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Marco Ferrando sur reconfiguration du champ politique en Italie
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Un véritable tremblement de terre. En Italie, les populistes du Mouvement Cinq Etoiles, M5S, de l’ex-comique Beppe Grillo, ont confirmé, au second tour des élections municipales de dimanche dernier, leurs scores du premier tour, allant même jusqu’à arracher les mairies de Rome et de Turin. Pour le Premier-ministre de « centre-gauche », Matteo Renzi, grand ami de Manuel Valls, il s’agit d’un sérieux revers. C’est ce sur quoi revient, pour Révolution Permanente, Marco Ferrando, membre de la direction du Parti Communiste des Travailleurs.
Le renzisme est en crise, c’est sûr, souligne Marco Ferrando. « Il ne s’agit pas d’une crise irréversible, au jour d’aujourd’hui, mais on peut dire qu’il s’agit d’une crise de son espace politique et de la forme politique particulière qu’il a adopté. Le renzisme, en effet, représente une formule politique distincte par rapport aux gouvernements précédents. Mario Monti [et son gouvernement de technocrates, qui avait pris la place de Silvio Berlusconi après son débarquement, à l’automne 2011] conduisait un gouvernement de ‘notaires’. Il s’agissait des notaires du capital financier. Alors, bien entendu, Renzi est au service du capital financier et du capital industriel : il suffit de songer aux contre-réformes qu’il a pilotées, à commencer par l’abolition de l’Article 18 [du Statut des Travailleurs, un obstacle de moins pour le patronat sur le front des licenciements]. Mais, de surcroît, Renzi défend un projet particulier, en propre : un projet institutionnel, centré sur sa propre personne, visant à concentrer les pouvoirs.
La crise du bonapartisme renzien
C’est en ce sens, d’ailleurs, que nous avons défini le renzisme comme un bonapartisme. Il s’agit d’un bonapartisme qui s’est renforcé en réalisant un certain nombre de concessions, certaines absolument vulgaires, à l’instar du chèque de 80 euros, destiné à 10 millions d’Italiens, ou aux 500 euros versés aux jeunes adultes de 18 ans. Mais ses marges de manœuvres, en termes de concessions, se sont réduites.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte, pour expliquer cette réduction de son espace politique : la crise, tout d’abord, mais également la restriction de ses marges budgétaires au regard de Bruxelles qui explique qu’il ne peut plus financer ses projets. Aujourd’hui, il se consacre à une série de cadeaux fiscaux en direction des entreprises et du capital, mais pour ce qui est du travail, il a tiré toutes ses cartouches.
Le problème, pour Renzi, c’est qu’avec ce revers électoral, il est dans une situation compliquée pour affronter la prochaine séquence électorale qui devrait se dessiner début octobre, avec le referendum constitutionnel et dans lequel il avait déposé tous ses espoirs. Ce référendum, qui a pris des allures de plébiscite [et qui se joue autour de la « simplification » du cadre institutionnel italien, laissant de côté les travers hérités de la I et de la II République], est censé le consacrer comme Bonaparte. Aujourd’hui, le pari s’avère beaucoup plus risqué.
Le renzisme, en réalité, représentait pour la bourgeoisie une sorte de bouclier de protection contre d’autres formes de populismes, à commencer par le Mouvement 5 Etoiles et le salvinisme [du nom de Matteo Salvi, qui conduit la coalition d’extrême droite que constituent la Ligue du Nord et le mouvement ‘Fratelli d’Italia’, dans le Centre et le Sud de la péninsule]. Cette digue, aujourd’hui, a cédé et, pour la bourgeoisie, c’est une réelle source de préoccupation ».
Le M5S, de gauche ou de droite ?
Le Mouvement Cinq Etoiles de l’ex-comique Beppe Grillo représente, pour beaucoup d’analyste, une sorte d’OVNI politique. Pour Ferrando, le « M5S a su capitaliser une crise sur fond de combinaison extraordinaire de différents facteurs politiques. Il y a tout d’abord l’essoufflement du renzisme, mais également la crise du centre-droit qui est complètement désarticulé depuis la crise d’hégémonie du berlusconisme, et, bien entendu, la crise de la gauche politique. L’électorat populaire du Parti Démocrate a abandonné le PD sur la question du renzisme mais n’a trouvé aucune boussole à gauche. Il a donc reflué en direction du M5S.
Si le M5S est le parti majoritaire chez les chômeurs qui se rendent aux urnes, aujourd’hui c’est le parti pour lequel la classe ouvrière industrielle vote le plus. Il récolte 40% des voix chez les moins de 45 ans, et c’est le parti majoritaire chez les jeunes ».
Pour Ferrando, le M5S représente un « mouvement réactionnaire de masse. Il ne faut pas oublier que, parmi l’un de ses objectifs, on trouve l’abolition de toute forme de représentation syndicale, en tout cas telle qu’elle existe. Les victoires aux municipales de Rome et Turin montre que le M5S a le vent en poupe et vise d’autres objectifs. Sur 20 villes où le M5S était présent au second tour, il a remporté la mairie dans 19 d’entre elles. Avec cette capacité d’attraction transversale de l’électorat, le M5S complique considérablement les projets de Renzi ».
Explosion ou implosion ?
Le contexte italien, selon Ferrando, est loin d’être comparable à ce qui se passe de l’autre côté des Alpes : « le mouvement ouvrier traverse une crise très profonde. 80 à 90% de ce que l’on pourrait appeler le ‘marché électoral populaire’ est trusté par les réactionnaires du M5S, par le renzisme ou par la version italienne du lepénisme, en l’occurrence Salvini et les siens. Cela donne une idée du niveau de recul dans lequel se trouvent le mouvement ouvrier et la gauche politique.
Et pourtant, il y aurait des raisons de lutter. Il suffit de penser au fait que les fiches de paie, dans le public, sont gelées depuis 7 ans, que Confindustria [le Medef italien] s’est lancé dans une attaque en règle contre le système des Conventions Collectives, à commencer par celle des métallos, et que le budget rogne massivement sur les dépenses sociales, la Santé, notamment, alors qu’une nouvelle attaque sur le front des retraites se profile.
Mais en dépit de cette situation, il faut prendre en compte le fait que la gauche politique est quasi inexistante. Les directions syndicales confédérales, à commencer par celle de la CGIL [la CGT italienne], la seule organisation de masse sur le terrain de représentation du monde du travail, aujourd’hui, est complètement paralysée. Elle ne réussit même pas à réagir aux provocations. C’est ce qui nous fait dire que le cadre, aujourd’hui, est davantage à l’implosion qu’à l’explosion ».
« Fare come in Francia ! »
« En tant que petit parti qui se situe à contre-courant, conclut Ferrando, nous faisons évidemment attention à ce qui se passe autour de nous, dans d’autres pays. Nous avons lancé une campagne intitulée ‘Fare come in Francia’ [‘Faire comme en France’], qui a suscité un beaucoup d’enthousiasme, avec un tract qui a été distribué nationalement à des dizaines de milliers d’exemplaires, et qui a récolté 10.000 likes sur les réseaux sociaux.
Le mouvement contre la Loi El Khomri, malgré toutes ses contradictions, montre qu’il y aurait, par rapport au panorama italien, d’autres possibilités. Le ‘Jobs Act’, la Loi Travail italienne, est passé ici sans la moindre opposition, si ce n’est une opposition de témoignage. A gauche, les réformistes du Parti de la Refondation Communiste (PRC) ou Gauche, Écologie et Liberté (SEL) ne constituent, dans le ‘meilleur des cas’, qu’une espèce de ‘gauche citoyenne progressiste’. Pour ce qui est de l’extrême gauche, outre la petite présence de Sinistra Anticapitalista, il n’y a pas d’autre courant politique qui a mené, comme nous, une campagne de propagande et d’agitation en solidarité vis-à-vis du mouvement contre la Loi Travail en France ».
Propos recueillis par Ciro Tappeste