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La manipulation politique des masses populaires (à partir de G. Anders)

Lien publiée le 4 mars 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.alger-republicain.com/La-manipulation-politique-des.html

Le penseur et essayiste d’origine allemande Günther Anders a écrit en 1956 dans « L’obsolescence de l’homme », un ouvrage pas très médiatisé, ces observations d’une extraordinaires lucidité après plusieurs années passées aux Etats-Unis :

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.

Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu’il faudra entretenir) sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »

Il est connu des militants anti-capitalistes les plus expérimentés que pour maintenir les travailleurs et les masses populaires sous le pouvoir de la bourgeoisie, ses stratèges usent à fond des techniques de propagande les plus raffinées et les plus subtiles à travers les médias et l’ensemble des appareils de bourrage des crânes. La critique de ces méthodes par Günther Anders est l’une des plus fines et des plus éloquentes que l’on peut lire sous la plume d’écrivains non marxistes. Immergé dans l’univers idéologique du pays capitaliste le plus puissant et le plus avancé sur le plan technologique, les USA, son esprit sceptique lui permit d’observer avec beaucoup de perspicacité toutes les techniques d’apparence inoffensives mises au point par la propagande bourgeoisie moderne. Les ouvriers qui prennent conscience de leur situation de classe exploitée et dominée y trouveront confirmation de ce que le mouvement ouvrier marxiste a de tout temps dénoncé.

D’origine allemande, Günther Anders a vécu de 1902 à 1992. Son vrai nom est Günther Siegmund Stern. En raison de ses origines juives, il subit le climat d’antisémitisme exacerbé par la montée du nazisme. Bertolt Brecht l’aida à trouver un travail dans un journal alors que toutes les portes lui étaient fermées. Le célèbre dramaturge communiste qui fit, dans ses œuvres magistrales, la critique la plus acérée et la plus éclairantes du régime nazi, ne partageait pas pour autant les fondements philosophiques de sa pensée. Günther Anders fuit son pays en 1933 après que Brecht, inquiété par les nazis, se décida à partir au Danemark. Il s’installe à Paris avant de chercher refuge en 1936 aux USA où il mit un temps ses talents au service de l’armée américaine en rédigeant des appels et des écrits destinés à encourager le peuple allemand à se soulever contre ses tyrans. Mais sa collaboration ne dura pas longtemps parce qu’il découvrit rapidement que les motivations politiques réelles des USA n’étaient pas anti-fascistes. Il fut ensuite profondément choqué par le bombardement des villes d’Hiroshima et de Nagasaki. Il rallie le mouvement pacifiste contre l’arme atomique et fut membre du jury du tribunal Russell.

Günther Anders dénonce « l’homme marchandise ». Toutefois il ne pousse pas la réflexion jusqu’à remettre en question le système capitaliste dans son essence même.

Le fait paradoxal est que l’auteur de ces lignes très instructives fut lui-même intoxiqué par la propagande anti-soviétique de la bourgeoisie puisqu’il goba le thème du « goulag » sans esprit critique, sans tenter de voir plus clair dans le thème martelé par les adversaires du socialisme. Ce n’est pas étonnant parce que sa critique des méthodes de propagande développées par les chiens de garde de la bourgeoisie n’était pas allée au fond des choses. Il n’a pas vu le lien reliant ces méthodes à leur finalité qui est de préserver le système contre toute velléité de remise en cause par ceux qu’il exploite. Il n’a pas vu que la force de ces méthodes ne tient pas au génie pervers de ceux qui les élaborent ou à la faiblesse d’esprit de leurs victimes mais résulte avant tout du fondement sur lequel repose le régime capitaliste : la propriété privé des moyens de production. Celle-ci maintient la grande masse des travailleurs dans une situation de domination matérielle telle que non seulement ils sont dans un état d’infériorité dans l’accès à la culture mais ils sont hantés aussi par la peur de perdre leur gagne-pain s’ils se rebellent contre ce système.

La répression bourgeoise est toujours impitoyable. Avant d’appeler l’Etat à brandir la matraque et même à tirer dans le tas, les patrons capitalistes remettent de l’ordre en mettant à la porte les insoumis. On aurait intérêt à voir le beau film « Une histoire populaire des USA » adapté de l’ouvrage du même nom de l’historien américain Howard Zinn, lequel a démystifié la prétendue démocratie américaine en montrant comment la bourgeoisie US a noyé dans le sang les révoltes ouvrières. Avant d’en arriver à recourir au mitraillage, l’arsenal des lois offre aux capitalistes tous les moyens « pacifiques » pour punir les contestataires. Les discours sur les lois sociales protectrices des droits syndicaux ne trompent que ceux qui ne vivent pas la réalité de l’exploitation capitaliste. Dès que la « ligne rouge » est franchie, que le mouvement ne se limite plus à revendiquer des augmentations de salaires ou de meilleures conditions de travail, haro sur ceux qui de l’intérieur des usines tentent de contester la propriété bourgeoise !

De plus, la domination économique des travailleurs, l’intensité et le rythme de travail imposé par les patrons les use physiquement, nerveusement et moralement. Cette condition d’infériorité économique et le degré sans cesse plus poussé de l’exploitation produisent d’eux-mêmes un état d’abrutissement intellectuel tel que son effet est de tétaniser la grande masse des exploités. Quand et comment peuvent-ils trouver le temps et la force de lire après une dure journée de travail les ouvrages qui expliquent les mécanismes de l’exploitation et leur donnent confiance dans leur force pour changer les choses ? Et de réfléchir, d’étudier les moyens d’en finir avec leur condition, de se tracer le chemin à suivre pour supprimer le système qui s’approprie le fruit de leur travail et le remplacer par un système socialiste où l’exploitation est bannie à la racine ?

  • C’est lorsque l’antagonisme économique qui oppose la bourgeoisie au prolétariat atteint son point d’exacerbation le plus élevé,
  • C’est dans les situations de confrontation économique extrême entre les exploiteurs et les exploités, quand la situation devient révolutionnaire, quand le travail idéologique inlassablement effectué par l’avant-garde politique de la classe ouvrière pour propager l’idée de la nécessité d’en finir avec ce régime commence à donner ses fruits, que les travaillent en arrivent alors à oser briser leurs chaînes, à commencer par se libérer de celles qui anesthésient l’esprit et la volonté

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http://www.alger-republicain.com/La-manipulation-politique-des-2329.html

Les méthodes décrites et dénoncées par Günther Anders ne sont pas anodines et sans conséquences.

Encore plus fortement et plus systématiquement aujourd’hui qu’en 1956, toutes ces techniques sont appliquées à la lettre par les pouvoirs en place du système capitaliste.

Par ce stratagème, les dirigeants des puissances impérialistes ont entre leurs mains des pouvoirs colossaux pour manipuler les masses populaires. Un véritable arsenal idéologique et diabolique dirigé contre son principal ennemi, la classe ouvrière. La lutte des classes n’est pas un vain mot ou une invention sortie du chapeau d’un penseur coupé de la vie. Pour comprendre les lois mises en place par les pouvoirs capitalistes, il faut impérativement les analyser à partir du concept de lutte des classes. A sa façon Günther Anders a donné une parfaite illustration de la thèse formulée par Marx selon laquelle « les idées dominantes sont celles de la classe dominante ».

Toute l’organisation de la société est formatée suivant la doctrine idéologique du système capitaliste. On ne peut comprendre autrement comment il se fait que dans tous les pays où le système capitaliste règne en maître, les bourgeoisies, y compris chez nous, détiennent un pouvoir absolu et sans partage tout en étant minoritaires. Ce ne sont que de véritables dictatures de la bourgeoisie et les élections que l’on prétend démocratiques n’y changent rien. Ce sont bien des minorités qui détiennent tous les pouvoirs.

Les quelques éléments de réflexion qui suivent nous permettent de comprendre pourquoi la grande masse des travailleurs n’en est pas encore arrivée à prendre confiance dans ses forces immenses. Elle arrivera nécessairement un jour ou l’autre à découvrir sa capacité à prendre le pouvoir pour construire une société plus juste après avoir chassé toutes ces bourgeoisies parasitaires, compradores, affairistes, etc. qui ruinent les pays, provoquent des guerres désastreuses et des drames humanitaires comme on n’en avait jamais vu dans l’histoire pré-capitaliste.

L’enseignement et l’éducation : pervertis par le conformisme au service des classes possédantes

Pour perdurer, le système capitaliste a besoin d’être servi par des dirigeants compétents et convaincus de haut niveau. Pour cela, le système s’est doté d’une machine redoutable de manipulation et de formatage de l’éducation et de l’enseignement toutes disciplines confondues. Dès leur plus jeune âge les enfants sont éduqués toujours dans le même sens : ne jamais remettre en cause le système « libéral », qualificatif aseptisé, moins choquant que capitaliste ou de bourgeois. On fait croire aux enfants qu’ils font partie du « monde libre et des droits de l’Homme ». On se garde bien de préciser que cela concerne uniquement la libre entreprise et la libre exploitation sans limite de l’homme par l’homme. Dans les livres de l’éducation, mises à part les mathématiques et les sciences de la nature, la géographie et l’histoire, en particulier et même les autres matières, sont enseignées suivant la conception des stratèges du capitalisme mondial en conformité avec l’idéologie de la bourgeoisie. Il ne faut surtout pas employer des mots qui fâchent. Les livres d’histoire et de géographie utilisés dans l’enseignement, produits par de grands groupes monopolistes, souvent à dimension multinationale, sont remplis d’anomalies et de confusions introduites, tantôt habilement tantôt grossièrement, et surtout d’assertions révisionnistes de l’histoire. Telles que celles qui mettent sur le même plan communisme et nazisme comme si ce régime n’a pas été mis en place par la bourgeoisie allemande pour terroriser les travailleurs, réduire les peuples en esclavages afin d’amasser de fabuleux profits.

Les programmes d’enseignement sont élaborés par les idéologues de la bourgeoisie et la moindre formulation va dans le sens de la soumission aux idées dominantes. Rien n’est laissé au hasard, tout est classé et rangé dans des cases bien définies et ressassé à outrance en direction de l’individu pendant toute sa scolarité. L’élitisme est la règle. Voyons ce qui se passe dans les grandes universités et facultés renommées du monde capitaliste : Berkeley, Oxford, Cambridge, ENA, West-point, Stanford, Yale, Harvard etc. et bien d’autres.

Tout d’abord qui accède dans ces établissements et à quel prix ?

Prenons la situation représentative des étudiants aux USA, mais c’est le même processus qui se répand dans tous les pays capitalistes. Pour s’inscrire dans des universités privées d’élites américaines, la moyenne des frais de scolarité est de 26 000 $ par an. Mais pour les universités très cotées, il faut compter en moyenne 40.000 $ pour étudier à Stanford, 45.000 $ à Yale et 50.000 $ par an à Harvard, etc. Et même dans les institutions publiques, il faut quand même entre 6000 $ et 10.000 $ par an. Les plus prestigieuses universités publiques, les seules à livrer une formation valorisable sur le « marché du travail » exigent des frais supérieurs à 15.000 $ par an. Les travailleurs peuvent-ils accéder à ces établissements ? La réponse à cette question saugrenue découle d’elle-même. Il faut beaucoup d’argent. Les statistiques sont formelles, même pas 1% d’étudiants d’origine ouvrière. Ainsi on constate que les pauvres et les travailleurs n’ont pas la possibilité d’étudier dans ces grandes universités et facultés du monde capitaliste. Tout un pan de la société reste sur le carreau et c’est parmi la population majoritaire. Donc, la majorité de la population reçoit un enseignement au rabais. C’est bien une minorité sortie des milieux aisés, convaincue surtout des bienfaits de son système, décidée à le défendre bec et ongles, qui a le privilège d’accéder aux grandes écoles du monde capitaliste. Ce sont donc les enfants des grandes bourgeoisies, de quelques cadres, une partie des couches moyennes, etc., qui peuvent étudier dans ces prestigieuses universités.

Quant aux enfants du peuple considérés comme « les plus doués », le système leur offre la possibilité de poursuivre des études, mais à condition qu’ils acceptent de s’endetter auprès des banques pour obtenir l’argent nécessaire au paiement de leurs études. Ils auront ensuite à régler le principal et les intérêts. Le lourd endettement auquel ils se sont astreints les obligera à devenir des auxiliaires et même des défenseurs zélés du système capitaliste. Les difficultés qu’ils rencontreront pour rembourser l’emprunt sont inouïes. La perte de leur emploi les plonge dans l’enfer de la paupérisation et de la persécution des créanciers. Mais on leur donne l’illusion que la « démocratie américaine » leur permet de s’instruire sans leur dire qu’ils seront enchaînés pour toute la vie au système capitaliste.

L’élitisme est donc flagrant. Ce sont bien les riches qui dirigent les pays. Dans le monde capitaliste, c’est bien le fric et non l’intelligence qui est le facteur de régulation de la société. Un travailleur, sauf exception, a peu de chance d’accéder à des postes clef de l’économie du système capitaliste. Pour le travailleur, il ne faut surtout pas qu’il soit trop instruit. Il pourrait constituer le « grain de sable » qui fait grincer le bon fonctionnement du système capitaliste. Le travailleur doit-être malléable et servile. Toute la propagande est mise en œuvre pour que le travailleur ne comprenne pas les lois historico-sociales qui régissent le monde capitaliste. Cherchons un ouvrier dans les assemblés élues des pays capitalistes, y compris chez nous, censées représenter le peuple. Il ne faut pas s’étonner si on n’en trouve pas.

La question qu’il faut poser est qui représente les travailleurs alors qu’ils sont majoritaires ? Ce ne sont certainement pas les directions syndicales réformistes inféodées au patronat. Chez nous non plus. Ni l’UGTA qui se définit sans honte comme syndicat du pouvoir, ni le PT, parti dit des travailleurs, toléré par le pouvoir. Leur rôle est uniquement de canaliser la contestation et les revendications. La compromission de classe est leur leitmotiv.

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S. Djigri

01.03.16