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La Grèce détaille ses nouvelles mesures d’austérité
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(Le Monde) L'Eurogroupe du 5 octobre doit entériner les efforts d'Athènes avant le déblocage d'un prêt de 3 milliards d'euros
Le temps des élections est passé. Le gouvernement grec doit désormais se mettre au travail en lançant notamment l'application du nouveau mémorandum adopté le 14 août par le Parlement.
Les créanciers du pays (Banque centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international, Mécanisme européen de stabilité) attendent des résultats rapides. Ils ont donné au ministre des finances grec, Euclide Tsakalotos, jusqu'au prochain Eurogroupe – la réunion des ministres des finances de la zone euro – du lundi 5 octobre pour établir une liste des actions à mener prioritairement avant que ne soit débloquée une première tranche de 3 milliards d'euros de prêts d'ici à la fin novembre. Athènes aura besoin de cet argent frais pour faire face à de nouveaux remboursements au FMI en décembre.
Le gouvernement d'Alexis Tsipras s'est engagé à adopter près de 223 nouvelles mesures d'austérité dans les trois prochaines années, contre 86 milliards d'euros de prêts. Sous quatre mois, 127 mesures doivent être lancées dont près d'une soixantaine prioritaires dès octobre.
Comme par le passé, le versement de chaque nouvelle tranche sera conditionné à la bonne application des mesures exigées. Une première mission d'évaluation a ainsi commencé cette semaine avec l'arrivée à Athènes d'une première vague de représentants des créanciers venus observer dans quel état se trouve le système bancaire grec ainsi que le budget de l'Etat.Le retour de la fameuse et longtemps détestée " troïka ", devenue depuis un quartet, ne bouleverse pas outre mesure les Grecs, résignés à la mise sous tutelle économique que prévoit le nouveau mémorandum. Alexis Tsipras a répété tout au long de sa campagne qu'il respecterait ses engagements tout en soulignant qu'il n'était pas d'accord sur le fond avec cette nouvelle cure d'austérité.
Budget amendé
Un paradoxe qui rend les créanciers un peu fébriles. Ils s'inquiètent d'un éventuel manque de zèle des équipes ministérielles à appliquer une politique qu'elles continuent de critiquer ouvertement. Ils attendent donc prudemment les déclarations de politique générale du nouveau gouvernement qui n'ont toujours pas eu lieu. Depuis son élection le 20 septembre, M. Tsipras est en effet constamment en voyage. Il était au sommet européen sur les migrants le 23 septembre à Bruxelles et au sommet de l'ONU cette semaine à New York.
La liste des mesures prioritaires devait être discutée vendredi 2 octobre au niveau de l'Euroworking group, la réunion préparatoire à l'Eurogroupe. Les autorités grecques doivent avant tout présenter leur budget amendé pour 2015 et préparer celui de 2016. Selon le ministère des finances grec, les objectifs d'excédent primaire (0,25 % du PIB pour 2015 et 0,5 % du PIB pour 2016) seront tenus, voire dépassés, avec la mise en œuvre des mesures déjà adoptées en juillet et en août (relèvement de la TVA de 13 % à 23 % sur une série de biens et services, élargissement des bases de l'impôt sur le revenu, hausse des cotisations sociales, transposition de la directive sur la résolution des crises bancaires, etc.).
Plusieurs gros chantiers doivent ensuite être entrepris prioritairement. A commencer par un changement dans les régimes de retraites. Le gouvernement s'est engagé à économiser dès cette année 1 % du PIB, soit 1,8 milliard d'euros, mais les modalités pour y arriver sont négociables à la marge. Si Athènes ne veut pas d'une mesure proposée par les créanciers, elle peut lui substituer une autre mesure à revenu égal.
Privatisations
La recapitalisation des banques doit aussi intervenir rapidement. Une enveloppe de 10 milliards d'euros a été mise à disposition à cet effet en août par les créanciers. Un calendrier de réformes du marché intérieur suivant les recommandations de l'OCDE doit également être établi, notamment sur le marché des médicaments. Des professions fermées comme les notaires doivent être libéralisées. Et plus largement le cadre du marché du travail (conventions collectives, licenciements de masse) va être revu.
Sur les privatisations, enfin, le cadre légal du nouveau fonds de privatisation prévu par le mémorandum doit être adopté et certains projets en cours (privatisation d'aéroports, du port du Pirée, etc.) finalisés.
Ce nouvel effort s'annonce douloureux. En contrepartie, Alexis Tsipras veut donc obtenir rapidement une renégociation de la dette publique qui s'élevait toujours, en juin, à 312 milliards d'euros. Une façon de dire aux Grecs qu'ils ne font pas ces nouveaux sacrifices en vain. Un processus qu'il espère bien enclencher dès fin octobre mais qui dépendra de l'évaluation du quartet.
Dans un entretien au Financial Times, jeudi, Klaus Regling, le directeur du Mécanisme européen de stabilité, qui devrait très largement participer au financement des 86 milliards d'euros de prêts, a prévenu que la Grèce ne devait pas s'attendre à une large renégociation de sa dette. Les discussions n'ont pas encore commencé qu'elles s'annoncent déjà musclées.