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Le journaliste Alexis Kraland harcelé par la police
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://taranis.news/2017/02/le-journaliste-alexis-kraland-harcele-par-la-police/
Dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 février 2017, le journaliste et collaborateur de Taranis News, Alexis Kraland rapporte que des habitants ont trouvé des douilles de pistolet 9mm dans la cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois. Ils affirment que la police aurait tiré en l’air et dans leur direction à plusieurs reprises. Ils présentent ces douilles, qu’Alexis Kraland prend en photo. Le lendemain la Préfecture de Police de Paris, interrogée par le journal Libération confirme « des tirs de sommations ». Il sera par la suite agressé par la Police, les deux jours suivants, dans le cadre de l’exercice de ses fonctions de Journaliste. Nous dénonçons avec la plus grande vigueur ces actes, et demanderons toujours des comptes pour chaque infraction aux libertés de la Presse.
« Mercredi 8 février 2017 , 20h33, j’arrive à Belleville depuis Ménilmontant où avait lieu un rassemblement suite à la torture subie par un jeune homme d’Aulnay-Sous-Bois entre les mains de la police.
Je décide de faire une blague que j’affectionne lorsque j’ai un talkie-walkie en ville relié avec un collègue. J’effectue un appel bidon. A ce moment, je suis à l’extrémité du trottoir, de l’autre côté des barrières métalliques qui longent le caniveau. Je dis « c’est bon, on les a repérés » dans la machine.
Tout d’un coup, je sens que l’on m’agrippe de l’autre côté de la barrière. « C’est un contrôle » m’explique-t-on sèchement. Je demande pour quelle raison. « Donne ta caméra » dit un autre homme. Quand bien même ils seraient policiers, ils ne peuvent pas prendre ma caméra comme ça, même s’ils effectuent un contrôle de police.
Je laisse donc mon bras droit pendre le long de mon corps, afin d’éviter que la main d’un de ces hommes ne puissent l’atteindre. L’un d’eux y va manu militari mais ne parvient pas à saisir ma caméra. Par derrière, un autre effectue une clé d’étranglement. L’étranglement me gêne pour respirer, je crie. La foule s’indigne et devient plus compacte autour de moi et la clé d’étranglement s’affaiblit puis se retire.
J’entends des personnes dire « Où sont vos matricules ? Où sont vos brassards ? » Je me laisse tomber vers le sol. Les hommes de l’autre côté de la barrière m’agrippent et me tirent légèrement de l’autre côté de la barrière. Finalement, ils lâchent prise, j’arrive au sol, sur le dos. Ils s’éloignent sans s’excuser et je peux donc me relever.
Je vais les voir et je dis « pourquoi vous étranglez les gens » ? Puis je vois leur officier et je lui demande « pourquoi ils m’ont étranglés » ?. Il dit qu’il n’a rien vu. Je lui demande pourquoi ils ne s’excusent pas. Il ne me répond pas.
La veille mardi 7 février, durant un autre rassemblement à Ménilmontant, je filme une interpellation violente en fin de soirée, puis mon regard croise celui d’un policier que je reconnais : c’est l’ancien officier à la tête de la BAC de Rennes, il m’avait arrêté de manière arbitraire, dans la rue, le 14 mai, avant une manifestation contre les violences policières.
Il dit « Je vais me le faire cet enfoiré ». Puis « on l’emmène, on l’emmène ». Je me retrouve plaqué, projeté au sol par derrière. Une fois au sol, un gendarme m’écrase. Je constate que j’ai perdu mon portable. Je protège ma caméra et me met quasiment en position latérale de sécurité. J’essaie avec ma main gauche de remettre mon téléphone dans ma poches mais le gendarme essaie de m’en empêcher.
Je donne de ma main droite ma caméra au photographe Nnoman. Puis cet officier qui a donné l’ordre de m’arrêter me tire avec le bras vers le trottoir d’en face. Je me laisse traîner. La tension monte autour. Les policiers forment deux lignes avec leurs boucliers.
Des policiers finissent par me donner des coups de pieds en me disant « casse-toi ». Je me relève et m’en vais. Le photographe Nnoman m’emmène au supermarché, et m’achète une brique de jus de fruit car j’ai l’air livide, davantage choqué par l’incompréhension que suscite leur violence que par la douleur liée à la violence elle-même.
A aucun moment je n’ai utilisé la force pour m’opposer à l’action des forces de police sinon celle de l’inertie de mon corps. Je me suis laissé agrippé, étranglé, écrasé et traîné. Tout au plus ai-je crié.
Sinon, je suis resté calme et n’ai pas haussé le ton, ni insulté quiconque. »
Alexis Kraland,
Journaliste