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Québec : les milices patronales font régner l'ordre dans les universités
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Au coeur de la grève suivie depuis la mi-février par les étudiants québécois pour protester contre une hausse des frais de scolarité, les cours ont repris mardi matin à l'université de Montréal, qui a obtenu en justice une injonction obligeant les élèves à revenir en classe.
Mais l'ambiance est pesante sur le campus, où des agents de sécurité d'une société privée, matraque à la taille, patrouillent, pénétrant à l'occasion dans une classe pour vérifier l'identité des étudiants présents.
A l'Institut d'urbanisme, une des branches de cette université, deux cours sont prévus. Dans le premier, pas d'étudiant, dans le second, un seul présent. Les professeurs estiment que les "conditions pédagogiques" ne sont pas réunies et refusent d'enseigner.
Un appariteur de l'université, secondé par un agent de sécurité, tance les enseignants, leur ordonne de donner cours. Le "langage est autoritaire", regrette auprès de l'AFP Franck Scherrer, directeur de l'Institut d'urbanisme, présent lors de cet incident.
Cet ancien professeur à l'Université Lumière Lyon 2, qui avait "assisté ou participé" à des grèves de professeurs et d'étudiants en France au début des années 2000, estime que les étudiants québécois sont "extraordinairement responsables" comparés à leurs camarades français.
Il s'étonne d'autant plus de voir au Québec des policiers "enjoindre fermement les professeurs d'enseigner", chose qu'il n'avait "jamais vue" de l'autre côté de l'Atlantique.
A l'université du Québec en Outaouais (UQO), un professeur de sociologie a même été interpellé dans l'enceinte universitaire et accusé d'entrave au travail des policiers. Un autre enseignant a été expulsé par la police.
Autre signe de l'ambiance délétère que commence à faire peser dans la province la grève estudiantine, le quotidien Le Soleil a publié jeudi dernier sur son site internet une tribune appelant à "s'affranchir de la tyrannie des agitateurs de gauche" en suivant l'exemple des mouvements fascistes des années 1920 et 1930.
Face à la polémique, Le Soleil a présenté ses excuses, alléguant une "erreur".
Considéré comme responsable, le mouvement estudiantin a pourtant vu des actes de vandalisme ternir son image, notamment le saccage du bureau de la ministre de l'Education Line Beauchamp, perpétré par une quinzaine d'individus en marge d'une manifestation la semaine dernière.
"Nous refusons de faire porter la responsabilité de cette violence aux étudiants", a déclaré à l'AFP Marie Malavoy (Parti Québécois), une porte-parole de l'opposition: "Dans toutes les démocraties, des individus plus ou moins organisés s'infiltrent dans les manifestations et les décrédibilisent".
Depuis la mi-février, le mouvement de grève étudiant cherche à faire revenir le gouvernement québécois de Jean Charest sur sa décision d'augmenter les droits annuels de scolarité de 1.625 dollars en cinq ans.
Cette semaine, Mme Beauchamp a montré un signe d'ouverture en proposant de discuter avec deux des trois organisations étudiantes, mais uniquement de la gestion des universités.
La ministre exige que le syndicat étudiant qui représente 47% des étudiants en grève, pour l'instant exclu de ces négociations "dénonce haut et fort tout acte de violence".