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Grèce : l’Eurogroupe valide le troisième mémorandum
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Les ministres des Finances de la zone euro ont donné leur feu vert au plan de 86 milliards d'euros. 26 milliards d'euros seront libérés dès le 20 août.
Alexis Tsipras a atteint son objectif. Comme il le souhaitait, l'Eurogroupe a validé le projet de troisième mémorandum entre Athènes et ses créanciers. Le plan prévoit 86 milliards d'euros sur trois ans, dont 25 milliards d'euros pour la recapitalisation des banques grecques. Mais surtout, la première tranche du financement de 26 milliards d'euros devrait pouvoir être libérée dès le 20 août et permettre rapidement une première recapitalisation des banques de 10 milliards d'euros.
Le feu vert de l'Eurogroupe ce vendredi 14 août au soir est important pour le premier ministre Alexis Tsipras parce qu'il permet à Athènes de payer l'échéance du 20 août à la BCE de 3,4 milliards d'euros sans avoir recours à un deuxième financement-relais. Un tel scénario, ouvertement évoqué par le ministère allemand des Finances, aurait fait perdurer les négociations et compliqué encore l'équation politique intérieure d'Alexis Tsipras.
Louanges de Jeroen Dijsselbloem au gouvernement grec
Le gouvernement grec a donc tout fait pour convaincre l'Eurogroupe de sa bonne volonté. Et, en cela, la menace allemande de recourir à un nouveau financement-relais a payé. Ainsi, le parlement grec a siégé toute la nuit avant de voter ce vendredi matin positivement sur le projet de mémorandum. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a salué que les mesures prises en Grèce ces dernières semaines « avait favorisé la confiance. » L'application avec laquelle l'équipe d'Alexis Tsipras a obéi aux injonctions des créanciers a sans doute rendu les doutes de Wolfgang Schäuble inutiles. Mais ces derniers auront aussi sans doute renforcé l'application hellénique. « Le gouvernement grec a été très fort et très bien organisé », a ajouté Jeroen Dijsselbloem.
Optimisme de l'Eurogroupe
Reste donc désormais à appliquer le mémorandum. Et à en attendre les effets. Le document prévoit un an et demi de récession. Ce vendredi soir, les dirigeants européens rejouaient des scènes qui n'étaient pas sans rappeler celle qui avaient présidé aux deux précédents mémorandums. Affirmant comme Jeroen Dijsselbloem, que « si le programme de réformes est appliqué, la croissance devrait revenir. » Mais la question de l'application reste entière. Le président de l'Eurogroupe a prévenu que, si nécessaire, de nouvelles mesures seront appliquées pour permettre de respecter le programme. Autrement dit, clairement, l'Eurogroupe ouvre la possibilité de faire à nouveau entrer la Grèce dans la spirale infernale des objectifs intenables que l'on tente de combler par des mesures contre-productive. Les créanciers n'ont pas encore entièrement tiré la leçon de leurs échecs passés.
Le calendrier
Dans le détail du calendrier, le Bundestag devrait valider le texte le 18 ou le 19 août. Le Mécanisme européen de Stabilité devrait ensuite l'adopter dans la foulée et l'argent pourrait être versé le 20 août, à temps pour rembourser la BCE. La somme de 26 milliards d'euros sera vite dépensée : 10 milliards d'euros iront aux banques, 3,4 milliards d'euros à la BCE, 7,2 milliards d'euros viendront rembourser le prêt-relais de juillet. Restera 5,4 milliards d'euros pour faire face aux prochaines échéances et financer le déficit structurel de 0,25 % du PIB prévu dans le mémorandum pour cette année. Selon Karl Regling, le président du MES, la maturité moyenne des nouveaux prêts sera de 32,5 années.
Le FMI viendra-t-il ?
Reste une question centrale : la participation du FMI. Ce dernier a indiqué qu'il réclamait une restructuration d'envergure de la dette grecque pour participer au programme. Les Européens ont accepté de se pencher sur la question en octobre, après la première revue, mais les Allemands restent réticents, notamment à toute décote de la valeur nominale de la dette. Jeroen Dijsselbloem a estimé que le programme était tenable sans restructuration. Karl Regling, lui, a indiqué qu'il s'attendait à ce que le MES ne débourse pas les 86 milliards d'euros compte tenu d'une éventuelle participation du FMI. Mais il a précisé que son institution pouvait assurer seule le financement du programme.
Elections en septembre ?
Du côté d'Alexis Tsipras, un nouveau défi l'attend. Après le vote de ce vendredi matin, où seulement 118 des 146 députés de Syriza ont approuvé le texte, il ne dispose plus d'un appui suffisant pour former un gouvernement de minorité selon la constitution grecque. Il va donc poser la question de confiance à la Vouli après la signature du mémorandum, sans doute en fin de semaine prochaine. Si le gouvernement n'obtient pas cette confiance, option désormais possible, Alexis Tsipras devrait demander au président grec d'entamer la procédure de dissolution de la Vouli. Des élections anticipées devraient alors avoir lieu d'ici à la fin septembre. Dans ce cas, le congrès de Syriza de début septembre pourrait sanctionner la procédure de scission du parti, entamé jeudi par l'ancien ministre de l'énergie Panayiotis Lafazanis. Pour Alexis Tsipras, l'enjeu sera de disposer d'une majorité stable pour appliquer ce mémorandum qu'il tentera de présenter aux Grecs sous son meilleur jour et comme la seule alternative possible pour son pays.