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Fin de séquence - mais la guerre n’est pas finie !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
« C’est une illusion de calme, la colère est immense », titre le journal Le Monde après la manifestation du 28 juin, reprenant les paroles d’un manifestant. C’est exactement ce que nous ressentons tous.
Presque cinq mois après le début du mouvement, les manifestations se poursuivent à une échelle certes plus réduite, mais avec la même détermination - et il y aura encore du monde dans les rues le 5 juillet !. Les mots d’ordre se radicalisent, visent désormais spécifiquement le PS, Marisol Touraine vient encore d’en faire les frais à Carhaix lors de la visite de l’hopital local : « P comme pourri, S comme salaud, à bas, à bas, le Parti Socialo » scande un manifestant, lui faisant tourner les talons. Dans les manifs, le mot d’ordre « Tout le monde déteste le PS ! » a également un franc succès…
Aujourd’hui, la mobilisation faiblit, mais la détermination politique grandit parmi le « noyau dur » qui reste sur le terrain. Les débats sont nombreux (et vifs !) sur le « Monde de la loi Travail », sur les perpesctives, sur les élections de 2017… On est loin du découragement de l’après 2010, les leçons en sont tirées !
On peut donc s’attendre à une rentrée chaude, et là ce ne sera pas une formule rituelle. Outre la loi travail, c’est le compte pénibilité (déjà minable) qui est en train d’être détricoté maille par maille par le MEDEF avec l’appui du gouvernement… (voir notre article « Pénibilité : Gattaz en veut toujours plus – mais où est la CGT ? »).
Fin de séquence, fin d’une bataille, mais la guerre n’est pas finie !
Des syndicats au ralenti…
La détermination n’est par contre plus au rendez-vous de nos dirigeants. On se rabat sur des objectifs au rabais, carrément réformistes, pour faire croire qu’on continue…
- La votation citoyenne, imaginée pour remobiliser les indécis, est un échec. 704 000 signatures officiellement selon la CGT, on est très loin des 1,3 millions de signatures de la pétition initiale lancée par Caroline de Haas. Rien d’étonnant : une pétition en fin de processus ne mobilise vraiment plus personne ; on récolte peut-être des signatures, mais elles ne sont pas significatives d’un quelconque engagement, seulement d’une opinion, déjà largement faite. Les militants actifs ont déjà fait le travail et sont par ailleurs sur tous les fronts, ils ont donc zappé, seuls sont vraiment actifs les permanents syndicaux qui s’imaginent ainsi maintenir une pression qui n’existe plus.
On a quand même constaté que la Confédération a été beaucoup plus offensive pour cette pétition que pour organiser la solidarité financière aux grévistes ou la solidarité contre la répression… - D’ailleurs, sous la pression gouvernementale, les syndicats ont été amenés à accepter l’inacceptable : la manif circulaire à l’Arsenal Bastille à Paris le 23 juin, les super contrôles et multi-fouilles le 28 juin, les véritables interdictions de manifester à la Bourse de Paris le même jour etc. Le mot « dictature » revient de plus en plus souvent sur les lèvres des manifestants, c’est-à-dire la soumission y compris de la protestation des exploités à la loi des exploiteurs - et le lien avec l'état d'urgence est sur toutes les lèvres. Au lieu de plier l’échine devant Valls, il aurait mieux valu aller carrément à l’interdiction pour marquer les camps et démasquer un peu plus le gouvernement.
- Enfin, les négociations en cours avec Valls autour de l’article 2 ne laissent présager rien de bon. Nous le disions dans un article précédent : le cœur de la loi, ce n’est pas la forme de la négociation collective, c’est la flexibilité et la précarité renforcées. Là, selon FO, l’article 2 serait assoupli « sauf pour ce qui a trait aux horaires de travail ». Autrement dit, sauf pour ce qui a trait à la flexibilité des horaires, cette arme fatale contre notre vie, au travail et en dehors… Le mot n’apparait d’ailleurs même pas… Parler de recul du gouvernement dans ces conditions est quelque peu difficile…
Mais on aurait bien tort de ne faire porter la responsabilité qu’aux directions syndicales.
Car au final, un syndicat réformiste, même combatif, reste un syndicat réformiste. La CGT même en pointe reste un syndicat dont le projet n’a plus rien à voir avec un contenu de classe, entre « développement humain durable » et « capitalisme à visage humain, social et solidaire »… L’aurait-on oublié ? Relisez les textes de congrès… Ne parlons même pas de FO…
Dans la situation présente, il faut reconnaître que le noyau dur, combatif et qui reste déterminé, durcit même sa critique politique contre le gouvernement et le capital, n’a pas la force de s’imposer, ni même de peser réellement sur l’avenir du mouvement. Reconnaître cette faiblesse n’a rien de défaitiste, c’est juste être réaliste, et savoir adapter en conséquence son activité à la réalité du terrain.
D’autres épisodes viendront, probablement dès la rentrée.
Outre l’engagement politique qui reste la seule perspective constructive sur le long terme, nous avons déjà souligné les enjeux qui sont face à nous sur le terrain syndical :
- Mener le débat de fond sur les revendications et les objectifs revendicatifs de la CGT, sur toutes les questions soulevées par la loi El Khomri et plus généralement par le gouvernement : précarité, flexibilité, pénibilité et souffrance au travail etc. Remettre au premier plan la critique radicale du capitalisme et la nécessité de le mettre à bas autour des intérêts de la classe ouvrière.
- Organiser le soutien aux grévistes d’un côté, aux victimes de la répression de l’autre, au premier chef sur une base locale et plus largement ensuite.
- Construire des réseaux de solidarité et de combat dans la CGT et au plan intersyndical, pour préparer les échéances futures qui viendront nécessairement dans les mois et années à venir !