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Quels sont les risques des pesticides pour notre santé ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A l'occasion de la diffusion de l'émission "Cash Investigation" consacrée aux produits phytosanitaires, francetv info vous détaille les conséquences sur la santé de ceux qui les utilisent et de ceux qui les subissent.
Ils sont dans l’air, sur nos légumes, dans nos placards. Les pesticides ne se voient pas à l’œil nu, mais font partie de notre quotidien. Or ces substances phytosanitaires – herbicides, insecticides ou fongicides – ne sont pas anodines. Non contentes d'avoir des effets nuisibles sur l'environnement, elles ont également un impact sur notre santé.
>> CARTE. Quels pesticides dangereux sont utilisés près de chez vous ?
A l’occasion de la diffusion de l’émission "Cash Investigation" spécial pesticides, mardi 2 février sur France 2, francetv info s’est intéressé aux conséquences de ces molécules sur la santé humaine, selon qu'on est agriculteur, voisin d'une zone agricole ou consommateur de produits végétaux.
Les risques pour les professionnels
Pourquoi sont-ils exposés ? En manipulant, pulvérisant ou respirant des produits phytosanitaires, les professionnels se retrouvent particulièrement exposés. Agriculteurs, viticulteurs, mais aussi concepteurs de pesticides forment ainsi l'une des catégories les plus à risques et les plus surveillées en la matière.
Que disent les scientifiques ? De nombreux travaux tendent à montrer l'implication des pesticides dans la survenue de certaines pathologies. En juin 2013, l'Inserm a publié une synthèse (PDF) d'études basée sur trente ans de travaux épidémiologiques et toxicologiques, menés sur une population professionnelle. Le rapport met en évidence une quinzaine de pathologies dont le lien présumé avec les pesticides est classé en trois niveaux de preuves scientifiques : fort, moyen (contradictions dans les études) et faible (pas assez d'études).
Ainsi, les données récoltées font apparaître un lien fort entre l'exposition professionnelle aux pesticides et l'apparition de la maladie de Parkinson, d'un lymphome non hodgkinien, d'un cancer de la prostate ou d'un myélome multiple (sorte de cancer du sang). Selon le docteur Pierre-Michel Périnaud, président de l’association Alerte des médecins sur les pesticides, contacté par francetv info, "il existe aussi des preuves assez fortes pour les leucémies ou encore la maladie d'Alzheimer ou d'autres troubles cognitifs". Les études ne sont, en revanche, pas assez nombreuses à propos des troubles de la fertilité ou de l'apparition de maladies rares, comme le cancer des testicules ou les tumeurs cérébrales.
Les travaux de l'Inserm montrent surtout que les adultes professionnels ne sont pas les seuls concernés. Leurs enfants, exposés in utero ou très jeunes, peuvent aussi en subir les conséquences. Ainsi, la synthèse établit un lien entre l'exposition de professionnelles pendant la grossesse et la survenue de tumeurs cérébrales, de leucémies, de malformations congénitales ou encore de troubles neurodéveloppementaux chez leurs enfants. "C'est du solide. Pour les leucémies, par exemple, l'Inserm a passé à la loupe 75 à 80 études. Il a fait un énorme boulot qui donne un certain niveau de connaissance du problème", souligne Pierre-Michel Périnaud.
Que peuvent-ils faire pour se protéger ? Pour les professionnels, la clé du problème réside dans… leur travail. Les agriculteurs se retrouvent très exposés pendant les périodes d'épandage. "On les incite à prendre des précautions et revêtir un équipement de protection", indique Pierre-Michel Périnaud. Mais, pour ce médecin généraliste, ce n'est pas suffisant : "Des études ont montré que cela n'était pas toujours très efficace et parfois mal adapté." Il appelle donc les pouvoirs publics à "limiter l'usage de produits que l'on sait toxiques".
Les risques pour les riverains
Comment sont-ils exposés ? Les habitants voisins de domaines agricoles sont eux aussi concernés par les pesticides qui, après un épandage, vont être transportés dans l'air. La contamination peut se faire par voie respiratoire. Les enfants vivant à proximité de zones agricoles risquent également de toucher des plantes aspergées de gouttelettes de pesticides, puis de mettre les mains à leur bouche. De la même manière que pour les enfants de professionnels, ils peuvent aussi être exposés lors de la grossesse, "les pesticides passant la barrière placentaire".
Que disent les scientifiques ? "Dans cette deuxième catégorie, on ne sait pas grand-chose pour les adultes car les études ont surtout été menées sur l'enfant", remarque Pierre-Michel Périnaud.
Ainsi, selon certains travaux compilés par l'Inserm, les enfants exposés in utero semblent plus susceptibles de développer des leucémies, des malformations congénitales ou des troubles neurodéveloppementaux. "Grosso modo, on retrouve le même profil entre ces enfants et les enfants de professionnels", souligne le médecin.
Que peuvent-ils faire pour se protéger ? "Il faut se poser des questions et se rapprocher d'associations afin d'alerter les pouvoirs publics", répond Pierre-Michel Périnaud. Objectif : que les autorités prennent des mesures de précaution, comme l'installation de haies ou de filets brisants. Mais, là encore, leur efficacité "n'est que partielle", remarque le médecin. "Il faut des actions sur la contamination, sans attendre d'avoir trente ans d'études pour prouver un lien de cause à effet !"s'agace Pierre-Michel Périnaud, qui préconise aussi des tests sur l'urine des riverains pour connaître la véritable imprégnation en pesticides de leur organisme.
Les risques pour les consommateurs
Comment sont-ils exposés ? Les pesticides ne s'arrêtent pas au champ. Ils pénètrent dans les sols, mais aussi (et surtout) dans les plantes, fruits et légumes qu'ils traitent. C'est donc en mangeant des aliments traités que les consommateurs se retrouvent exposés aux produits phytosanitaires. Ils le sont aussi chez eux, à faible dose, lorsqu'ils utilisent des herbicides pour leur jardin ou des insecticides dans leur maison.
Que disent les scientifiques ? Pour le moment, difficile d'avoir une idée claire sur les risques encourus par le consommateur. "On n'a rien pour dire qu'il y a un effet de risque ou pas", relève Pierre-Michel Périnaud. En effet, les études sont peu nombreuses sur le sujet.
Toutefois, l'Institut de veille sanitaire a publié, en 2013, un rapport (PDF) sur le niveau d'exposition de la population française aux pesticides. L'étude porte sur près de 400 personnes, âgées de 18 à 74 ans, et étudie trois familles de pesticides : les organochlorés (pour la plupart désormais interdits mais persistants dans l'environnement et l'organisme), les organophosphorés et lespyréthrinoïdes (utilisés pour leur action insecticide). Ses conclusions montrent que la population française est largement imprégnée (à 90%) par les organophosphorés et les pyréthrinoïdes. "Les personnes le sont sans aucun doute à des taux faibles, mais ces chiffres nous inquiètent beaucoup car, parmi ces pesticides, certains sont des perturbateurs endocriniens. Et le risque ne dépend donc pas de la dose, mais de la période à laquelle on se retrouve imprégné", souligne Pierre-Michel Périnaud. Selon lui, la grossesse et l'enfance (jusqu'à la fin de la puberté) sont donc des moments où il faut être particulièrement vigilant.
Que peuvent-ils faire pour se protéger ? Pour Pierre-Michel Périnaud, la méfiance doit être de mise vis-à-vis des perturbateurs endocriniens, surtout s'il s'agit d'un couple qui envisage d'avoir un enfant. Le médecin préconise ainsi des actions simples comme "se mettre au bio".