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Que se passe-t-il exactement à Saint-Martin ?
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Depuis le passage de l'ouragan IRMA sur les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, les informations font état de 6 morts à Saint-Martin. Il est question de renforts, d'aide aux victimes. Or, depuis que quelques rares communications - via whatsapp essentiellement - permettent à la population locale de s'exprimer, de donner des nouvelles aux familles, un tout autre scénario se dessine
Les familles saint-martinoises vivant en région parisienne sont formelles : leurs parents vivant sur l'île, ayant essuyé la violence de l'ouragan Irma, se sentent abandonnés à leur triste sort. On sait que la préfète a subi un choc - mais pas davantage que la population - et est incapable de faire face à ses obligations. Cependant, elle n'a pas été relevée de ses fonctions. On croit savoir qu'un haut fonctionnaire lui aurait été adjoint, depuis Paris.
Plus grave, les habitants dénoncent les deux poids, deux mesures : malgré l'annonce selon laquelle on n'évacuerait en priorité que les femmes accompagnées d'enfants de moins de deux ans, des adultes bien portants embarquent prioritairement sur des avions affrêtés : un tri de classe, un tri sur la base de la place sociale - fonctionnaires d'état dont les familles sont évacuées, tandis qu'une femme saint-martinoise, accompagnée de son enfant de moins de deux ans, témoigne du refus absolu de l'autoriser à pénétrer dans l'aéroport. Les références à la couleur de peau ne manquent pas, et les locaux se sentent victimes de comportements racistes.
Depuis deux jours les informations circulent et sont régulièrement rejetées, avec l'idée qu'il s'agirait de délires, de mensonges, de témoignages de personnes frustrées. Un père, de Saint-Martin, demande à sa fille vivant en région parisienne : "Mais ils sont où les français ? Ils arrivent quand ? " La comparaison est faite avec l'organisation qui règne sur la partie hollandaise de l'île. Il faut rappeler, à ce propos que cette île est divisée entre la France et la Hollande.
Aujourd'hui, l'ancien délégué ministériel Patrick Karam a publié le communiqué suivant :
""[Communiqué de presse] Chaos sécuritaire à Saint-Martin: la responsabilité du gouvernement engagée Patrick Karam, ancien délégué interministériel pour l’égalité des chances des français d’Outre-Mer et président d’honneur du Conseil Représentatif des Français d’Outre-Mer (Crefom) condamne avec la plus grande fermeté les défaillances du gouvernement dans la gestion de la crise liée au passage de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Les victimes de cette catastrophe qui souffrent déjà de la faim et de la soif, du manque d’eau et d’électricité, de conditions d’hygiène déplorables, vivent maintenant dans la peur de bandes armées, et de criminels qui règnent en maître en toute impunité sur un territoire devenu une zone de non-droit. L’Etat, qui avait connaissance du contexte particulier de Saint-Martin et de la violence endémique de ce territoire français, a été défaillant dans sa fonction régalienne la plus élémentaire de protection des biens et des personnes. Alors que les exactions de bandes ou de groupes armés ont commencé dès la fin du cyclone, la France se montre incapable de faire respecter l’ordre républicain et de protéger les civils qui subissent la double peine: après avoir perdu leurs biens matériels, ils craignent désormais pour leur sécurité et celle de leur famille. La lenteur d’intervention et de prise en compte de la tragédie et du chaos sécuritaire révèlent l’amateurisme du gouvernement qui a multiplié les opérations de communication et a échoué à protéger ses citoyens. Le contraste est flagrant avec la partie hollandaise de l’Ile, Sint-Marteen, qui a été immédiatement sécurisée par les autorités hollandaises qui ont dépêché des forces armées sur place afin de faire respecter l’ordre et la sécurité. Le gouvernement qui porte une lourde responsabilité dans la dégradation de la situation sécuritaire doit désormais remplir son devoir vis à vis des victimes de cette catastrophe."
Le journal RCI publie l'information suivante :
"St-Martin aujourd’hui ? C’est Mad Max et Indépendance Day, le chaos le plus total. Tous les codes de la vie en société ont volé en éclat. L’autorité publique ayant été cruellement défaillante en ce qui concerne ses missions régaliennes de maintien de l’ordre, mais aussi de protection des biens et des personnes ; et la nature ayant horreur du vide, ce sont d’abord des pillards par dizaines qui ont pris possession de la rue. Ensuite, ils sont passés à la vitesse supérieure, avec cette fois des bandes organisées, bien connues sur le territoire de St-Martin, qui se sont attachées à défendre leur territoire et opportunément à en conquérir d’autres, le tout sur fond de règlement de compte liés au trafic de drogue et d’armes. Déjà débordé en temps normal, les gendarmes se trouvent aujourd’hui complètement démunis. L’un d’entre eux, sous couvert de l’anonymat nous a décris une situation bien plus grave que veulent le faire croire les autorités. « C’est un grand merdier. L’île est détruite effectivement à 95%, on pourrait même dire 100%. L’ensemble des commerces est pillé tous les jours. On regarde car nous sommes en sous effectif. Des renforts de gendarmes mobiles sont certes arrivés, mais c’est encore aux gendarmes de Marigot de sécuriser la grande surface Super U, de jour comme de nuit » indique ce militaire.
Une réalité glaçante
Parallèlement, de petites frappes armées de coutelas, de couteau, mais aussi beaucoup plus lourdement s’en prennent au tout venant, au gré de leur bas instincts criminels. Prendre ainsi le risque de sortir de chez soi, avec telle ou telle chose visible, c’est s’exposer à coup sur à des vols avec violence et/ou à main armée. Et comme les forces de l’ordre peinent à reprendre possession du terrain, tout cela se passe dans la plus grande impunité. Les auteurs de ces faits graves ont bien compris que même s’ils sont interpellés ou pris en flagrant délit, il sera difficile techniquement de les placer en garde à vue et de le déferrer. Tous ces malfrats arpentent donc les rues comme des prédateurs traquent leurs proies. Lorsqu’ils ne s’attaquent pas franchement aux habitations qu’ils croient à l’abandon. Le risque est élevé également pour les femmes, actuellement à St-Martin. Certaines sont contraintes de se barricader et de survivre recluses de peur d’être victimes de viols, convaincues qu’en cas d’agression par ces groupes d’individus armés, personne ne pourra leur venir en aide. La population semble livrée à elle-même, obligée de s'organiser comme elle peut pour se défendre face aux voleurs.
Partir à tout prix
Les personnes les plus vulnérables et les proies faciles pour les malfrats, veulent quitter l'île par tous moyens, terrorisées par cette explosion de la délinquance et des violences. Scène irréaliste mais tellement révélatrice de la panique qui s'empare des personnes en détresse : un homme a tenté de rattraper à la nage un bateau privé qui partait de St-Martin en direction de Pointe-à-Pitre, avec plusieurs évacués à son bord. La préfecture a certes mis en place des mesures de restrictions de la circulation, au moins jusqu’à mercredi, tandis que les autorités néerlandaise ont déployé leurs forces armées à Sint-Maarten ; preuve de la nette différence d’appréciation du péril sécuritaire de part et d’autres de la frontière qui sépare la partie française de la partie hollandaise.
Radio Caraibes International : Thierry Fundéré" (Radio Caraïbes International est la radio la plus écoutée de la Guadeloupe. Elle a gagné ses lettres de noblesse après un comportement jugé héroïque durant le cyclone HUGO de 1989, assurant la diffusion des informations durant toute la nuit et permettant ainsi de sauver de nombreuses vies)
Bref, le chaos règne, l'état semble dépassé mais les télévisions en continu, les chaînes de radio nationale, émettant en continu, semblent minimiser la situation réelle, en particulier sur le nombre de décès, et on peut s'étonner également que le président Macron n'ait décidé qu'aujourd'hui, samedi 9 septembre, de convoquer une cellule de crise à l'Élysée, 5 jours après le passage de l'ouragan Irma et alors que l'ouragan José, annoncé depuis trois jours, est quasiment sur l'île de Saint-Martin, s'apprêtant à achever la dévastation d'une île détruite à près de 95% des habitations