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Disneyland Paris : la magie de l’optimisation fiscale
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://npa2009.org/actualite/entreprises/disneyland-paris-la-magie-de-loptimisation-fiscale
Disneyland France va mal, une fois de plus, en ce début d’année 2017, à l’orée de son trentième anniversaire. Au point que Disney USA veut reprendre le contrôle total de sa filiale française. Mickey perd donc de l’argent, malgré les millions dépensés par les nombreux visiteurs, le coût de l’entrée, des hôtels et de la restauration ainsi que des produits dérivés. Mais comment donc ?
Seize millions de visiteurs sont passés en 2016 par le parc d’attractions, ce qui en fait un véritable succès. Pourtant, les pertes ont atteint cette même année 858 millions d’euros, et l’action ne vaut plus qu’un euro, ce qui veut dire qu’elle a perdu 99 % de sa valeur depuis son lancement. Comment cela se fait-il ?
On s’en doute, l’argent n’a pas été perdu pour tout le monde. Pour le dire vite, c’est oncle Picsou USA qui empoche l’argent grâce à un contrat extrêmement favorable à Disney USA, signé avec sa filiale. Ce contrat prévoit en effet que Disney aux Etats-Unis ne touche pas de dividendes indexés sur les bénéfices, mais reçoit d’énormes redevances. Rentable ou non, le parc d’attractions doit payer son obole à Disney. Ces sommes représentent à elles seules plus de 50 % des pertes depuis dix ans. Disneyland Paris a reversé en moyenne 6 % de son chiffre d’affaires.
Qui plus est, la maison-mère, très généreuse, consent des prêts à sa pauvre filiale française, à des taux plutôt élevés. Les intérêts permettent aussi de pomper les recettes et de leur faire traverser l’Atlantique.
Les pertes de la première destination touristique en France, devant le Louvre, font peut être la Une des journaux en France, mais contribuent au bonheur de Disney USA. C’est magique, Disneyland ne paie pas d’impôts en France, puisqu’il n’y gagne pas d’argent. Bienvenue au club des McDo, Google et autres Amazon !
Mais l’Etat français veille : l’entreprise, la malheureuse, a bénéficié du CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi) à hauteur de 16,4 millions d’euros pour 2014. Mickey aime bien l’argent public et a l’habitude de vivre aux crochets de la collectivité. Après la signature de la convention ayant lancé le projet de parc, en 1987, le gouvernement socialiste de Mitterrand avait prêté des centaines de millions d’euros à de très faibles taux d’intérêt.
Et surtout, il avait pris à sa charge toutes les infrastructures routières et ferroviaires : création de deux gares, un boulevard circulaire, un échangeur autoroutier, avec exonérations fiscales multiples. Le parc, qui n’a été bénéficiaire que sept ans sur trente années d’existence, s’est à chaque fois fait renflouer par l’Etat, à travers la Caisse des dépôts qui a renoncé à plusieurs reprises aux intérêts qui lui étaient dus.
Et les gagnants sont... Les banques qui ont prêté de l’argent à Disneyland, car l’entreprise s’est développée grâce à un endettement gigantesque, autour de sept milliards d’euros, qu’il faut bien éponger chaque année. Et Disney USA, évidemment, qui met en avant des bénéfices à deux chiffres. Mais tout cela, c’est pour le bien de l’économie française, voyons !
L’Etat et Disneyland se vantent d’avoir créé 15 000 emplois. Mais les soutiers, les emplois au bas de l’échelle des salaires, sont au nombre de 13 400. C’est-à-dire que la majorité des emplois créés le sont à bas salaires. Ils sont rétribués sur la base du Smic +1 %, soit environ 1300 euros bruts mensuels, sans repos ni prime pour le travail du dimanche. De nombreux salariés ne sont pas payés davantage s’ils travaillent un jour férié ou la nuit. Le niveau des accidents du travail est extrêmement élevé : 1500 par an pour 15 000 salariés, soit un ratio plus fort que dans le bâtiment, a dénoncé la médecine du travail du site. Le fait que l’entreprise prétende perdre de l’argent est aussi très pratique pour inciter à la modération salariale.
Alors, si Disneyland va mal, l’oncle Picsou d’Amérique se porte bien, merci pour lui !
Régine Vinon