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Le Portugal élit son nouveau président dès le premier tour
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
(afp) Les Portugais n’ont pas tergiversé. Le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, 67 ans, a remporté dimanche dès le premier tour l’élection présidentielle au Portugal, selon des résultats officiels portant sur près de 97 % des circonscriptions.
Ce professeur de droit, commentateur vedette de la télévision depuis une quinzaine d’années, recueille 52,78 % des voix, très loin devant l’indépendant de gauche Antonio Sampaio da Novoa qui obtient 22,17 % des suffrages, d’après ces résultats partiels.
Surprise à la 3e place
Marisa Matias, la candidate du Bloc de gauche, proche de Syriza en Grèce, crée la surprise en se plaçant troisième avec 10 % des voix, devant l’ancienne ministre socialiste Maria de Belem Roseira (4,27 %) et le candidat communiste Edgar Silva (3,87 %). Rebelo de Sousa, ancien président du Parti social-démocrate (centre droit), succède ainsi à un autre conservateur, Anibal Cavaco Silva, qui achève à 76 ans son deuxième quinquennat consécutif, soit la limite autorisée par la Constitution portugaise.
L’abstention a quant à elle légèrement reculé, atteignant entre 52,1 %, après un record à 53,5 % lors du dernier scrutin présidentiel en 2011.
Un seul pouvoir, mais quel pouvoir
Si le chef de l’Etat portugais n’a pas de pouvoir exécutif, il dispose d’une prérogative de poids : la dissolution du Parlement, enjeu principal d’une campagne qui a assez peu mobilisé. Mais, selon les politologues, Marcelo Rebelo de Sousa n’aurait l’intention de dissoudre le Parlement qu’en cas de crise politique ou de rupture de l’alliance inédite de la gauche née après les élections législatives du 4 octobre.
L’ancien commentateur vedette avait d’ailleurs insisté sur l'« indépendance » de sa campagne vis-à-vis de son camp politique, se montrant plutôt conciliant vis-à-vis du nouveau Premier ministre socialiste Antonio Costa, allié à la gauche radicale.
Le futur président prêtera serment le 9 mars, mais ne pourra pas utiliser son pouvoir de dissolution avant le mois d’avril, six mois après les élections législatives d’octobre, selon la Constitution portugaise.
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(Mediapart) Le professeur Marcelo Rebelo de Sousa a été élu, au premier tour, président de la République du Portugal. Une victoire attendue face à une gauche éclatée et à laquelle le PS du Premier ministre Antonio Costa, son ancien étudiant, aura apporté sa pierre.
Les conditions de l’élection, au premier tour, du professeur Marcelo Rebelo de Sousa à la présidence de la République portugaise sont, au moins à court terme, une bonne affaire pour son ancien étudiant de la faculté de droit de l’université de Lisbonne, le Premier ministre socialiste Antonio Costa, dont le parti sort pourtant étrillé d’un vote remporté pour la troisième fois consécutive par une personnalité de droite. Pour le patron des socialistes portugais, construire son pouvoir sur les ruines de son camp devient un système.
Avec 52,1 % des voix, « Marcelo », personnalité télévisuelle et caméléon politique… de droite, laisse très loin derrière son principal concurrent, l’ancien recteur de la même université, Antonio Sampaio da Novoa (22,7 %), candidat « indépendant » mais appuyé par Costa et ses soutiens au sein d’un PS une nouvelle fois divisé. Cependant, la bonne nouvelle pour le Premier ministre est la défaite retentissante de Maria de Belem Roseira, ancienne présidente du PS poussée par le camp « séguriste », du nom du précédent secrétaire général, Antonio José Seguro, évincé par Costa. Longtemps au coude-à-coude avec Sampaio da Novoa, elle termine une campagne désastreuse en quatrième position avec 4,25 % des suffrages. Autrement dit, l’opposition au sein du PS à la ligne Costa, d’alliance parlementaire avec la gauche de la gauche, sort laminée de cette élection.
L’autre événement d’un résultat largement prévisible (lire ici), c’est justement le rapport de force à la gauche du PS entre le Bloco (bloc de gauche) et le PCP, au terme d’un épisode électoral qui a vu la présidentielle suivre de très peu les législatives du 4 octobre 2015. Le léger ascendant pris en octobre par le Bloco, avec un élu de plus que les communistes, s’est transformé en succès sans appel. Marisa Matias, la candidate de la gauche de la gauche non communiste, au terme une nouvelle fois d’une excellente campagne, arrive en troisième position, avec 10,1 % des suffrages, dans le haut de la fourchette qu’indiquaient les derniers sondages. En dépit de ce succès relatif, elle a reconnu que l’objectif premier de son combat, contraindre Marcelo à un second tour nécessairement plus ouvert, n’avait pas été atteint.
Son score est à comparer aux 3,9 % seulement d’Edgar Silva, le prêtre défroqué choisi par le PCP pour porter ses couleurs. Or, les premiers mois de fonctionnement de l’alliance de gauche laissent penser que le Bloco sera pour Antonio Costa un allié plus confortable que le PCP, quand les vraies difficultés commenceront. À noter que le candidat de la CDU, la feuille de vigne frontiste du PCP, est même talonné par Vitorino Silva, « calceteiro » (artisan spécialisé dans les pavements « à la portugaise ») dont la candidature venue de nulle part a attiré 3,29 % des votants. La question est de savoir comment cet échec brutal pèsera dans l’attitude du PCP vis-à-vis d’un gouvernement socialiste minoritaire dont la survie dépend du soutien du groupe parlementaire communiste.
À 51,22 %, l’abstention ne recule que très légèrement par rapport au record enregistré en 2011, lors de la reconduction pour un second mandat du président sortant, Anibal Cavaco Silva. Peut-être parce que le résultat était presque acquis d’avance, étant donné l’immense avantage de notoriété de Marcelo, une télé-personnalité avec qui les Portugais avaient rendez-vous tous les dimanches soirs depuis une vingtaine d’années pour une « analyse » de la situation politique. Mais aussi parce que la défiance en Europe vis-à-vis de la classe et des institutions politiques n’épargne pas le Portugal, en dépit de l’échec général des candidatures populistes.
Ayant pris soin pendant toute sa campagne de se distancier de sa famille politique d’origine, la droite, en tenant un discours consensuel remarquable de vacuité, Marcelo s’est offert le luxe de reprendre dimanche soir, dans son discours d’acceptation prononcé dans le foyer de la Aula Magna de l’université de Lisbonne, une phrase deGrândola Vila Morena, la chanson de Zeca Afonso identifiée avec la révolution d’avril 1974 : « C’est le peuple qui commande »… « et qui m’a fait l’honneur d’être élu président de la République », a-t-il lancé. Avant qu’Antonio Costa ne vienne, depuis le siège du gouvernement, le féliciter pour son élection, cachant mal sa satisfaction.