps de rétention. Nous, on veut pouvoir certes surveiller les frontières mais aussi accueillir décemment les réfugiés. "
La nuit tombe sur Pedio tou Areos… Loin de ce débat, pourtant nécessaire, sur la solidarité européenne, Narges chante une berceuse pour calmer une dizaine de petites filles assises en cercle autour d'elle. Entre deux chants mélodieux, elle glisse quelques mots sur cette Europe tant fantasmée et cet avenir radieux qui les attend. " Vous pourrez aller à l'école, choisir votre mari, vous maquiller comme moi. " La force, la détermination, la soif de liberté de cette toute jeune femme étonnent en ce lieu si peu humain.
Et pourtant le message porte. Les petites se poussent du coude, malicieuses, et murmurent : " Elle est si belle, je veux devenir comme elle… " L'espoir a parfois la couleur d'un rouge à lèvres.
Adéa Guillot