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Raz de marée communiste au Népal

Népal

Lien publiée le 14 décembre 2017

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.courrierinternational.com/article/raz-de-maree-communiste-au-nepal

Grâce à leur alliance de dernière minute, les marxistes-léninistes et les maoïstes obtiennent une large majorité au Parlement fédéral népalais et dans les assemblées provinciales, infligeant une déroute aux formations de droite et surtout au Parti du Congrès du Premier ministre sortant, Sher Bahadur Deuba.

Prachanda l’a admis lui-même le lundi 11 décembre au matin, après l’annonce des résultats des élections législatives et régionales à Katmandou, qui ont eu lieu le 26 novembre et le 7 décembre : “La victoire de l’alliance de gauche est un défi”,rapporte The Himalayan Times, tant il y a à faire pour “améliorer le niveau de vie de la population, équiper le pays en infrastructures” et remettre enfin debout tous les édifices anéantis par les séismes d’avril et de mai 2015.

Le leader maoïste, initiateur de la guerre civile (1996-2006) qui devait mener à la chute de la monarchie en 2008, estime que le Népal “prend aujourd’hui la route de la prospérité” et que, s’il travaille “avec honnêteté” “au service du peuple”, le futur gouvernement communiste a un boulevard de “cinquante ans devant lui”. Pushpa Kamal Dahal, de son vrai nom, ne s’attendait sans doute pas lui-même à un tel raz de marée pour ce premier scrutin organisé depuis l’adoption de la nouvelle Constitution fédérale, il y a un peu plus de deux ans.

Le rendez-vous était historique, car c’était la première fois depuis 1999 que les Népalais élisaient une chambre basse “classique”. Celle-ci avait certes été renouvelée par deux fois depuis l’instauration de la république, en 2008 et en 2013, mais il s’agissait à chaque fois d’élire une assemblée constituante pour écrire une nouvelle Constitution. Le chantier aura duré sept ans au total, jusqu’à la promulgation de la nouvelle loi fondamentale instaurant le fédéralisme en septembre 2015, à la suite de quoi deux autres années se sont écoulées avant que les électeurs ne soient convoqués aux urnes. En outre, c’était la première fois qu’un scrutin se déroulait en région, en complément des municipales, qui, avant l’été dernier, n’avaient pas eu lieu depuis… 1997.

Le Parti marxiste-léniniste unifié largement en tête

Lundi 11 décembre, la formation de Prachanda, le Centre maoïste, est arrivée en deuxième position, obtenant près de 22 % des sièges à la Chambre des représentants, indique leKathmandu Post, selon des chiffres provisoires. Son allié de circonstance, le Parti marxiste-léniniste unifié (UML) avec lequel il s’était réconcilié dans la dernière ligne droite, en octobre, est le grand vainqueur, avec 49 % des sièges. Ensemble, les deux formations communistes décrochent donc une très large majorité absolue. Et dans les assemblées législatives des sept nouvelles provinces du Népal, c’est la même chose.

Le Parti du Congrès (centre gauche) du premier ministre sortant, Sher Bahadur Deuba, a été “balayé par la vague rouge”, observe le quotidien República, “à la fois pour les parlementaires élus au scrutin majoritaire simple à un tour, et pour ceux qui sont élus à la proportionnelle”. Qu’importe la couleur des vainqueurs, “le Népal va rester aux mains de ses vieux dirigeants et la question est de savoir si le nouvel exécutif saura ramener la stabilité politique”, estimait il y a quelques jours l’hebdomadaire Nepali Times.

De fait, dans un pays où les gouvernements tiennent rarement plus de quelques mois, Prachanda a été deux fois Premier ministre et celui qui prendra la tête de l’État népalais en janvier n’est autre que son nouvel allié, le leader marxiste-léniniste Khadga Prasad Sharma Oli, ancien ministre de l’Intérieur, puis des Affaires étrangères, et Premier ministre d’octobre 2015 à août 2016. Ce dernier a déjà promis de travailler “avec l’opposition”, et a assuré que, malgré l’ampleur de la victoire des communistes, le Népal ne tomberait pas sous l’oppression”, contrairement à ce que craignent les vaincus de ce scrutin historique.