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A NE PAS RATER - "Ni Dieu, ni maître" ce soir sur Arte
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
« Ni Dieu ni Maître », la grande histoire de l’anarchie
Arte diffuse un document riche et dense sur un mouvement de pensée, aspirant à une société libre, égalitaire, fraternelle, sans État ni exploitation.
Nestor Makhno (à dr.), communiste libertaire d’origine ukrainienne. / Arte
«Ni Dieu ni Maître. » Chanté par Léo Ferré, c’est le mot d’ordre de l’anarchisme. C’est aussi le titre choisi par Tancrède Ramonet pour son film relatant son histoire, à grand renfort d’archives et d’interventions de spécialistes. Il est proposé en deux épisodes diffusés à la suite : La Volupté de la destruction, de 1840 (date de la publication de Qu’est-ce que la propriété ? de Proudhon) à 1914; La Mémoire des vaincus, revenant à 1911 pour s’achever en 1945.
Une répression féroce
De l’un à l’autre, on y retrouve les principales figures de l’anarchisme – outre Proudhon, bien sûr, Louise Michel, Bakounine, l’anglais Owen, l’Ukrainien Makhno, l’Espagnol Durruti… Dans le même temps, sont déclinées les grandes étapes de ses combats : grèves, manifestations pour l’augmentation des salaires, la journée de huit heures ou (déjà !) pour les droits des femmes ; mise en place d’écoles aux pédagogies nouvelles abolissant les rapports de hiérarchie entre le maître et l’élève.
Sont encore mises en lumière les répressions sanglantes (à Chicago en 1886, à Fourmies en 1891), les condamnations à mort – Sacco et Vanzetti aux États-Unis – ou au bagne – en France, Marius Jacob, « anarchiste cambrioleur » qui jamais ne tua.
Violence et conflits internes
Cependant, répondant à cette violence d’État, la violence d’un anarchisme partisan de la « propagande par le fait » n’est pas tue, ternissant son image, le réduisant au terrorisme des poseurs de bombe – de la bande à Bonnot aux assassinats du tsar Alexandre II, du président de la République Sadi Carnot, du roi d’Italie Humbert Ier… Nulle impasse, non plus, sur les conflits internes ou la lutte sans merci entre anarchistes et communistes, culminant lors de la guerre d’Espagne.
Tancrède Ramonet a ajouté un troisième épisode à son histoire : Les Réseaux de la colère, de 1945 à 2001. Arte ne le diffusera pas. C’est dommage.
Didier Méreuze
Ni Dieu ni Maître, mardi 11 avril à 20 h 50 sur Arte. Le coffret DVD du film et le livre Histoire mondiale de l’anarchie de Tancrède Ramonet et Gaetano Manfredonia, sont disponibles chez Arte Éditions.
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Les avis sont partagés
Pour
« La propriété, c'est le vol ! » Publiée en 1840 par le penseur français Pierre-Joseph Proudhon, cette assertion iconoclaste a signé l'avènement de la pensée anarchiste. Elle est aussi le point de départ de ce documentaire en deux parties, dont l'ambition est de balayer, de 1840 à 1945, les différentes facettes d'un mouvement politique protéiforme.
Le premier volet, La volupté de la destruction, 1840-1914, expose les bases théoriques de l'anarchisme, né en réaction à la révolution industrielle du xixe siècle et au capitalisme naissant. Avec un grand souci didactique, le film détaille les premières dissensions et les premiers errements de ce courant de pensée dans son application sociale et politique : pour lutter contre toute forme de domination — qu'elle soit étatique, économique ou religieuse —, pour renverser le pouvoir et détruire les fondements de l'ordre social, faut-il prôner l'insurrection ? Utiliser l'arme de la grève générale ? Dépasser les limites du discours et poser des bombes ? S'il s'est beaucoup subdivisé, le mouvement anarchiste a aussi initié quantité d'avancées sociales : cette première partie évoque la création des Bourses du travail, la journée de huit heures, la lutte pour les droits des femmes, et même un retour à la nature, ancêtre de l'écologie...
Plus confus, le deuxième volet, La mémoire des vaincus, 1911-1945, raconte les tentatives révolutionnaires (Mexique, Russie) qui ont marqué le début du xxe siècle, visant à montrer que l'anarchisme est bien un mouvement international — il s'éteindra néanmoins, pour un temps, dans le fiasco de la guerre d'Espagne. Le film (trop ?) dense fourmille d'archives inédites ; il donne la parole à des historiens dont beaucoup sont, eux-mêmes, proches de la pensée libertaire. Et si l'on peut reprocher à son commentaire une empathie manifeste et des envolées lyriques, reconnaissons à Tancrède Ramonet le mérite d'avoir exploré un pan méconnu de l'histoire politique. — Perrine Dutreil
Contre
Tenter de faire connaître une pensée et un mouvement protéiformes et par trop ignorés était une bonne idée ; mais fallait-il la traiter ainsi ? Plutôt que d'en explorer certains aspects en profondeur, Tancrède Ramonet traverse au pas de charge un siècle d'histoire intellectuelle, politique et sociale. Au caractère étouffe-chrétien de son documentaire s'ajoute un conformisme esthétique corseté, en contradiction avec certaines valeurs qu'il prétend promouvoir — alternance d'interviews d'experts (tout éloquents qu'ils soient) et d'archives commentées, traversées de musiques stressantes. Des coups d'archet tranchants de son générique d'ouverture à l'agressivité de la chanson accompagnant son générique de fin, Ni dieu ni maître témoigne d'une forme d'autoritarisme qui ne nous laisse aucun répit. — François Ekchajzer
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TéléObs. Pourquoi faire un documentaire sur l'anarchisme en 2017 ?
Tancrède Ramonet . Il n'y a jamais eu de somme sur l'histoire de l'anarchisme, un mouvement multiple et protéiforme. Il existe pourtant de nombreux films sur des sujets précis comme la révolution libertaire en Catalogne ou la bande à Bonnot, mais ces focus ont contribué à l'image d'éparpillement et d'incohérence qui colle à l'anarchisme dans la mémoire collective. Or, ce qui m'a frappé, c'est précisément la cohérence et la continuité du mouvement pendant cent cinquante ans. On retrouve des mouvements de lutte en Europe et en Amérique du Nord mais aussi en Afrique, en Asie et au Proche-Orient. Aujourd'hui, l'insurrection laïque, libertaire, anticapitaliste et anti-islamiste qui a lieu au Rojava (Kurdistan syrien) en est une expression. Ce mouvement se réclame d'Abdullah Öcalan, ancien communiste emprisonné en Turquie. Sa théorie du confédéralisme démocratique est elle-même inspirée de Murray Bookchin, un anarchiste écologiste américain, père du municipalisme libertaire et grand inspirateur du mouvement hippie.
Arte
Aujourd'hui, quelles sont les résonances de l'anarchisme dans notre société ?
" J'ai eu envie de faire découvrir aux nouvelles générations cette autre forme de socialisme. Parce qu'il est à l'origine de toutes les grandes conquêtes sociales (bourses du travail, journée de huit heures, nouvelles formes d'éducation…) et parce qu'il peut aider à répondre à des questions actuelles : la démocratie directe, les luttes minoritaires, le recours à la violence…
On ne prend pas de carte de militant anarchiste : ce qui le définit, c'est sa pratique. Or on retrouve en 2017 cet esprit dans des mouvements contre les violences policières, pour les migrants (No Border), à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, à Nuit debout ou encore dans le féminisme pro-sexe d'Ovidie. Il s'exprime aussi dans l'exigence d'une démocratie directe ou dans l'idée de convergence des luttes : alors que le communisme n'oppose que les travailleurs à la bourgeoisie, l'anarchisme a toujours pointé d'autres formes d'exploitation plus insidieuses : homme/femme, Blanc/ Noir, pays du nord/pays du sud, homme/nature…
Collection IM/KHARBINE-TAPABOR
Ce documentaire est l'un des éléments d'un projet plus global…
Le projet comprend aussi le livre de Gaetano Manfredonia, conseiller historique du documentaire, un site internet et un disque du groupe Achab dans la tradition des "chansons contre", édité en partenariat avec Arte. Le site s'inspire de la phrase du géographe libertaire Elysée Reclus : "La liberté de penser fait de tous les hommes des anarchistes sans le savoir" et montre qu'on vit tous les jours des moments anarchistes : en improvisant une partie de football sans arbitre, en prêtant son marteau à un voisin sans faire signer de contrat de location, en n'appelant pas la police quand un enfant vole un bonbon, etc. Nous décidons de règles et nous les modifions, nous sommes capables d'assurer une autorité légitime mais aussi de critiquer une autorité illégitime.
Je montre la diversité des parcours anarchistes en amenant les gens à se poser les questions des révolutionnaires : est-ce que j'utilise la lutte armée ? Est-ce que je pratique l'action individuelle d'éclat ? Ou est-ce que je décide de m'organiser en syndicat ?"
BM Dijon
Y aura-t-il une suite à ce film ?
- Arte n'a pas voulu du troisième volet, "les Réseaux de la colère", qui porte sur la période de 1945 à nos jours. Nous y expliquons pourtant comment l'anarchisme renaît de ses cendres après la Seconde Guerre mondiale et devient l'inspirateur de toutes les formes de résistance qu'ont été les mouvements hippie, punk, situationniste, Action directe (et le retour à la lutte armée), Black Bloc, ZAD, mouvance anarcho-autonome ou Nuit debout…
Des mouvements épars mais reliés entre eux. Qui disent, à l'instar du sous-commandant Marcos : "On ne veut pas prendre le pouvoir, on veut pouvoir."
Propos recueillis par Anne Sogno