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Point de vue image de classe: Une question de hashtag valeur

Lien publiée le 12 mars 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://vosstanie.blogspot.fr/2016/03/point-de-vue-image-de-classe-14-une.html

Point de vue image de classe (14) 
Une question de hashtag valeur

L’actualité ne semble avoir aucun impact sur le lieu ou l’on "m’occupe" pour que je puisse récolter quelques fonds pour payer mes charges fixes et autres dépenses superflues voire ostentatoires.... Mes collègues même pas trentenaires s’occupent quant à eux d’organiser une visite collective chez un hypnologue dans un superficiel élan hygiéniste et anti-tabagique, aussi soudain que le week-end fut court, ainsi que des sorties festives qu’ils souhaitent récurrentes avec le futur patron.

Dans ces conditions aborder la question du 9 mars était presque inutile. Une tentative à la pause cigarette du matin où la question du temps qu’il fait vient chasser cet épineux sujet, celui qui est susceptible de dévoiler son rapport au monde et aux autres, ceux du quotidien.

Le sujet de la "grève" ne semble même pas tabou puisqu’ils étaient allés manifester il y a quelques mois, sur ordre et pression (propre à la logique de troupe) pour des revendications patronales touchant à leur secteur d’activité.

En ce qui me concerne ma réputation est déjà faite. Une sorte d’écolo, fumeur de pétard un peu trop philosophe pour être honnête et trop en marge du “groupe” grâce à ma fonction de subalterne qui m’aide en cela plutôt bien. C’était d’ailleurs le but de ce job, éviter le plus possible de mettre la main dans la machine infernale tout en arrivant à payer mes factures.

Mais au fur et à mesure de mes discussions, et pour me départir de mon approche parfois méprisante, je dois quitter une analyse qui se veut trop caricaturale.

L’effet de groupe vient moyenniser les propos, le lieu s’y prête, le rapport de force également. Les situations sont toutes particulières. C’est en grattant un peu plus les histoires personnelles qu’on s'aperçoit assez vite dans quellecage d’acier nous nous trouvons tous.

Je ne peux manquer de constater ce cœur à l’ouvrage et cette volonté de sur-jouer l'intérêt pour le travail où l’on feint pour certain de s’intéresser à ce que l’on fait pour chasser l’ennui, conjurer le stress et se prouver que l’on “vaut” quelque chose.

Cette “valeur”, ce désir de reconnaissance que nous cherchons, c’est aussi se dire peut-être que l’#onvautmieux que ça ? “souhait” dicté par le fait que le travail n’est que le seul biais par lequel on puisse l’exprimer, s’exprimer, s’insérer et être aux Autres comme pour soi, une marchandise qui se “valorise” et aura encore plus de chance dans le futur de se vendre. Il ne reste plus qu’à s’acheter de la “valeur” des qualités, ce qui nous permettra de prolonger le simulacre et la simulation.

Que la réponse de masse à la “loi travail” se fasse sous le signe de sa propre “valeur” ou du “mérite” indique donc que c’est sur deux fronts qu’il s’agit d’opérer une critique communiste forte:

        - Celle de l’idéologie du travail qu’il nous faut reprendre non pas sous la bannière d’une pose petite-bourgeoise. Celle qui consiste à ne pas vouloir "bosser" (1) grâce à l’argent de papa ! Et qui fait de son éthique individuelle et slogan a-historique une pratique qui bien souvent se transforme en une morale aristocratique gonflée de morgue et bien vite dégonflée par le retour du réel... Rien de possible si l’on ne pense pas à se débarrasser du Travail de manière historique. Du travail aliéné, séparé, soumis. Dont on ne peut rien garder y compris dans ses aspects les plus sociaux ou les plus “constructifs” tant il est lié à la logique d’accumulation et à la socialisation marchande.

          - De l’idéologie du “mérite” et de ce qu’elle sous-entend en négatif à savoir que certains ne “mériteraient pas” parce qu’ils seraient, non solvables non “utilisables” non rentables. La logique du “déchet” encombrant et à évacuer n’est jamais loin. Il se trouvera peut-être quelque vert-rouge-brun-orange pour nous re-vendre de “l’inutile” à recycler pour alimenter de manière rédemptrice la boucle marchande sans l'interroger jusqu’au bout.

Non merci!” peut-on lire ici et là à propos de cette “Loi travail” accompagné du hashtag qui lui est accolé et qui contracte ces deux mots en un seul, qui porte en lui une signification assez intéressante. Le travail c’est bien la grande domestication humaine qui impose son ordre, sa Loi. Le rapport social porte en lui une Loi. La Loi c’est le Travail, Le Travail c’est la Loi. (2) Il nous faudra donc nous débarrasser des deux sous peine que l’un ne vienne systématiquement convoquer l’autre. Il ne sera pas superflu de le rappeler surtout quand on nous dit déjà que la "Liberté" (de consommer) c'est le Travail, pour nous éviter d'entendre ensuite que le Travail c’est la Liberté (3) 

NOTES

(1) Ce qui est d'ailleurs fort légitime....mais qui arrive surtout malgré soi, le plus souvent. Quant à l'idéologie du "choix" il s'agit d'une soupe déjà servie par l'idéologie dominante. Il s'agit donc ici d'une analyse de classe. 

(2) On évitera de mélanger comme toujours le travail comme "valeur" comme "possibilité" d'épanouissement personnelle par exemple et la Loi de la valeur : qui veut que la valeur d'échange d'une marchandise soit déterminée par le temps de travail socialement nécessaire à sa production.

(3) Voir à ce sujet la flippante analyse/proposition de Franck Fischbach dans: Le sens du social. Les puissances de la coopération. Lux éditeur - 2015