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Grèce: Le Front de Gauche français soutient l'appel aux banques lancé par SYRIZA
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche (FG) à l'élection présidentielle française a organisé un meeting à Paris lundi dernier avec Alexis Tsipras, dirigeant de la Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA) en Grèce.
La tâche de Mélenchon était de servir d'intermédiaire politique pour Tsipras et le président français nouvellement élu François Hollande, du Parti socialiste (PS.) Au deuxième tour de l'élection présidentielle, Mélenchon, un ancien ministre PS, avait soutenu Hollande qui avait fait campagne en prônant des coupes budgétaires combinées à « un volet croissance » de subventions financières ciblées en faveur de banques et d'industries clés.
Mais comme cela apparaît clairement, à lire la couverture médiatique concernant le tour d'Europe de Tsipras, SYRIZA se fonde sur une perspective similaire à celle de Hollande. SYRIZA est arrivé en deuxième place à l'élection législative du 6 mai en Grèce, qui n'a pas réussi à produire un gouvernement et est actuellement premier dans les sondages pour l'élection du 17 juin. SYRIZA a envoyé Tsipras rencontrer Mélenchon et les représentants de du Parti de Gauche à Berlin, pour donner des garanties que ses critiques des mesures d'austérité actuelles en Grèce ne représentent nullement une menace pour le capitalisme européen. (Voir: La pseudo-gauche démasquée en Grèce)
Le PS a refusé de rencontrer Tsipras en personne, apparemment parce qu'il n'est pas encore chef d'Etat. Au lieu de cela, la tâche de parler directement à Tsipras a été confiée à Mélenchon et au Front de Gauche, qui ont organisé une intervention de Tsipras à laquelle ont assisté quelques centaines de membres du Front de gauche, devant le bâtiment de l'Assemblée nationale, dans un des quartiers les plus riches de Paris.
A Berlin, Tsipras a fait l'éloge de la défaite par Hollande de l'ancien président Nicolas Sarkozy qui travaillait en étroite collaboration avec la chancelière allemande Angela Merkel à concevoir une politique d'austérité en Europe.
Tsipras a dit, «Bien sûr que nous avons de grands espoirs et attentes concernant cette rupture de l'axe franco-allemand qui a suivi la défaite de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle. »
«Les questions formulées par la gauche il y a longtemps sont maintenant discutées au niveau du G8, tels les euro-bonds et les prêts directs de la Banque centrale européenne. »
Tsipras recherche l'aide de Paris pour essayer de modifier les renflouements imposés à la Grèce par l'Union européenne (UE). Mais très vite il apparaît clairement qu'une telle politique implique au plus des changements cosmétiques aux mesures d'austérité qui ont dévasté la classe ouvrière grecque.
Tsipras a dit à Reuters : «Nous voulons que les gouvernements de c France et d'Allemagne voient ce que nous représentons: ce qui se dit de nous en Europe ne correspond pas à ce que nous sommes et ce que voulons. » Il a appelé à des « réformes à long terme » pour rendre viables les renflouements imposés à la Grèce par l'Union européenne (UE), de façon à ce que la Grèce « soit capable de rembourser l'argent qu'on nous a donné. » Il a aussi cité, comme étant son modèle, les coupes sociales du gouvernement Obama aux Etats-Unis en disant: «Nous devons faire pression sur Merkel pour qu'elle suive l'exemple des Etats-Unis. »
D'autres représentants de SYRIZA qui ont parlé avec les médias français ont fait des commentaires similaires. La député e SYRIZA, Sofia Sokarafa a dit à Médiapart: «Nous voulons des réformes, nous voulons que le pays soit plus compétitif, lfÉtat plus fonctionnel, qufil y ait de la méritocratie. »
Ce qui n'a cependant pas été mentionné est le fait que des plans visant à donner un coup de pouce à la compétitivité, fondés sur le remboursement des banques et copiant la restructuration de l'industrie automobile américaine, telle qu'elle a été entreprise par le gouvernement Obama, impliqueraient une diminution brutale du niveau de vie des travailleurs.
Mélenchon a néanmoins soutenu avec enthousiasme la visite de Tsipras. Parlant de Tsipras, Mélenchon a dit: «Nous ne sommes pas identiques mais nous sommes comparables. »
Mélenchon a aussi utilisé la visite de Tsipras comme l'occasion de prendre une posture de « gauche » totalement factice. Il a critiqué le PS pour avoir refusé de rencontrer Tsipras lors de sa visite à Paris, pour avoir organisé « l'ostracisation » de Tsipras. Il a demandé de façon absurde au PS, important parti du patronat français, de rencontrer Tsipras au nom de la «solidarité internationaliste... Au moins la solidarité à gauche devrait prévaloir. »
En fait la politique de Mélenchon est en accord avec certaines sections du capital financier, y compris à Paris et Wall Street, qui préfèrent une politique « d'assouplissement monétaire quantitatif », où la Banque centrale européenne ferait fonctionner la planche à billets pour renflouer les banques durant toute crise financière. C'est la politique soutenue par Hollande peu après son élection, et son gouvernement a indiqué ses projets de coupes budgétaires après les élections législatives de juin prochain. (Voir France: Le président élu laisse entrevoir des coupes budgétaires et des cadeaux aux banques)
Dans une interview accordée à Libération, Mélenchon a dit qu'il donnerait le conseil suivant à Tsipras: «Je sais comment je mfy prendrais... Il faut obtenir la capitulation de la Banque centrale européenne. Qufelle prête directement à lfEtat grec. Je serais Alexis, je serre cette tenaille-là !»
Mais cette politique, identifiée en Europe comme étant de « gauche », ainsi que l'a fait remarquer Tsipras, n'a rien à voir avec une quelconque solidarité avec les travailleurs grecs. Une politique inflationniste consistant à faire tourner à volonté la planche à billets pour rembourser les banques est tout simplement une recette pour diminuer le pouvoir d'achat des travailleurs tout en augmentant les inégalités sociales, en donnant des sommes gigantesques aux banques privées qui sont responsables de la crise économique. En effet , la politique plus inflationniste poursuivie par le gouvernement Obama a provoqué une catastrophe sociale pour la classe ouvrière américaine.
Malgré son soutien aux bombardements de la Libye par l'OTAN et aux menaces militaires envers la Syrie, Mélenchon aime exprimer une certaine indépendance patriotique de la France par rapport aux Etats-Unis, mais son protégé grec mine quelque peu cette pose. Le New York Times cite Tsipras: « Le message que nous transmettons au G8 est que nous devons faire pression sur Mme Merkel pour qu'elle suive l'exemple de l'Amérique, où on ne s'est pas attaqué à la crise de la dette par des mesures d'austérité mais par une approche expansionniste. »