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    Grèce : analyse du SEK (Antarsya)

    Lien publiée le 21 juin 2012

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    PARTI SOCIALISTE OUVRIER (SEK) (composante de Antarsya, la gauche anticapitaliste grecque)

    Pourcentages sans précédents pour la gauche
    Convertissons-les en action massive contre le pillage
    Pas de retour aux mémorandums

    La bourse (et la presse internationale) fête l’arrivée en tête de la Nouvelle Démocratie. Pour être exacts, ils avaient déjà commencé la fête vendredi, ayant entre les mains les sondages « interdits» qui montraient cette devancée. Et Samaras s’empresse de nous assurer que « le pire est passé » maintenant que la ND avec l’aide de ses riches amis ici et à l’étranger, a obtenu cette victoire.

    Il s’agit de mensonges éhontés et de fêtes sans fondements. La victoire de la ND n’ouvre de débouché ni à la crise économique ni politique. Ce qui s’ouvre devant nous est la tentative de la classe dirigeante d’imposer des mesures encore pires contre les travailleurs, avec l’aide d’un gouvernement plus faible encore que ceux de Papandreou ou de Papadimos. Et bien sûr cette offensive aura en face d’elle une gauche ayant obtenu les pourcentages les plus élevés depuis 1958. Des luttes décisives sont devant nous.

    A l’heure où ces lignes sont écrites, le gouvernement n’est pas encore formé, bien que le nouveau premier ministre ait prêté serment. Bien que tous soient impatients de voir la formation d’un gouvernement avant la conférence cruciale au sommet de l’U.E., les négociations entre Samaras – Venizélos et Kouvelis ne sont pas faciles. Aucun des trois n’a la force ni la liberté de manœuvre requises pour stabiliser la situation politique.

    La Nouvelle Démocratie de Samaras, malgré son recollage avec le parti de Dora Bakoyanni, et l’absorption de l’extrême droite du LAOS, n’a pas réussi à atteindre les 30% alors même qu’elle jouissait de l’appui le plus enragé de la classe dirigeante et des ses alliés internationaux. Jamais depuis l’époque de la droite d’avant la junte il n’y avait eu une campagne si organisée pour faire peur et gagner les élections. Pourtant la ND n’a même pas atteint son score le plus bas de 2009. Elle ne peut donc en aucun cas se présenter comme une force de ralliement.

    Les problèmes sont encore plus intenses dans l’autre partie du nouveau gouvernement, au sein du PASOK. Du soutien du gouvernement de Papadimos il ne reste qu’une base délabrée qui risque à tout moment de s’effondrer.

    L’effondrement depuis les 44% non seulement n’a pas été enrayé mais s’est au contraire poursuivi, surtout dans les quartiers ouvriers d’Athènes et du Pirée. C’est d’ailleurs pour cela que Samaras et Venizélos essaient d’obtenir la participation de la Gauche Démocratique au nouveau gouvernement. Alors que le gouvernement de Papadimos s’appuyait sur l’extrême droite du LAOS, celui-ci cherche un soutien plus « à gauche ». Cela montre leur faiblesse politique et leur inquiétude. Numériquement la ND et le PASOK suffisent à former un gouvernement, mais politiquement ils ne peuvent pas.

    Il y a deux raisons a cela: la première a à voir avec la violence du pillage qui va suivre, malgré tous leurs mensonges sur “des négociations pour une amélioration du mémorandum”. Et la deuxième tient à l’importance du courant à gauche.

    La vérité sur la gravité de la crise apparaît avec les dernières évolutions en Espagne. Alors que la bourse célébrait la victoire de la ND, les taux d’intérêt pour les bons du trésors espagnols grimpaient à plus de 7% et tiraient vers le haut les taux d’intérêt en Italie. Le président de la Banque Mondiale Robert Zelik avertissait le Sommet des G20 à Mexico que la zone de l’Euro se trouve en situation « Lehman Brothers », comme le système bancaire américain en 2008. La crise s’aggrave et celui qui lance des promesses d’amélioration du mémorandum ne fait que proférer d’énormes mensonges.

    Déjà Samaras, dimanche soir a “oublié” de parler de “négociation”. En fait ce qu’attendent ses associés dans l’U.E, c’est qu’il mette en œuvre les promesses qu’il leur a données, c’est a dire les privatisations que Papandreou et Papadimos n’ont pas réussi a concrétiser, et qu’il fasse face de manière plus dure aux grèves, aux occupations et aux mouvement de désobéissance civique. C’est l’ordre du jour réel du nouveau gouvernement, quelle qu’en soit sa composition.

    Leur peur de la résistance qu’ils vont rencontrer face à une telle offensive s’exprime non seulement par leurs tentatives pour s’assurer la participation au gouvernement de la Gauche Démocratique, mais aussi de leurs appels suivis aux SYRIZA, d’abord pour qu’il rentre dans le gouvernement, puis pour qu’il exerce une opposition « responsable ».

    Leurs peurs ne sont pas sans fondement. Le courant massif de radicalisation de gauche qui a amené le SYRIZA au pourcentage de 27% et la gauche à des pourcentages jamais vus, ne s’est pas créé dans des meetings électoraux mais sur les lieux de travail. Ce tournant massif à gauche est non seulement plus important que le pourcentage historique de l’EDA en 1958, mais il a des caractéristiques politiques plus avancées. Il se forme sur la base d’une classe ouvrière qui a d’énormes expériences de luttes et des espoirs de renversement. Les chiffres sont écrasants. Dans les quartiers ouvriers d’Athènes et du Pirée, là où ont eu lieu et où ont lieu les luttes les plus impressionnantes, depuis les grèves générales jusqu’à la grève illimitée de l’usine d’acier, la somme des pourcentages de SYRIZA, KKE (parti communiste) et ANTARSYA (gauche anticapitaliste) atteint entre 37 et 43%. Si l’on y ajoute la Gauche Démocratique, on approche de la majorité absolue, raison pour laquelle Kouvelis a du mal à accepter de participer au gouvernement.

    Encore plus impressionnantes sont les caractéristiques politiques. En 1958 les 25% étaient la preuve que la défaite après la guerre civile n’avait pas réussi à éteindre la flamme de la politisation de gauche. Mais les syndicats étaient très affaiblis et les luttes se sont développées après 1958, alors qu’à la gauche de EDA il n’existait presque rien. Aujourd’hui sur les lieux de travail il y a des milliers de travailleurs en lutte qui ont l’expérience de l’organisation par la base, depuis le devoir de gagner l’assemblée générale contre les concessions de la bureaucratie syndicale, jusqu’aux expériences plus avancées du contrôle ouvrier lors des occupations.

    Aujourd’hui les dirigeants du SYRIZA, pressés sans arrêt à leur droite de faire preuve de “responsabilité”, ont à leur gauche des centaines de milliers de travailleurs en lutte. La polarisation électorale a peut être amené des milliers d’électeurs du PC et de ANTARSYA à accorder une voix critique au SYRIZA, mais cela ne veut pas dire qu’ils ont donné leur accord à une opposition « responsable ». Les tendances plus à gauche dans le SYRIZA ont peut être donné un accord silencieux lors de la période électorale afin de ne pas perturber la tactique électorale de ses dirigeants, mais les militants et sympathisants de la base sont décidés à se retrouver dans la rue avec la gauche anticapitaliste.

    Il ne sera pas facile pour les dirigeants droitistes qui ont pris le contrôle du SYRIZA pendant la période électorale de maîtriser cette envie de se battre. Le « réalisme » de ces dirigeants qui au lieu de répondre à la campagne de peur et aux chantages de la droite, préféraient donner des serments de foi à l’Euro, à l’excédent primaire du budget, et même au « sang-froid » de la police, s’est avéré insuffisant même au niveau électoral. Au niveau des luttes ouvrières nous pouvons et devons les laisser de côté  afin de développer le mouvement massif dont nous avons besoin pour casser le programme de Samaras.

    Cette perspective ne peut pas être concrétisée par les dirigeants du parti communiste, lequel essaie de cacher ses propres responsabilités en accusant le niveau de conscience de la classe ouvrière de la classe ouvrière. Ce n’est pas la faute des gens s’ils n’écoutent pas ce que dit le parti communiste. La tactique du sectarisme et de la condamnation n’a pas marché face à la base du PASOK, elle ne va pas marcher avec les gens du SYRIZA. Une direction qui appelle les gens à laisser la place Syndagma inondée pour descendre dans une autre direction, ne peut pas unir la classe, malgré toutes ses accusations d’opportunisme contre Tsipras.

    ANTARSYA reste la force anticapitaliste unitaire qui peut donner les luttes et développer la dynamique du mouvement. Elle a fait une campagne électorale qui a essaye de donner les réponses que les autres évitaient. Elle a donné, pas seulement à ceux qui ont vote pour elle, les réponses d’un programme transitif, pour la cessation du paiement de la dette, la rupture avec l’Euro, et le contrôle ouvrier dans le système bancaire et dans toute l’économie. Elle a aidé de nombreux lieux de travail à acquérir un collectif de base autour de ces revendications. Elle a insisté et insiste encore sur l’action unitaire pour la réalisation de ces buts du mouvement ouvrier. C’est pourquoi elle constitue une présence catalytique pour l’avenir des luttes.

    Elle l’a montré même durant la campagne électorale avec les initiatives antifascistes. Les pourcentages de L’aube Dorée (Chrysi Avgi) ne laissent aucun doute sur la priorité des devoirs antifascistes dans cette période. Chryssi Avgi a gonflé avec le soutien de Samaras qui a banalisé toutes les idées réactionnaires racistes. Comme Sarkozy en France, Samaras ici adopte les menaces de chasse aux immigrés, d’expulsions massives, de « réoccuper » les villes. La seule chose qu’ont à faire les néonazis est de se mettre en avant comme la force qui fait tout cela tout de suite en aidant la police à éviter les « écueils des institutions ». Même Venizélos en est arrivé à soutenir les attaques des néonazis en déclarant que la gauche est coupable de la violence. C’est ainsi qu’on a vu les néonazis manifester à Patras en exploitant un meurtre, et ceci sans aucune réponse de personne sauf ANTARSYA et la KEERFA (mouvement contre le racisme et la menace fasciste).

    Pourtant avec l’obstination de ces forces nous sommes arrivés au 8 Juin à l’organisation des manifestations antifascistes massives dans plusieurs villes, ouvrant la voie à cette lutte pour le mouvement.

    C’est ainsi que nous pouvons et devons continuer. Unitairement et avec audace politiquement, pas seulement contre la menace fasciste mais contre le retour des mémorandums et les nouvelles offensives. En renforçant les forces révolutionnaires et de l’anticapitalisme, le SEK et ANTARSYA, nous tous qui militons pour une société sans les barbaries du capitalisme en débâcle.