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F. Johsua: "L’adieu au grand soir des militants révolutionnaires"

Lien publiée le 3 mars 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Mediapart) Dans son livre Anticapitalistes, une sociologie historique de l'engagement(éditions La Découverte), la chercheuse Florence Johsua décrit les parcours et les motivations des militants de la Ligue communiste révolutionnaire, puis du NPA, de 1966 à 2009. Et suit leurs désillusions successives, jusqu'à ne plus tellement croire à la révolution.

Qui sont les militants révolutionnaires ? D'où viennent-ils ? Où travaillent-ils ? Avec quelles motivations ? Pour répondre à ces questions, Florence Johsua, docteure en sociologie politique, actuellement chargée de cours à l'université de Lausanne, a travaillé plusieurs années sur les adhérents de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), devenue en 2009 le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), avant de sombrer dans la marginalité après plusieurs vagues de départs. En plus des traditionnels entretiens, elle a eu accès à un matériel inédit, les cartes d'adhérent instaurées en 2002 et une série de questionnaires remplis par les militants.

En ressort un portrait fouillé de cette petite organisation, dont l'audience a souvent été bien plus importante que sa réelle force de frappe militante. La LCR a ainsi longtemps été caricaturée comme un « parti de profs », déconnectés du salariat et de la précarité, ou de « marginaux », hors du monde du travail. Les militants de la LCR n'ont jamais été des exclus, statistiques à l'appui, répond Johsua, dans Anticapitalistes, une sociologie historique de l'engagement (éditions La Découverte). « Ils apparaissent massivement intégrés par le travail, partie prenante de la société qu'ils entendent transformer », écrit la chercheuse.

Et si elle confirme une « surreprésentation des professions intellectuelles supérieures »(34,6 %, en grande majorité des enseignants, des militants de la LCR en 2003, contre 7,9 % pour l'ensemble de la population), elle décrit l'hétérogénéité sociale des militants, notamment issus du secteur social (éducateurs, personnels hospitaliers, employés…), renforcée par le bon score d'Olivier Besancenot à la présidentielle de 2002, puis la création du NPA en 2009.

En témoignant, entretiens à l'appui, des parcours de militants, Florence Johsua explique également comment ceux-ci ont peu à peu assumé de voir « l'horizon révolutionnaire »s'éloigner. Au contraire de la génération des années 1970, convaincue qu'elle pourrait vivre le grand soir, les militants des années 2000 ont raconté à la chercheuse comment ils ont trouvé d'autres ressorts pour s'engager, notamment le soutien à des revendications plus concrètes, de court terme, sur de nouvelles batailles, comme l'écologie ou l'altermondialisme…

« Fragilisées par la crise des référents théoriques qui leur ont fourni leurs noms, leurs mots d'ordre et leurs costumes, [les gauches radicales] apparaissent aujourd'hui orphelines des certitudes stratégiques et programmatiques antérieures, mais également allégées du poids de ces modèles. […] Cet héritage sans testament ni mode d'emploi, qui puise sa source dans la longue histoire du mouvement ouvrier, chemine sur de nouveaux sentiers de l'utopie », écrit Johsua en conclusion. Même si elle semble bien lointaine aujourd'hui.

Anticapitalistes, une sociologie historique de l'engagement
Florence Johsua
Éditions La Découverte, 2015
282 pages, 23 euros

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