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Appel du CCI(T) et du GB à la construction du parti ouvrier révolutionnaire
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
1 / Le capitalisme a fait son temps
À travers la crise économique mondiale récurrente, l’impuissance de toutes les « politiques économiques » bourgeoises (tant « libérales » que « keynésiennes »), l’appauvrissement de dizaines de millions de travailleurs et le chômage de masse, le capitalisme fait à nouveau la preuve, pour de larges masses, qu’il constitue désormais un obstacle au progrès, une entrave aux forces productives. Outre qu’il tend à diminuer les libertés démocratiques et les droits des travailleurs, il apparaît de plus en plus comme une menace pour l’humanité à travers le militarisme (dont la multiplication de « puissances nucléaires »), la destruction de l’environnement, les interventions impérialistes et les conflits ethniques, les rivalités inter-impérialistes (exacerbées par la crise de l’Union Européenne, la montée de la Chine et le déclin des États-Unis), le renforcement des partis fascistes ou cléricaux (qui désignent comme cibles les minorités ethniques ou religieuses)...
2 / Le socialisme est possible et nécessaire
Les conditions objectives du passage du mode production capitaliste au socialisme à l'échelle mondiale sont depuis longtemps réunies. La classe ouvrière n’a aucunement disparu société dans les vieux pays impérialistes et elle s’est considérablement développée dans les pays capitalistes « émergents » ; partout, par sa place dans les rapports de production, elle a la capacité de transformer les rapports de production et de libérer les forces productives qui étouffent dans le cadre de la propriété privée, du profit et de la nation. Le développement des sciences, des techniques et des moyens de production permet d’envisager une société satisfaisant les besoins de la population mondiale, débarrassée de la propriété privée, de l’exploitation, des frontières nationales, dont l’économie sera placée sous le contrôle des producteurs associés.
3 / La défaite historique que représente le rétablissement du capitalisme en Russie et en Chine pèse encore sur la classe ouvrière mondiale
Le stalinisme s’est effondré. Après avoir usurpé le pouvoir des travailleurs en URSS, facilité la victoire du fascisme en Allemagne et en Espagne, subordonné le prolétariat à la bourgeoisie qualifiée de « nationale » ou « démocratique », détruit la 3e Internationale, sauvé le capitalisme mondial à la fin de la deuxième guerre mondiale, empêché le pouvoir des travailleurs en Europe centrale, en Chine, au Vietnam, à Cuba… écrasé les révolutions ouvrières qui tentaient d’évincer les bureaucraties privilégiées au pouvoir, le stalinisme a fini par rétablir le capitalisme en Europe centrale, en Russie et en Chine avec un effet dévastateur sur la conscience des masses.
Les débris du stalinisme poursuivent leur rôle réactionnaire au sein des syndicats et sous forme de partis… Le plus souvent, rien ne différencie plus les anciens partis staliniens de la social-démocratie traditionnelle. Parfois, ils ont engendré des partis bourgeois, voire fascisants.
4 / Les rapports entre la classe ouvrière et les vieux partis réformistes se sont modifiés
Les liens de la social-démocratie et de la classe ouvrière se sont distendus. Après avoir détruit la 2e Internationale par son ralliement à « l’union sacrée », sauvé le capitalisme à la fin de la première guerre mondiale et isolé la révolution victorieuse en Russie, après avoir fait faillite devant le fascisme, après avoir reconstruit avec les staliniens l’État bourgeois en Italie et en France, après avoir mené des guerres coloniales, elle participe à des gouvernements bourgeois qui imposent l’austérité, privatisent, détruisent les conquête sociales. La réintroduction du capitalisme en l’URSS et en Chine avait redonné au capitalisme mondial un élan temporaire dans les années 1990 qui a en même temps renforcé l’adhésion de l’aristocratie ouvrière des pays impérialistes à sa bourgeoisie. La social-démocratie qui prend appui sur cette couche et la représente s’est ainsi mise à défendre directement et ouvertement le capitalisme et la bourgeoisie. La prétendue « Internationale socialiste » inclut même des partis nationalistes bourgeois dont, jusqu’à leur chute, ceux du despote tunisien Ben Ali, du despote ivoirien Gbagbo, du despote égyptien Moubarak.
La quasi-totalité des agences de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière (travaillistes, sociales-démocrates, ex-staliniennes…) ne se réclame plus du socialisme depuis la restauration du capitalisme dans les principaux États ouvriers.
Dans ces conditions, la classe ouvrière nourrit beaucoup moins d’illusions à l’égard des partis réformistes, même si elle continue à voter pour eux. La crise économique pousse les vieux partis ouvriers bourgeois à droite alors que la classe ouvrière cherche la voie de la révolution prolétarienne.
Cependant, en l’absence de parti ouvrier révolutionnaire, le réformisme renaît de ses cendres sous la forme de nouvelles organisations qui, occupant la place délaissée par les vieux partis réformistes et utilisant un langage apparemment plus radical que ceux-ci, dupent les attentes de la classe ouvrière et de la jeunesse en défendant le « partage des richesses » dans le cadre de l’Etat bourgeois.
5 / La crise mondiale de la direction révolutionnaire du prolétariat n’est aucunement résolue
Aucun processus ne dispensera de la construction consciente du parti mondial de la révolution.
Sans direction révolutionnaire, les syndicats resteront aux mains des bureaucraties corrompues qui privilégient l’aristocratie ouvrière, qui acceptent de s’associer aux attaques des patrons et aux gouvernements, qui sabotent les luttes des travailleuses et des travailleurs.
Sans direction révolutionnaire les travailleurs de Grèce et des autres pays d’Europe sont fourvoyés dans les « journées d’action » en pression sur les gouvernements bourgeois, canalisées vers les élections et fourvoyées dans l’impasse réactionnaire du protectionnisme par les bureaucraties syndicales et les partis sociaux-chauvins.
Sans direction révolutionnaire, les étudiants et les jeunes chômeurs du Portugal, de Grande-Bretagne, d’Espagne, des États-Unis… sont fourvoyés dans le pacifisme, l’apolitisme et l’illusion d’un capitalisme sans finance par les « Indignés ».
Sans parti ouvrier révolutionnaire, les jeunes chômeurs et les minorités ethniques de Grande-Bretagne sont fourvoyés dans le pillage par le lumpen.
Sans direction révolutionnaire, les femmes, les jeunes et les travailleurs salariés de Tunisie, de Libye et d’Égypte se retrouvent impuissants face à la contre-révolution bourgeoise qui se regroupe derrière les partis islamistes.
Sans direction révolutionnaire, les masses de Syrie sont désarmées militairement et politiquement par l’opposition bourgeoise qui veut préserver l’armée bourgeoise et qui mise sur l’ONU ou la Ligue Arabe.
Sans direction révolutionnaire, le capitalisme sera rétabli à Cuba par la bureaucratie castriste.
Sans direction révolutionnaire, les travailleurs et les jeunes de Russie qui se dressent contre Poutine seront dupés par telle ou telle fraction de la classe dominante.
Sans direction révolutionnaire, l’émergence de conseils, d’organes de types soviétiques est rendue plus difficile.
6 / Aucun centre international n’existe depuis la destruction de la 4e Internationale
Or, la 4e Internationale fut victime de 1948 à 1951 de la capitulation de sa propre direction (Pablo, Mandel…) devant le stalinisme et le nationalisme bourgeois. La majorité de la section française et celle de la section suisse ont résisté en 1951, la majorité de la section américaine et celle de la section britannique ont résisté en 1953, une fraction internationale a été impulsée par Bleibtreu et par Cannon en 1953. Mais le Comité International de la 4e Internationale a gardé un caractère fédéral, s’est révélé incapable de combattre mondialement le centre liquidateur (le prétendu SI). Les sections « orthodoxes » de France, de Grande-Bretagne, des États-Unis, d’Argentine se sont à leur tour adaptées au nationalisme, à la sociale-démocratie et au stalinisme…
La confusion est aujourd’hui à son comble. Les multiples courants centristes issus de la liquidation de la 4e Internationale bolchevik-léniniste et de la révision de son programme international servent les bureaucraties syndicales, appuient les « partis ouvriers bourgeois » ou postulent à de nouveaux partis réformistes, capitulent devant la réaction bourgeoise islamiste, en appellent à l’ONU, justifient les interventions impérialistes, s’intègrent à des fronts populaires (comme LO lors des élections municipales de 2008), etc.
Nombre de leurs directions, en outre, font régner en leur sein un autoritarisme étranger au bolchevisme pour prévenir toute mise en cause de leur opportunisme. Le discrédit jeté sur le « trotskysme » par ses épigones a permis aux anarchistes et aux stalino-maoïstes de survivre ou de reprendre pied dans certains pays.
Le parti révolutionnaire du prolétariat ne peut se fonder que sur un programme international correspondant à l’époque du capitalisme décadent, à l’époque de l’impérialisme. Les questions de tactique nationale, certes importantes, ne peuvent être correctement abordées et résolues que sur la base d’un programme international. Tous les noyaux communistes internationalistes doivent donc s’efforcer de regrouper leurs forces sur la base d’un tel programme pour construire le parti mondial de la révolution socialiste et ses sections nationales.
Leur accord reposera sur une analyse commune des principaux événements mondiaux et de la stratégie mondiale du prolétariat révolutionnaire. Cela comprend, sans requérir l’unanimité sur une évaluation exhaustive de l’histoire, de s’entendre sur le caractère définitivement réactionnaire du réformisme et les conséquences à en tirer : depuis un siècle, il n’y a plus de place pour un bon réformisme « honnête » et progressiste, il n'y plus de parti commun possible entre les internationalistes et les chauvins. Les prétentions à construire un parti large avec les anarchistes, les sociaux-démocrates « de gauche », les staliniens défroqués, les écologistes, les prétentions à refaire la 1ère Internationale ou la 2e Internationale ne sont que le camouflage du passage au réformisme et au social-patriotisme. Il est nécessaire de s'entendre également sur la restauration capitaliste par la bureaucratie stalinienne en Europe centrale, en Russie et en Chine, sur le danger mortel de toute adaptation au nationalisme bourgeois, sur la dégénérescence de toutes les branches issues de la 4e Internationale et l’irréversibilité de sa destruction.
Le prolétariat a besoin d’air frais, d’une stratégie de révolution permanente et d’une organisation de combat, c’est-à-dire d’une internationale communiste basée sur le programme international du prolétariat révolutionnaire, dont l’axe est la dictature du prolétariat comme moyen de bâtir la société sans classe et sans frontières.
Sur cette base, le CCI(T) et le GB (CoReP) ont décidé de discuter et collaborer en vue de poser les jalons du parti révolutionnaire en France et de l’internationale révolutionnaire. Ils invitent tous les militants, courants et organisations communistes internationalistes à se joindre à cet effort.
8 avril 2012
Comité Communiste Internationaliste (Trotskyste)
Groupe Bolchevik [Collectif Révolution Permanente]