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INFOBREF N°448 spécial Turquie

Turquie

Lien publiée le 3 août 2016

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://spartacus1918.canalblog.com/archives/2016/08/02/34133779.html

Deux textes qui apportent quelques éclairages sur les raisons du coup d' état en turquie , celui de Il manifesto montre l'incohérence suspecte de ce coup d' état, l'autre met l' accent sur les raisons économiques et diplomatiques, notamment le projet de gazoduc  Turkish Stream,


 

L’OTAN et le « putsch » turc

Manlio Dinucci – Il Manifesto – 18 juillet 2016

3. Latuff - Fact or fiction.gif

Erdogan en fuite volant vers l’Europe à la recherche d’un gouvernement qui lui concède l’asile politique, les putschistes désormais au pouvoir parce qu’ils occupent la télévision et les ponts sur le Bosphore, Washington et les capitales européennes, jusque l’Otan, prises  au dépourvu par le coup d’État : ce sont les premières « nouvelles » venant de Turquie. Toutes plus fausses l’une que l’autre.

Ce qui émerge avant tout c’est que, y compris dans sa tragicité (des centaines de morts et milliers d’arrestations), ce qui s’est passé en Turquie se présente comme la mise en scène d’un coup d’État.

Les putschistes n’essaient pas de capturer Erdogan, officiellement en vacances sur la Mer Égée, mais lui laissent tout le temps de se déplacer. Ils occupent symboliquement la télévision d’Etat, mais ne brouillent pas les émetteurs privés pro-gouvernementaux et Internet, permettant à Erdogan de les utiliser pour son « appel au peuple ». Ils bombardent symboliquement le parlement d’Ankara, quand il est vide. Ils occupent les ponts sur le Bosphore non pas en pleine nuit, mais de façon ostentatoire le soir quand la ville est pleine de monde, en se mettant ainsi dans un piège. Ils n’occupent pas par contre les principales artères, laissant le champ libre aux forces gouvernementales.

L’action, même destinée à l’échec, a nécessité la préparation et mobilisation de milliers d’hommes, de véhicules blindés et d’avions. Impossible que l’Otan ne fût pas au courant de ce qui se préparait. En Turquie il y a un réseau d’importantes bases Otan sous commandement étasunien, chacune dotée de son propre appareil de renseignements.

Dans la gigantesque base d’Incirlik, d’où opère l’aviation étasunienne et alliée, sont déposées au moins 50 bombes nucléaires étasuniennes B-61, destinées à être remplacées par les nouvelles B61-12. À Izmir se trouve le Commandement terrestre allié (Landcom), c’est-à-dire le commandement affecté à la préparation et à la coordination de toutes les forces terrestres de l’Otan, aux ordres du général étasunien Darryl Williams, ancien commandant de l’US Army Africa à Vicence (Vénétie). Le quartier général d’Izmir a été visité à la fin du mois de juin par le nouveau Commandant suprême allié en Europe, le général Curtis Scaparrotti.

Outre les commandements et bases officiels, les USA et l’Otan ont en Turquie un réseau « couvert » de commandements et bases constitué pour la guerre contre la Syrie et d’autres opérations. Comme l’a documenté même une enquête du New York Times, dans le cadre d’un réseau international organisé par la CIA, depuis 2012 est arrivé dans la base turque d’Esenboga un flux incessant d’armes, achetées avec des milliards de dollars fournis par l’Arabie Saoudite et d’autres monarchies du Golfe, qui ont été fournies à travers la frontière turque aux « rebelles » en Syrie, et aussi à l’Isis/Daesh.

Avec de faux passeports (spécialité CIA), des milliers de combattants islamiques ont afflué dans les provinces turques d’Adana et du Hatay, frontalière avec la Syrie, où la CIA a ouvert des centres de formation militaire.

Tout à fait fausse, donc, la « nouvelle », diffusée ces jours-ci, que Washington n’apprécie pas un allié comme Erdogan parce que celui-ci soutient en sous-main l’Isis/Daesh. Il n’existe pas encore d’éléments fondés pour comprendre s’il y a, et dans quelle mesure, une fissure dans les rapports entre Ankara et Washington et surtout quels en sont les motifs réels.

En accusant Fetullah Gulen, résidant aux USA depuis 1999 et allié d’Erdogan jusqu’en 2013, d’avoir inspiré le putsch, et en réclamant son extradition, Erdogan joue à la hausse, pour obtenir des USA et de ses alliés européens de plus grosses contreparties pour le « précieux rôle » (comme l’a qualifié Stoltenberg le 16 juillet) de la Turquie dans l’Otan.

En attendant Erdogan fait place nette de ses opposants, pendant que Mogherini prévient que, s’il utilise la peine de mort, la Turquie ne peut pas entrer dans l’UE, parce qu’elle a signé la Convention sur les droits de l’homme.

Edition de mardi 19 juillet 2016 de il manifesto

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Tentative de coup d’Etat en Turquie : « opportunité » pour bloquer Turkish Stream  ?


 

Simple coïncidence, permettez-moi d’en douter. Alors que le récent rapprochement entre Ankara et Moscou offrait  l’opportunité de remettre à l’ordre du jour le projet de gazoduc  Turkish Stream, la récente tentative de coup d’Etat en Turquie pourrait  impliquer un report. A plus grande joie des majors pétrolières et autres Etats soucieux de contrecarrer un projet d’une haute importante géostratégique.

Alors même que les experts tablaient sur le fait que les rapprochements diplomatiques entre la Turquie, Israël et la Russie, survenus au début du mois auraient des répercussions économiques importantes, notamment dans le domaine de l’énergie, les relations entre Ankara et Moscou ne sont  plus désormais propices à la reprise des travaux à l’étude.

Des conséquences de la tentative de coup d’Etat avortée non négligeables alors même que la Turquie est au coeur d’un nœud gazier de toute première importance, tant avec Israël d’une part – avec l’exploitation des ressources en Méditerranée orientale au large de Chypre – île à moitié turque – qu’avec la Russie. Attachons-nous dans un premier temps à l’aspect russo-turque.

«Des sources russes proches du Kremlin donnent des signaux clairs quant à la reprise du projet. Je pense que nous verrons très prochainement des avancées sur cette question. Pour la Russie, ce serait une manière de montrer aux opposants au projet de gazoduc North Stream 2 que cet autre projet n’est pas indispensable pour elle. La Russie a de nombreuses ressources en gaz naturel qu’elle pourra utiliser grâce à Turkish Stream», affirmait encore récemment David Livingston, expert dans le domaine énergétique à l’Institut Canergie de Bruxelles.

Ce dernier ajoutant que si le « rapprochement entre Ankara et Moscou a été une surprise pour Washington , pourtant, au regard des intérêts communs des deux pays en matière d’énergie, de diplomatie et d’économie, les Etats-Unis ne devraient pas être surpris.» Selon lui, cette nouvelle donne devrait relancer le projet de gazoduc  Turkish Stream. De plus, toujours selon David Livingston, le rapprochement entre Ankara et Tel Aviv se concrétise en parallèle au rapprochement Turquie-Russie. Il affirme ainsi que ces trois pays ont des intérêts communs en matière énergétique.

Des propos tenus avant la tentative de coup d’Etat.

Rappelons qu’après 7 mois de crise diplomatique entre Moscou et Ankara, survenues après qu’un avion russe ait été abattu pour avoir violé l’espace aérien turc, la lettre adressée par le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, au Président russe Vladimir Poutine, a permis d’enclencher une reprise du dialogue entre les deux pays. Le 29 juin dernier, Erdogan et Poutine se sont entretenus au téléphone et les deux pays ont lancé le processus de normalisation.

Le 15 juillet dernier, le Premier ministre turc Binali Yildirim a déclaré que la Turquie était prête pour reprendre des projets d’infrastructure communs avec la Russie, mettant en avant la construction d’un gazoduc et celle de la centrale nucléaire d’Akkuyu, à laquelle Ankara attache une grande importance.

« Pour la Russie et la Turquie, il est important de revenir à la mise en œuvre de l’oléoduc Turkish Stream et la construction d’Akkuyu » a ainsi déclaré Yildirim. Ajoutant que ces voies de coopération étaient revêtues de degrés variables d’importance pour la Turquie, la priorité étant donnée à la construction d’une centrale nucléaire.

Une réunion du ministre de l’ Economie turc Nihat Zeybekciego et du ministre de l’ énergie turc, Berat Albayrak (gendre du président Erdogan) avec Alexander Nowak, initialement prévu le 27 Juillet à Jełabudze (République du Tatarstan) était alors considérée comme une large opportunité permettant d’aborder des discussions sur les projets énergétiques communs.

Parallèlement, l’agence Anadolu avait indiqué que, selon des informations non officielles, une réunion devait avoir lieu durant la première semaine d’Août, entre Erdogan et Vladimir Poutine.

Néanmoins, selon le directeur adjoint de la Caisse nationale de sécurité de l’ énergie, Alexei Griwacza , l’instabilité politique qui prévaut désormais en Turquie entrave la mise en œuvre des projets d’infrastructure, tels que le gazoduc Turkish Stream. Selon lui, il est prématuré de discuter de la construction du pipeline, et ce, d’autant plus que la sortie de crise des relations russo-turques est trop récente et que les deux pays n’ont pas eu le temps de discuter du transit gazier à travers la Turquie.

Rappelons qu’en décembre dernier, alors que nous laissions entendre dans un article précédent que « l’affaire » de l’avion russe abattu par la Turquie le 24 novembre 2015 pourrait être fortement liée au projet de gazoduc Turkish Stream – contre lequel les Etats-Unis redoublaient leurs  pressions – le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak avait déclaré que les négociations entre Moscou et Ankara au sujet de pipeline censé relier les deux pays par le fond de la mer Noire, « étaient suspendues à l’heure actuelle ». Ajoutant que « le travail de la commission intergouvernementale sur la coopération commerciale et économique russo-turque avait été parallèlement suspendue conformément à un arrêté ad hoc du gouvernement russe ».

Le 26 novembre 2015, le ministre russe du Développement économique avait indiqué pour sa part que le projet de gazoduc Turkish Stream – lequel devait permettre à la Russie d’approvisionner l’Europe du Sud en contournant l’Ukraine – tombait sous le coup de la loi sur les mesures de rétorsion prises par la Russie en réaction à l’agression commise par la Turquie, faisant ainsi référence au Sukkoi abattu. « Ce projet n’a rien de différent de tout autre projet, et notre coopération dans le domaine de l’investissement est traitée de la même manière« , avait ainsi déclaré le ministre Alexeï Oulioukaïev.

Jusqu’à lors, Gazprom ambitionnait de mettre en service dès la fin 2016 un nouveau pipeline à destination de la frontière gréco-turque, projet qui devrait notamment permettre de compenser l’abandon du projet South Stream vers l’Union européenne.

- Le Sukhoi abattu quelques heures après une réunion stratégique Grèce/Russie sur le projet

Il n’en demeure pas moins que le différend notable entre Russie et Turquie occasionné par le tir turc contre l’avion russe a vu le jour quelques heures à peine après une rencontre stratégique entre ministre grec de l’Energie et le vice -Premier ministre russe sur une éventuelle participation de la Grèce au projet.

C’est ainsi que le 23 novembre dernier, des sources très proches du Ministre grec de l’Energie et de l’Environnement ont déclaré que le processus pour construire le Trans Adriatic Pipeline (TAP ) allait de l’avant, ajoutant qu’Athènes était également en discussion avec Moscou sur une éventuelle expansion du gazoduc Turkish Stream de la frontière entre Grèce et Turquie vers l’Italie.

Toujours selon ses mêmes sources grecques, l’intérêt pour le projet russe de Turkish Stream était à cette date « plus élevé que jamais, car il semble qu’il y ait de plus en plus de pays en Europe qui veulent être impliqués, en particulier l’Italie et la France, alors qu’auparavant seules la Grèce et la Russie poussaient le projet. »
Le ministre grec de l’Environnement et de l’Energie, Panos Skourletis a en effet discuté au sujet de Turkish Stream avec le vice -Premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch, le 20 novembre dernier à Athènes, le vice-premier ministre russe ayant également discuté du projet avec le Premier ministre grec, Alexis Tsipras.

Avant que ne survienne l’affaire du Sukhoi abattu, Skourletis avait prévu de rencontrer le ministre russe de l’énergie Alexander Novak, le 2 décembre à Moscou  en vue de discuter de l’expansion de Turkish Stream via le gazoduc d’Europe du Sud à partir de la frontière de la Turquie à l’Italie via le gazoduc Poséidon ( Interconnexion Turquie Grèce Italie – ITGI ).

Des sources proches du ministère de l’Energie grec avaient par ailleurs déclaré que « l’expansion de Turkish Stream servait en particulier les intérêts grecs et que la Grèce considérait le projet comme un développement positif. »

- Russie et Turquie liées sur le projet stratégique de Turkish Stream

C’est lors d’une visite en Turquie, qu’au début du mois de décembre 2014, le président russe avait annoncé l’abandon de South Stream, évoquant une nouvelle alternative pour rediriger le gazoduc en cours de construction vers le territoire turc. Initialement, South Stream devait relier la Russie à l’Italie en passant sous la Mer Noire … scénario permettant d’éviter l’Ukraine par où transite aujourd’hui près de la moitié des livraisons russes à l’Union européenne.

Alors que la Commission européenne avait  estimé que le projet de pipeline ne respectait pas les règles européennes, arguant du fait que Gazprom refusait d’ouvrir l’accès du gazoduc à d’autres fournisseurs, Vladimir Poutine avait quant à lui justifié l’arrêt de South Stream par l’opposition de l’Union européenne (UE) au passage du gazoduc sur le territoire de ses Etats membres, notamment la Bulgarie.

Durant l’été 2014, Bruxelles avait en effet exercé de fortes pressions sur Sofia afin que le gouvernement bulgare renonce aux premiers travaux de construction de gazoduc. « Nous allons dérouter nos ressources énergétiques vers d’autres régions du monde et l’Europe ne recevra plus les mêmes volumes de la Russie, mais c’est le choix de nos amis européens », avait alors souligné le président russe.

Au final, au début du mois de décembre 2014, Moscou et Ankara ont signé un accord pour la construction d’un nouveau pipeline reliant les deux pays via la Mer noire  et la mise en place d’un hub gazier à la frontière en Grèce et Turquie, tout en offrant au gouvernement turc une remise de 6 % sur ses approvisionnements en gaz. La Grèce devenant ainsi dans ce scénario un pays stratégique pour permettre le transit du gaz vers l’Union européenne … la Turquie étant  quant à elle le deuxième client de Gazprom derrière l’Allemagne. Avec un enjeu associé et non des moindres : « nullifier » le rôle de l’Ukraine en tant que transit gazier entre la Russie et l’Union européenne, selon les termes mêmes employés par Alexei Miller en décembre 2014.

En janvier 2015, Moscou a tenu à préciser que le nouveau projet Turkish Stream de Gazprom prévoyait de déployer le pipeline jusqu’à la frontière gréco-turque, charge restant aux Européens de créer les infrastructures en vue de récupérer le gaz au delà de ces limites.

Si Moscou et Ankara étaient arrivés à un accord préalable sur Turkish Stream le 13 juin 2015 à Bakou, (Azerbaïdjan), le ministre turc de l’Energie, Taner Yildiz,  concédait certes alors ne pas pouvoir affirmer « que toutes les obstacles sont surmontés » mais demeurait confiant quant à une issue positive. Espérant  officiellement que le contrat soit signé le plus vite possible.

En juillet 2015, une filiale de Gazprom, South Stream Transport BV, avait  informé l’italien Saipem de la rupture du contrat relative à la construction de la première branche du gazoduc Turkish Stream. Une décision qui pouvait alors surprendre, et ce d’autant plus qu’un navire de la société spécialisée dans la recherche et les forages pétroliers avait jeté l’ancre le 6 juillet près d’Anapa, en mer Noire, en vue de débuter les travaux.

South Stream Transport BV motivait alors  sa décision par la nécessité « d’arriver à un accord sur les questions pratiques et commerciales en ce qui concerne la réalisation du projet de Turkish Stream ». Les négociations avec la Turquie traînant en effet en longueur, freinant le lancement des travaux.
Par la suite, les discussions avaient pris du retard, compte-tenu  notamment de l’instabilité politique en Turquie. Moscou et Ankara s’étaient entendus pour reprendre les discussions après les élections législatives du 1er novembre 2015.
Parallèlement, le  Financial Times avançait quant à lui le chiffre de 16 milliards de mètres cubes de gaz par an pour la consommation intérieure de la Turquie, dépendante à 50% du gaz russe.

- La gestion de la dette grecque fortement liée au projet Turkish Stream

En février 2015, le conseiller diplomatique du chef de l’Etat russe Iouri Ouchakov avait déclaré que le président russe Vladimir Poutine et le nouveau premier ministre grec Alexis Tsipras avaient examiné par téléphone la situation en Ukraine et la décision récemment prise par Moscou d’abandonner le projet de gazoduc South Stream. Un dossier qui concerne l’Union européenne toute entière … sa dépendance énergétique étant en jeu. L’Ukraine pesant fortement dans la bataille.

Si certes Vladimir Poutine avait de nouveau félicité le parti Syriza à l’occasion de sa victoire aux élections, tout en félicitant personnellement Alexis Tsipras « à l’occasion de son entrée en fonction », le Président russe avait alors invité son interlocuteur à effectuer une visite en Russie. Avec en ligne de mire : le projet du gazoduc on ne peut plus stratégique.

En juin 2015, en pleine bataille avec ses créanciers au sujet de l’épineux dossier de la dette grecque, le ministre grec de l’Energie, Panayiotis Lafazanis, et son homologue russe, Alexandre Novak, avaient au final signé un accord pour la construction d’un gazoduc russe en Grèce. Un véritable camouflet pour Bruxelles qui voyait tout ceci d’un très mauvais œil …

Les ministres avaient par ailleurs tenu à préciser que le coût total de la construction du gazoduc s’élevait à 2 milliards d’euros et qu’il sera doté d’une capacité de livraison de 47 milliards de mètres cubes de gaz pour ses clients européens.
Le document, certes alors au stade du protocole d’entente, prévoyait la création d’une coentreprise détenue à parts égales grecques et russes. Cette dernière sera chargée de la construction du gazoduc, laquelle devait s’étaler entre 2016 et 2019, selon Alexandre Novak.

La coentreprise, baptisée South European Gas Pipeline, devait être financée à 50% par la partie russe et à 50% par la partie grecque, laquelle a contracté à cet effet un prêt auprès de la banque russe Vnesheconombank, selon les propos mêmes de M. Lafazanis.

Ce gazoduc   »nous permet de continuer nos projets de construction d’infrastructures dans le cadre du gazoduc passant par la mer Noire, la Turquie, et la construction d’un hub en Turquie », s’était félicité pour sa part le ministre russe.
A la mi-avril 2015, la Russie avait certes démenti  les allégations de la presse allemande laissant entendre que Moscou serait sur le point de signer un accord de transit gazier avec la Grèce. Lequel pourrait le cas échéant rapporter 5 milliards d’euros dans les caisses – bien vides – de l’Etat grec.

Citant un cadre du parti de gauche radicale Syriza, le site internet de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel affirmait ainsi que la signature d’un tel accord pourrait intervenir de manière imminente et serait assortie d’un versement à la Grèce d’une avance sur recettes. Laquelle correspondrait aux futures redevances sur le transit de gaz russe par le gazoduc en territoire grec et serait remboursée par la Grèce après 2019, une fois le gazoduc opérationnel.

Parallèlement, une source grecque proche de la négociation avait déclaré qu’Athènes projetait de signer avec la Russie un accord pour étendre à son territoire le projet de gazoduc Turkish Stream, tout en couplant l’opération à un versement d’une avance sur recettes dont le montant serait – selon lui – « proche du haut de l’échelle donnée par le Spiegel ».
« Un accord sera signé à Athènes avec une délégation russe de haut rang sur la construction du gazoduc. Cette accord fixera les conditions de financement de la construction et le niveau des redevances », avait ainsi indiqué cette source ministérielle sous couvert d’anonymat.

Des rumeurs fortement démenties alors par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sur les ondes de Business FM. Prenant l’affaire au sérieux, Vladimir Poutine a lui-même déclaré que personne n’avait demandé de l’aide à la Russie.  Il a toutefois reconnu que la question de la coopération énergétique avait été soulevée et qu’elle allait être étudiée par les experts. Il a toutefois tenu à préciser que la Russie n’avait promis aucune aide financière, car aucune demande ne lui avait été faite.

Vladimir Poutine avait également évoqué précédemment une participation de la Grèce au projet de gazoduc Turkish Stream. Il avait toutefois indiqué qu’aucun accord ferme n’avait été conclu. Le gouvernement grec avait parallèlement fait d’ores et déjà allusion à la possibilité d’un financement russe du projet de gazoduc.

- De très fortes pressions US  sur le projet Turkish Stream

En avril 2015, Panagiotis Lafazanis, ministre grec de l’Energie, avait indiqué pour sa part qu’Athènes montrait un vif intérêt au prolongement sur son territoire du nouveau gazoduc que le géant gazier russe Gazprom envisageait alors de construire à destination de la Turquie. Tout en déclarant à la presse russe que les Etats-Unis exerçaient une très forte pression sur la Grèce, afin de la dissuader de participer à la réalisation du projet de gazoduc Turkish Stream, destiné à livrer du gaz russe en Europe.

« Ils exercent une très forte pression », avait ainsi déclaré M. Lafazanis interrogé par le journal russe RIA Novosti lors d’une conférence de presse à Moscou. Des pressions américaines qui ne semblaient pas toutefois être suivies d’effet … « Nous considérons que tous les corridors doivent être ouverts pour la Russie », avait ainsi ajouté M. Lafazanis. Lequel a également précisé qu’il ne considérait pas Turkish Stream et le Gazoduc transadriatique (TAP) comme des projets concurrents. Il estimait alors que le second projet n’est pas en mesure de couvrir les besoins européens en gaz naturel.

Le dossier est loin d’être dénué d’intérêts financiers, puisque M. Lafazanis avait alors tenu à souligner que la Grèce souhaitait obtenir de la part de la Russie une réduction de tarif sur le gaz russe livré à partir de 2016, ainsi qu’une baisse des volumes fournis selon des contrats d’enlèvement ferme (« take or pay »).

Sources :

Presse turque et polonaise
AFP, sputniknews.com, Le Monde, themoscowtimes.com, Reuters, Spiegel