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Nikolic, la surprise nationaliste en Serbie

Lien publiée le 21 mai 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Figaro) Il devançait dimanche le président sortant, proeuropéen, qui espérait obtenir un troisième mandat.

En Serbie, on se souviendra longtemps du jour où la machine à gagner de Boris Tadic s'est enrayée… Crédité de 58 % dans le dernier sondage avant le second tour de la présidentielle, le chef de l'État sortant s'est incliné devant son adversaire Tomislav Nikolic, selon les premiers résultats annoncés dimanche soir. D'abord incrédule, Aleksandar Vucic, le numéro deux du Parti serbe du progrès (SNS) - fondé par Tomislav Nikolic il y a quatre ans - a été le premier à crier victoire. «Nous avons un nouveau président!», a-t-il proclamé devant un public en liesse au siège du SNS.

«Nous avons plus d'un point d'avance et nous attendons les résultats du Kosovo qui conforteront notre victoire», a-t-il ajouté en référence au vote des Serbes vivant dans le nord de cette province albanophone qui a déclaré son indépendance en 2008. Un peu plus tard, Boris Tadic a reconnu sa défaite et félicité son adversaire. Pour ses partisans, le vent de panique s'est levé quelques heures plus tôt, lorsque les premiers résultats sur le taux de participation ont commencé à circuler dans les partis: à peine 41,5 %, sensiblement inférieur à celui enregistré lors du premier tour il y a deux semaines. Les militants se sont alors saisis de leur téléphone pour haranguer les électeurs. «Voter prend cinq minutes, mais ensuite tu en as pour cinq ans», ont-ils martelé. En vain. «C'est l'abstention qui a gagné», estime, dépitée, une militante du Parti démocrate (DS) présidentiel.

Le coup est rude pour le camp démocrate qui avait transformé cette campagne en référendum pro-européen. Fort de l'obtention par la Serbie du statut de pays candidat à l'UE, le président Tadic était donné favori pour ce scrutin. Son approche constructive de l'imbroglio kosovar, l'ouverture économique du pays et les efforts de sa diplomatie pour rejoindre au plus vite l'Union en avaient fait un interlocuteur de choix pour Bruxelles.

Pas de rupture avec l'Europe

Aujourd'hui, tout est à recommencer ou presque. Tomislav Nikolic, quasi-inconnu, a tenté de rassurer dimanche soir sur ses intentions vis-à-vis de l'Europe. «La Serbie maintiendra sa voie européenne, a-t-il déclaré. Ce scrutin n'a pas porté sur qui conduira la Serbie vers l'UE mais sur qui réglera les problèmes économiques créés par le Parti démocratique.» «Ce sera assez cocasse, mais pas dramatique», affirme l'analyste politique Milos Vasic qui rappelle les «efforts considérables» de ce nationaliste pur jus pour devenir un homme politique «proeuropéen et conservateur». «Et puis, grâce aux garde-fous mis en place par les institutions euroatlantiques, il ne pourra pas prendre une voie sensiblement différente de son prédécesseur», dit-il. «Il ne parle plus de modèle de développement chinois. Mais ses engagements européens restent à prouver», constate aussi l'ambassadeur américain Cameron Munter.

L'abstention n'est pas la seule responsable de la défaite des démocrates. Les accusations de «fraude électorale» formulées par «Toma» entre les deux tours et le rappel de la question du Kosovo, qui avait quelque peu disparu, ont porté leurs fruits. S'y ajoute un discours très centré sur des valeurs morales («l'intégrité», la «dignité», et le «patriotisme») qui a fait mouche. «Cette victoire n'est pas le résultat d'une campagne morose mais bien une sanction de la mauvaise politique menée par Tadic», témoigne Rankovic, jeune cinéaste de Belgrade. «Vouloir rejoindre l'UE dans son état actuel ne suffit pas comme programme», poursuit-elle. Force est de constater que les urnes viennent de lui donner raison.