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4e congrès du NPA : le débat continue sur internet
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://npa2009.org/idees/vie-interne/4e-congres-du-npa-le-debat-continue-sur-internet
Nous profitons de cette semine qui est pour beaucoup une période de repos pour publier des tribunes des différentes plateformes pour le congrès du NPA. Nous profitons du support internet pour permettre une expression plus longue que dans l’hebdomadaire ou les bulletins de discussions internes. Les tribunes sont rangées par l’ordre tiré au sort pour toute la durée du congrès. Lire également les tribunes publiées dans l’hebdo et l‘ensemble des débats de notre quatrième congrès.
Plateforme T : Front unique : sortir de l'opportunisme sans tomber dans le sectarisme
Dans sa contribution dans le dernier bulletin interne, Antoine (plateforme U) affirmait que « les camarades issuEs de la position A négligent ainsi les tâches d'interpellation des réformistes et de front unique. Pourtant, l'un des rôles de notre parti, de nos porte-paroles, est de mettre en difficulté les autres courants politiques et syndicaux en proposant des actions communes, en exerçant une pression, qui se répercute dans les organisations syndicales et dans les assemblées générales ».
Malheureusement, notre parti ne fait pas ce que Antoine dit qu'il fait. Au lieu de mettre la pression sur les réformistes, notre parti alimente la confusion en signant des appels qui se font sur les bases politiques des réformistes au nom de l'unité. Nos principaux porte-paroles ont même signé un texte programmatique commun avec des dirigeants de la France insoumise (http://www.cadtm.org/Les-defis-pour-la-gauche-dans-la). Pour leur mettre la pression ? Non, on ne fait que les renforcer en endossant leur ligne politique, ce qui brouille complètement la délimitation de l'anticapitalisme avec l'antilibéralisme.
C'est nous-mêmes que nous mettons en difficulté avec une telle politique ! Lors des mobilisations sociales, notre parti épargne les dirigeants réformistes et refuse de les interpeller. Pire, il les rassure quand ceux-ci haussent la voix (https://npa2009.org/content/communiqu%C3%A9-du-npa-rencontre-npa-cgt). C'est seulement quand les jeux sont pliés que notre parti commence à critiquer la politique néfaste des directions syndicales, comme on l'a vu encore récemment lors de la mobilisation contre les ordonnances Macron.
Face à cette politique opportuniste, les plateformes V et W jettent le bébé (le Front unique) avec l'eau du bain (son application par la majorité sortante). Il ne faudrait pas interpeller les réformistes, mais développer autant qu’on peut les mobilisations et (pour la pf V) se démener pour disputer la direction des luttes aux réformistes. C'est une fuite en avant sectaire qui ne tient pas compte du poids des directions réformistes et de la nécessité de mener un combat organisé pour les démasquer aux yeux des travailleurs/ses. La plateforme V a eu l'immense mérite de contribuer à impulser le Front social. Malheureusement, elle n'a pas cherché à en faire un outil pour construire le front unique, en interpellant les directions syndicales pour les contraindre à mobiliser. Le Front social a été conçu comme un front unique (en miniature) capable de concurrencer les directions syndicales : l'échec est patent. En voulant à tout prix garder la main, en refusant de démocratiser le fonctionnement du Front social, en surestimant les mobilisations, les animateurs de la plateforme V ont vidé le Front social de ses forces militantes.
La plateforme W refuse quant à elle toute forme de « front unique » ou « front social » car le NPA risquerait de « diluer sa propre politique ». Comme LO, il s'agirait de construire patiemment le parti révolutionnaire en gagnant des militants un à un, et ce sans chercher à prendre des initiatives pour organiser les militants les plus combatifs face aux bureaucraties syndicales. Quant à la plateforme Z, elle n'a jamais cherché à construire le Front social. Cela tient malheureusement en grande partie à une tension extrême entre les deux composantes de l'ex P3 du dernier congrès (A&R / CCR).
Nous devons aujourd'hui rompre avec la fausse alternative entre une interprétation opportuniste du Front unique et le refus de toute démarche unitaire perçue comme une « dilution » de notre parti. Nous devons tirer toutes les leçons des mouvements de 2010, 2016 et de l'automne 2017 : pour mettre en échec la politique de sabotage des bureaucraties syndicales, il faut se confronter à elles, pas les ignorer dans une politique d'auto-affirmation sectaire.
Il est de notre responsabilité de critiquer publiquement la passivité syndicale et ses choix démobilisateurs des confédérations, défendre une stratégie alternative crédible pour mener à la victoire du mouvement social. Nous devons donc avoir une politique à leur égard dans l’objectif de mobiliser les masses et en critiquant à chaque étape les fautes, les capitulations ou les trahisons afin de gagner patiemment et pédagogiquement les masses à notre stratégie.
Cela implique notamment de ne faire figurer sur des déclarations ou matériels unitaires que ce qui fait accord entre les participant-e-s, sans endosser des conceptions ou éléments de programme qui ne sont pas les nôtres ; réciproquement nous ne les imposons pas aux autres, mais gardons la liberté de les exprimer par nos propres moyens. Parce que nous sommes les premiers à vouloir des accords pratiques pour la lutte, nous ne cherchons pas à découper sur la gauche en s’isolant du mouvement de masse, au contraire notamment du mouvement autonome.
Le Front social peut néanmoins être relancé. Pour cela, il doit être un outil pour construire le front unique contre le gouvernement. Il n’est ni le substitut d’un syndicat, ni celui d’un parti. Il pourrait en revanche servir de point d’appui pour constituer enfin un courant lutte de classe intersyndical (et plus généralement inter-orgas). Il doit continuer à prendre des initiatives propres (matériel d’explication et d’agitation, actions, etc.), mais aussi faire constamment pression en interne comme en externe sur les directions syndicales pour qu’elles rompent le dialogue social et mettent en place un véritable plan de mobilisation. Il doit continuer d’intégrer un maximum de structures syndicales, ainsi que des collectifs de lutte divers (féministes, LGBTI, antiracistes, quartiers populaires, contre les violences policières, contre les grands projets inutiles...). Enfin, pour que les militant·e·s se saisissent de cet outil, il doit avoir un fonctionnement démocratique et inclusif, avec des AG décisionnelles et un collectif d’animation élu, mandaté, et révocable.
La majorité sortante ne propose rien de tout cela. Elle ne propose que des mesures techniques sans les inscrire dans la perspective d'un combat contre les bureaucraties syndicales. Programmer une rencontre nationale privé/public, remettre en place une CILT, cela est utile et indispensable mais ne peut guère avoir de sens que si l'objectif est de rassembler les équipes les plus combatives pour construire un courant syndical lutte de classe. Si les militants du parti ne voient pas à quoi peuvent servir ces outils, ils ne s'y investiront pas, et ceux-ci se déliteront comme ils se sont délités dans le passé. Mais la majorité sortante n'a pour projet que de « réaffirmer » le NPA et de recommencer ce qui a échoué, de continuer dans sa politique routinière et démobilisatrice, en espérant que les mêmes causes produiront des effets différents. Il faut au contraire réorienter profondément le NPA, pour en faire un outil attractif pour les militants lutte de classe qui veulent construire la grève générale.
Plateforme U : Combattre le repli et la fragmentation, conserver notre boussole stratégique
Dans une situation politique et sociale défavorable, l’urgence est à relancer le NPA en lui donnant une cohérence politique et organisationnelle qui lui permettra de jouer un rôle plus efficace dans la reconstruction d’un rapport de forces favorable à notre camp.
De la dégradation des rapports de forces
Tout ne s’explique pas par la dégradation des rapports de forces, mais rien ne s’explique sans elle. L’échec de la mobilisation contre les ordonnances Macron est révélateur des difficultés manifestes – et profondes – que traverse le mouvement ouvrier. Au-delà de la stratégie défaitiste des directions syndicales, c’est le faible niveau de confiance de notre camp dans ses propres forces et dans sa capacité à pouvoir stopper l’offensive gouvernementale que nous devons interroger. Nous payons comptant le prix des défaites de ces dernières années, notamment l’échec face à la loi travail version Hollande – malgré une mobilisation de longue durée et multiforme.
Faire preuve de lucidité quant à la réalité de la dégradation des rapports de forces globaux ne signifie pas cultiver la démoralisation, ni théoriser l’impuissance des anticapitalistes et des révolutionnaires, ni évidemment remettre en question la nécessité d’une organisation et d’une politique indépendantes des réformistes. Il s’agit bien d’analyser un environnement défavorable, et de déterminer nos positionnements concrets et nos tâches concrètes sans céder aux tentations incantatoires qui accompagnent trop souvent la surestimation des rapports de forces.
Face au constat d’une dégradation de ces derniers, plusieurs options sont possibles. Ainsi, certainEs camarades qui affirment, implicitement ou explicitement, que ce constat serait par définition un cache-sexe pour justifier de futurs renoncements et/ou compromissions avec les réformistes, devraient se reporter aux textes du dernier congrès de LO, qui témoignent d’une vision encore plus pessimiste de la situation… au nom de laquelle c’est une politique d’autoconstruction « révolutionnaire » – et isolationniste – qui est prônée.
Assumer d’être à contre-courant
Car comprendre les difficultés de la période, c’est aussi en comprendre les opportunités, et c’est donc se donner les moyens de se doter d’une politique cohérente sur la durée, sans céder à aucun raccourci, qu’il s’agisse de celui du repli idéologique sur les « fondamentaux », vus comme la seule boussole permettant de traverser la tempête, ou de la tentation de se dissoudre corps et âme dans des fronts politiques plus larges, dont on peut mesurer les effets délétères en observant les trajectoires de certainEs ex-camarades du NPA.
En défendant la perspective et la nécessité d’un affrontement global avec le gouvernement et la bourgeoisie, nous sommes aujourd’hui à contre-courant, et la tendance ne va pas s’inverser à court terme. Car si les résistances sont bien réelles – nous y reviendrons –, il ne faut pas les confondre avec les prémisses d’un mouvement d’ensemble débouchant sur le blocage du pays qui, s’il doit demeurer notre boussole, ne peut être brandi comme le panache rouge que les masses impatientes attendraient d’apercevoir pour se jeter par millions dans la bataille.
Pour faire vivre cette perspective, nous pouvons – et devons – prendre des initiatives, qu’il s’agisse de la construction de mobilisations locales ou sectorielles, du soutien à apporter à des luttes de salariéEs, mais aussi d’initiatives sur des questions politiques « nationales » (migrantEs, écologie, répression, FN, etc.). C’est ce qu’a tenté de faire le NPA au cours des dernières années, presque toujours à contre-courant, avec des échecs et des petits succès (sur la Palestine ou sur les manifestations unitaires contre Hollande, par exemple), tout en défendant dans ces mobilisations une perspective plus globale et des revendications transitoires.
Prendre des initiatives… mais pas des vessies pour des lanternes
Cette capacité à prendre des initiatives, et cette volonté d’être au côté de celles et ceux qui se battent tout en ne « lâchant rien » sur des questions où nos positions sont très minoritaires dans le débat public, participent de notre singularité et contribuent à maintenir notre audience malgré les difficultés de la période. En cultivant l’esprit de la mobilisation, ces initiatives, aussi modestes soient-elles, sont indispensables pour résister à la dégradation des rapports de forces et, lorsqu’elles se soldent par des victoires, mêmes partielles, pour lutter contre la résignation.
Il ne s’agit donc pas de céder au fatalisme en pensant que « rien n’est possible ». Des possibilités existent, qui sont des points d’appui pour envisager de plus importantes victoires et, dans bien des cas, l’intervention des militantEs anticapitalistes et révolutionnaires peut être décisive pour que des luttes se développent et, parfois même, l’emportent. Nul ne pourra nier le rôle central qu’ont joué ces militantEs dans certaines grèves (PSA, Poste, etc.) ou dans certaines mobilisations (migrantEs, état d’urgence, etc.) au cours des dernières années.
Mais de là à en déduire que c’est par la seule intervention consciente des militantEs du NPA (et des autres organisations de la gauche radicale) que le rapport de forces global pourrait basculer, il y a un pas, sinon un gouffre. Nos forces sont très mesurées, et si la sympathie à notre égard est manifeste dans notre camp social, cela ne fait pas de nous les représentantEs ou les dirigeantEs « naturels » de notre classe. En d’autres termes, l’audience de nos idées ne se traduit pas par une capacité à entraîner, seulEs, notre camp social.
Encore et toujours le front unique
C’est à la lumière de ce constat que se pose la question de notre politique de front unique, qui n’est pas juste un slogan ou un stratagème pour démasquer les trahisons des directions réformistes, mais un outil indispensable pour impliquer dans la mobilisation les secteurs les moins confiants et/ou les plus isolés. D’une part, parce que des initiatives dans lesquelles nous entraînons des organisations parmi lesquelles certaines peuvent influencer des centaines de milliers, voire des millions de gens, ont une toute autre portée. D’autre part, parce que la co-construction de ces initiatives avec d’autres militantEs, qu’ils et elles soient associatifs, syndicaux ou politiques, permet de tisser des liens et de faire des expériences communes précieuses pour contribuer à la reconstruction d’un mouvement ouvrier défendant les intérêts de notre classe.
Évidemment, comme l’explicite le texte U, « cette bataille pour l’unité ne nous empêche pas de garder notre indépendance, notre stratégie propre. Ainsi, dans les mobilisations, nous avançons pour la construction du mouvement la nécessité de l’auto-organisation comme meilleur moyen pour s’émanciper et construire des mouvements de masse. Nous défendons également la nécessité d’aller vers un mouvement d’ensemble, le blocage de l’économie, la grève générale, avec un vocabulaire adapté en fonction de la situation, des rapports de forces et de l’avancée des luttes. »
Être à contre-courant dans une situation difficile, c’est donc refuser la paralysie en étant capable de prendre des initiatives sans les subordonner à un cadre d’accord avec les organisations réformistes, tout en ne renonçant pas à des perspectives unitaires et, il faut y insister, majoritaires. Trop souvent en effet, le renoncement à une politique de front unique de la base au sommet traduit en réalité le renoncement à être majoritaire dans notre propre camp, et à se satisfaire de regrouper les éléments les plus conscients – et confiants – de notre classe dans des fronts très partiels qui ne peuvent pas réussir à déplacer le centre de gravité du rapport de forces global.
Donner une direction au NPA
Une boussole indique une direction à suivre, mais ce n’est pas un téléporteur. Si la perspective stratégique de la grève générale demeure évidemment nôtre, il serait présomptueux, et en réalité erroné, de penser que le seul volontarisme (ou dans une autre version le seul « bon programme ») du NPA pourrait permettre de lever les obstacles qui se dressent devant nous sur le chemin conduisant à la situation de blocage du pays. Sans céder à une quelconque tentation étapiste, tant la situation est propice à des explosions, il s’agit de se donner les moyens de construire et de préparer ces dernières en popularisant, en paroles et en actes, une politique qui ne met pas en contradiction massivité et radicalité, unité et détermination.
Pour mettre en œuvre une telle politique, il est indispensable de sortir de la crise actuelle du NPA en reconstruisant ses instances d’élaboration, de mise en commun des expériences, de direction. Comment pourrions-nous en effet espérer contribuer davantage à la mise en mouvement et à l’unification de notre classe si nous n’arrivons pas nous-mêmes à avoir une politique réellement nationale, des orientations et des interventions du NPA en tant que parti ? Car si notre fragmentation interne résulte en grande partie des faiblesses et des fragmentations de notre camp social, le propre d’un parti est d’être en mesure de les dépasser – sans les nier – en élaborant collectivement une politique dont l’ensemble des militantEs peuvent se saisir, quitte à en tirer des bilans collectifs et à les réajuster en cas d’échec.
Reconstruire ou relancer les comités, les fédérations, les commissions, élaborer et mettre en œuvre des campagnes nationales, mais aussi renforcer l’appareil pour les coordonner : autant de chantiers qui ne pourront être mis en place que si nous sortons des logiques de fragmentation et si, dans le respect de nos désaccords, nous construisons ensemble le même parti. Il est essentiel que l’organisation, dans les mois qui suivent le congrès, se dote à nouveau d’une capacité d’action pour intervenir dans les entreprises, assurer la formation des militantEs et renforcer ses différents secteurs d’activité – antiraciste, féministe, écologiste en particulier.
C’est ce que propose la plate-forme U, qui regroupe des camarades de sensibilités diverses mais conscients de l’urgence de donner une direction – dans tous les sens du terme – au NPA.
Une condition nécessaire pour agir politiquement dans une période difficile où, si des opportunités existent, les anticapitalistes et les révolutionnaires doivent se donner les moyens de faire preuve à la fois de cohérence et d’agilité, de lucidité et d’audace.
Équipe d’animation PFU
Plateforme V : Construire un parti pour la révolution, pour intervenir dans la lutte des classes et y jouer un rôle
La plateforme V est portée par des camarades qui ont défendu à maintes reprises depuis la création du NPA des orientations pour arrimer définitivement celui-ci aux idées marxistes révolutionnaires. Cent ans après la Révolution russe, et cinquante ans après la grève générale de 1968 l’extrême gauche anticapitaliste et révolutionnaire doit placer son combat dans la continuité des révolutions et des soubresauts révolutionnaires du passé. Car la révolution reste plus que jamais d’actualité, au sens où elle sera la seule façon pour l’humanité d’en finir avec ce monde capitaliste pourrissant. Il est donc urgent de faire des pas concrets vers la construction d'un parti révolutionnaire en saisissant dans la lutte des classes les occasions qui permettront à notre courant politique de gagner en influence auprès de milliers de travailleurs et de jeunes.
1 – Un bilan nécessaire pour avancer
Le temps d’un congrès est d’abord celui des bilans. Les critiques au sujet des tendances et des fractions au sein du NPA sont en fait un bon prétexte pour occulter les responsabilités de la direction historique de la LCR, de la IVème Internationale version Secrétariat unifié (SU). Or, l’échec du NPA, c’est l’échec de la direction historique de la LCR qui n’a jamais cessé de pencher vers une hypothèse stratégique particulièrement problématique : celle qui vise à combiner des victoires sociales d’ampleur avec l’accès au pouvoir de partis se réclamant de la gauche anti-libérale ou anti-austérité, au détriment de la grève générale insurrectionnelle. Cette conviction pousse les camarades qui postulent à diriger majoritairement le NPA, d’une part, à envisager prioritairement une politique basée sur l’interpellation des réformistes, et d’autre part, à sous-estimer les possibilités d’irruption de notre classe sociale sur la scène politique et sociale, et à relativiser sa capacité à en finir avec le système capitaliste. Alors que Mélenchon et sa France Insoumise ont donné une structuration et un visage nouveaux à la vieille gauche institutionnelle et nationaliste, notre organisation est incapable d’avoir un positionnement qui l’en démarque clairement. Le NPA est trop souvent réduit à commenter les événements de la lutte des classes, fondamentalement à cause de sa faiblesse d’implantation, mais aussi parce qu'il est incapable de prendre des initiatives, comme s’il était tétanisé à l’idée de disputer à la gauche réformiste ou aux directions syndicales le monopole de la représentation des intérêts politiques de notre classe. Depuis deux ans, la campagne de Philippe Poutou, candidat ouvrier, a été la seule apparition visible du NPA au niveau national. Mais notre campagne a souffert de deux faiblesses majeures : une trop grande intériorisation de la dégradation des rapports de force et une faiblesse programmatique sur les réponses immédiates à apporter à celles et ceux qui veulent se battre et se regrouper de même que sur la perspective communiste… et sur le lien entre ces deux aspects.
2 – Et pourtant, la situation nous offre des possibilités
Si le rapport de force entre les classes s’est fortement dégradé aux dépens du prolétariat, nous combattons l’idée qu’il faudrait renoncer à l’actualité de la révolution. Bien au contraire, notre responsabilité est d'offrir une méthode et un programme d’émancipation pour en finir radicalement et définitivement avec ce système. Nous devons offrir des perspectives politiques communistes révolutionnaires à une frange de la jeunesse qui se mobilise de manière récurrente depuis une décennie et qui se radicalise. Nous devons répondre à une crise inédite dans les syndicats. Si nombre de militant.e.s syndicalistes sont déboussolés et écœurés par les politiques de collaboration de classe plus ou moins ouvertement affichées de leur direction, une minorité commence à ruer dans les brancards et à critiquer ouvertement les tactiques des directions. L’émergence du Front social est l’une des conséquences de la rupture d’une frange – certes minoritaire mais emblématique – de syndicats et de leaders combatifs issus de la CGT (Goodyear, Info’Com) avec la stratégie confédérale, incapable de mener au « tous ensemble ». Le Front social regroupe des militant.e.s syndicalistes, associatifs, politiques, de fronts et de collectifs de lutte étant parvenus à dépasser l’esprit sectaire ou boutiquier, que l’expérience a convaincus d’œuvrer pour la grève générale, et qui sont prêts à en découdre avec l’État et son appareil répressif. Il est un outil précieux qui a déjà exercé, à une échelle large, une pression ou une influence sur les appareils, les milieux militants ouvriers et syndicalistes et sur une partie de la jeunesse mobilisée. Il est devenu un fait politique, qui dépasse largement ceux qui l’ont lancé, un outil d’unité d’action que les révolutionnaires doivent construire et amplifier. Nous concevons le Front social comme un pôle ouvrier « lutte de classes » en construction, comme un outil indispensable pour organiser la riposte à la politique de Macron et du MEDEF, comme une arme qui pourra s’avérer précieuse quand le climat social sera explosif. Mais aussi comme un creuset d’où peuvent émerger des militants « lutte de classe » et des révolutionnaires.
3 – Construire un parti révolutionnaire
Nos deux objectifs stratégiques permanents sont la révolution socialiste, aboutissant au pouvoir des travailleurs auto-organisés, et la construction du parti révolutionnaire, indispensable à la victoire de cette révolution. La volonté de s’implanter prioritairement dans les entreprises est liée à notre projet politique. Pour pouvoir défendre une orientation alternative aux directions syndicales et aux appareils réformistes, il faut des militant.e.s capables de jouer un rôle quand les travailleurs se mettent en mouvement. Cela doit être une préoccupation permanente de l’ensemble de l’organisation et de sa direction. Il est vital que notre organisation s’implante aussi réellement dans la jeunesse. C’est en cherchant systématiquement à construire une réponse à la hauteur des attaques, en préparant des militant.e.s à chercher à organiser la confrontation, et pas seulement à faire de la propagande, que nous pourrons gagner la confiance des jeunes qui se politisent. Structurer une politique syndicale étudiante à l’échelle nationale, c’est chercher à peser dans les mobilisations de jeunes et sur la situation politique.. Avoir une intervention volontariste devant les lycées permet d’y exercer une influence, de construire des habitudes d’organisation collective et de recruter des jeunes.
Ce sont les travailleurs qui ont la capacité de mettre fin non seulement au capitalisme et aux rapports d’exploitation sur lesquels il se base, mais aussi aux oppressions qu’il utilise et reproduit (les oppressions dites « spécifiques » – telles que le sexisme, le racisme, l’homophobie et la transphobie). Notre objectif est simple : que les secteurs les plus opprimés fassent leur le mouvement ouvrier et révolutionnaire. Dans ce cadre nous défendons l’auto-organisation des opprimé.e.s et le fait que le mouvement ouvrier soit au premier rang de la lutte contre les oppressions.
Pour qu’existent des organisations révolutionnaires, nous nous donnons comme objectif de construire un parti « de cadres » capable de donner vie à nos principes programmatiques. Nos militant.e.s doivent acquérir un niveau de formation élevé qui soit en cohérence et en relation permanente avec notre pratique militante, elle-même terrain d’apprentissage politique.
La démocratie au sein d’une organisation révolutionnaire est essentielle mais ne peut se résumer à des droits formels et à des règlements statutaires. Dans le NPA, il y a trop de tapage au sujet des tendances et des fractions. Mais elles ne sont pas la cause des problèmes du NPA, qui sont politiques. Parvenir à agir ensemble dans la lutte de classe, tout en réussissant à discuter des différences de points de vue qui surgissent inévitablement, doit passer d’abord et avant tout par un accord sur les questions de fond, sur le « programme », c’est-à-dire sur les objectifs et les méthodes fondamentaux de notre action.
Notre démarche transitoire a pour point de départ les revendications quotidiennes de notre camp social. Nous les lions à la question du pouvoir, à la nécessité d’un gouvernement des travailleurs et à l’aspiration à une autre société. Regrouper les ouvriers de plusieurs entreprises afin qu’ils se battent ensemble, c’est se donner les moyens pour que le refus « spontané » se transforme en une bataille politique qui conteste frontalement le pouvoir qu’ont les capitalistes de décider du sort de millions de personnes. L’expropriation des secteurs-clés de l’économie est l’un des premiers axes de ce programme de transition lié à notre objectif de la réquisition des grands moyens de production, de communication et d’échange.
4 – Être fidèles à l’internationalisme et construire une Internationale
Une Internationale pour la révolution et le communisme ne se construira pas par une lente accumulation de forces uniquement autour de nous. Dans de nombreux courants et organisations, il existe des expériences précieuses, des militantes et des militants de valeur. C’est au travers du débat théorique et programmatique, en tension avec l’intervention sur le terrain de la lutte des classes, que se produiront les explosions et les regroupements au niveau national et international. Ainsi, nous ne sommes pas opposés au fait que le NPA reste membre observateur du SU de la IVème Internationale mais il ne peut pas mécaniquement être le relais de la politique de la majorité du SU. Durant toute la période référendaire en Catalogne, nous ne nous sommes pas retrouvés dans l’orientation des camarades d’Anticapitalistas qui n’ont ni défendu un droit inconditionnel à l’autodétermination ni tenté d’élaborer une politique d’indépendance de classe comme nos camarades d’Izquierda Anticapitalista Revolucionaria (IZAR), exclus de la IVème Internationale. Nous devons discuter dans tout le NPA du type d’Internationale que nous voulons édifier et chercher à regrouper les révolutionnaires issus de différentes traditions, à partir d’un accord sur la situation et les tâches. C’est par une pratique commune que les discussions politiques peuvent aboutir à des regroupements, comme celui qui s’est opéré autour de la plate-forme « Saisir les occasions, construire une Internationale pour la révolution et le communisme », qui sera présentée lors du prochain congrès mondial de la IVème Internationale (SU).
Plate-forme W : « Une orientation pour relancer la construction du NPA dans le monde du travail et la jeunesse »
La plate-forme W a été initiée par les camarades du CPN de la fraction L’étincelle et du courant Démocratie révolutionnaire. Nous souhaitons porter la discussion avec l’ensemble des camarades sur les voies et moyens de relancer une dynamique de construction du NPA.
Contrairement à ce que pensent certains, l’offensive réactionnaire engagée par les classes dominantes et leur serviteur Macron provoque plus de colère que de démoralisation. Ce qui fait défaut aujourd’hui, ce sont des perspectives qui donnent confiance aux travailleurs en leur force. Et c’est notre tâche d’avoir l’audace et l’enthousiasme de défendre de telles perspectives pour le monde du travail et la jeunesse.
Nous voulons proposer une orientation militante qui garde la boussole de l’indépendance de classe et rompt avec les doutes et les hésitations à affirmer clairement notre projet révolutionnaire.
D’autant que le NPA ne va pas si mal que les effets de dramatisation pourraient le laisser penser. La campagne Poutou a même accru sinon son crédit du moins sa sympathie. Il serait vain de regretter qu’il y ait sept plates-formes. Ni prétendre qu’il y en aurait une (qui se dirait unitaire) et « malheureusement » six autres. Ces sept plateformes ont toutes leur légitimité. Elles sont non seulement notre réalité qu’il serait ridicule de nier, elles peuvent être aussi une richesse, des compétences, des expériences dans un parti qui milite pour l’auto-organisation, c’est-à-dire la prise en main de leurs affaires par les travailleurs eux-mêmes, par les militants eux-mêmes.
Valoriser nos acquis pour construire
La campagne présidentielle autour de Philippe Poutou, le candidat ouvrier, est un de nos acquis qui souligne l’impact que peuvent avoir nos idées si nous les défendons sans ambiguïté, si nous assumons notre politique de classe. Elle avait des limites, bien évidemment, mais pour un large public elle a donné de nous une image positive qui a su susciter une large sympathie. Bien des camarades, notamment dans la majorité actuelle, ont traîné les pieds avant la campagne ou après comme le montrent nos difficultés à présenter des candidats aux législatives et ensuite l’appel au vote pour FI. Pourtant, tout le montre, pour capitaliser l’écho de la campagne comme pour plus globalement construire le NPA, il nous faut en assumer le profil, le candidat ouvrier, l'indépendance de classe par rapport aux courants réformistes et aux illusions unitaires. Cela signifie rompre avec les confusions pour tenir le cap d’une politique de classe fondée sur une stratégie révolutionnaire s’adressant à l’ensemble de la classe ouvrière en fonction de son niveau de conscience, de ses préoccupations et de ses possibilités.
Combattre Macron, sa politique anti-ouvrière et anti-Immigrés, la meilleure façon de combattre aussi la progression de l’extrême droite
Si Macron a réussi à imposer ses ordonnances et se sent les mains libres pour déployer ses attaques, en réalité il concentre sur sa personne et son gouvernement un mécontentement croissant. Il est le président des riches détesté par les classes populaires. S'il a réussi dans un premier temps à rétablir une certaine stabilité, l'avenir pour lui est très incertain et dépend de la capacité du monde du travail à se dégager du dialogue social auquel se prêtent les directions des organisations syndicales, pour faire valoir ses droits avec ses propres armes.
Pendant qu’une partie des politiciens de la droite (et de l’autre côté du PS) continuent à se rapprocher du clan présidentiel pour y trouver une place, les Parti LR, derrière son nouveau président, prépare son avenir en prenant la tonalité la plus à droite possible, pendant que le FN lui-même espère récupérer de son côté l’écœurement que provoquerai le succès de l’offensive menée par Macron contre le monde du travail. Entre droite extrême et extrême droite chacun essaye de se préparer à la relève. Mais il est erroné de prétendre que nous sommes devant un danger fasciste. La confusion particulièrement entretenue par les camarades de la PF U et la motion dite « antifasciste » nous désarme. Car au final, cet antifascisme vient justifier l’unité la plus large à gauche, et par là désarmer le monde du travail face à l’offensive menée contre lui, et dont cette même gauche réformiste est complice. Au contraire, la lutte contre la menace de la droite extrême et de l'extrême droite renvoie aux capacités d'intervention du mouvement ouvrier, pour mettre un coup d’arrêt aux attaques contre les droits des travailleurs, renverser le rapport de force avec la bourgeoisie. Et il en est de même pour la lutte contre la xénophobie et le racisme sous toutes ses formes, antimusulman ou antisémitisme.
Politique unitaire ou politique de classe
Les références ronflantes à la politique de front unique font partie de cette manie d’invoquer des grands principes pour justifier une politique qui n’a rien à voir. La question est centrale dans la PF U, mais en réalité et sous d’autres formes elle est présente dans toutes les plates-formes. La question de l’unité devient « stratégique », la réponse à tout mettant, de fait, au second plan la construction du NPA comme parti anticapitaliste et révolutionnaire.
Il n’y a pas de formule magique, de raccourci qui permettrait de déclencher des luttes. Surtout lorsque cela consiste à promouvoir des alliances, rebaptisées FU, front social et politique dans lesquelles le NPA risque d’oublier sa politique propre, révolutionnaire. Quant à l’idée de ce « front social » tout court qu’une partie des camardes du NPA s’efforce de construire, même si elle part du souci, tout à fait justifié, de tisser les liens entre militants d’entreprises, militants syndicaux contestataires des politiques des directions syndicales, en l’absence d’une mobilisation réelle sur laquelle nous pourrions nous appuyer pour proposer notre propre politique, elle risque d’aller dans le même sens : celui de nous mettre à la traîne de syndicalistes, certes plus à gauche que Martinez, combatifs, mais aux objectifs tout aussi réformistes. Ce n’est pas vrai que l’unité des appareils déclenche les luttes, ou « met en mouvement notre camp social ». On assiste bien plus souvent à l’inverse : l’unité de la gauche et des appareils syndicaux n’a d’autre fonction que de freiner les mouvements de colère, de les canaliser dans l’impasse institutionnelle.
Disputer l’influence aux réformistes
Contrairement à ce que prétendent nos camarades de la PF U, Mélenchon ne fait pas partie du mouvement ouvrier, il ne s’en revendique pas et préfère les références nationalistes et républicaines. Mais il cherche bien sûr à avoir une influence sur le milieu syndical et une partie de la jeunesse. Une influence qu’il utilisera ou tentera d’utiliser si des luttes éclatent. Notre problème est de disputer cette influence au populisme de gauche pour préparer les mobilisations à venir. S’il y a une chose centrale à discuter dans ce congrès et surtout au quotidien, c’est comment se mettre en position de disputer la direction des luttes aux appareils.
Cela veut dire « construire le NPA » comme dit l’intitulé de notre plate-forme. Mais surtout pas en reléguant l’intervention dans les luttes à des jours meilleurs où nous serons plus nombreux. En réalité notre capacité à nous construire passe par la définition d’une orientation politique pour affronter la situation et par des démonstrations dans l’intervention. Plus le NPA sera implanté sur les lieux de travail, plus il sera à même de jouer un rôle sur la scène politique.
Œuvrer à l’unité de notre classe par-delà toutes les divisions racistes, sexistes, de statut, de salaire, de contrat de travail, etc, c’est favoriser toutes les formes possibles d’auto-organisation – des assemblées générales démocratiques où les travailleurs peuvent juger les propositions des différents courants et appareils aux véritables comités de grève qui permettent à ceux qui entrent en lutte, syndiqués ou non syndiqués (car l’unité des appareils laissera toujours de côté les non syndiqués), de diriger leurs propres mouvements. C’est la seule voie aussi pour faire pression sur les appareils.
Indépendance de classe et internationalisme
L’orientation que nous défendons se décline sur les questions internationales. L’indépendance de classe se conjugue avec internationalisme. C’est vrai au niveau de la question de l’Europe, de la lutte contre les guerres impérialistes ou l’islam politique et le terrorisme, le drame des migrants et l’ouverture des frontières ou le mouvement des femmes contre le harcèlement et pour l’égalité des droits… C’est aussi tout particulièrement vrai à propos de la crise écologique.
Ceci dit, dans l’actualité, la question catalane illustre les débats que nous voulons porter dans ce congrès. L'orientation développée par nos camarades d'Anticapitalistas et la IV, défendue par la PF U, concentrent les points autour desquels se focalisent nos critiques : plutôt que de développer une analyse et une politique fondée sur l'indispensable indépendance de classe nos camarades plaquent sur la situation mots d'ordre et analyses qui ne répondent pas aux besoins du mouvement ouvrier.
Dans l'affrontement en cours nous sommes bien évidemment solidaires de toutes celles et ceux qui se battent pour le respect de leurs droits démocratiques, dont le droit à l’autodétermination. Nous défendons ce droit. Cette solidarité n'implique pas de s'aligner sur les indépendantistes. D’autant que les travailleurs de Catalogne, sont aujourd’hui bien loin d’être tous Catalans. Il s’agit bien au contraire de formuler une politique pour la classe ouvrière seule capable de garantir les droits démocratiques, dontcelui à l'autodétermination, tout en défendant ses propres perspectives politiques sans se laisser enfermer dans le piège du nationalisme.
A l'époque de la mondialisation libérale et impérialiste, encore plus que par le passé, les droits démocratiques ne peuvent être garantis que par les travailleurs agissant ensemble, travailleurs catalans main dans la main avec la classe ouvrière du reste de l’Espagne, et aussi de l’Europe.
Equipe d'animation de la W
Plateforme X : Un choix réaliste : discuter autrement pour le congrès du NPA
La Plateforme X est la seule (avec la PY) à ne pas être le simple prolongement de tendances déjà existantes. Rejoindre l’une d’entre elles aurait été sans doute plus confortable. Nous avons fait le pari que l’on pouvait discuter autrement au sein du NPA. Avec quelle chance d’être entendu-e-s ?
Le « réalisme » dont nous nous réclamons procède néanmoins de cette préoccupation : nous concentrer sur les problèmes politiques qui nous percutent réellement (« nouveau » réformisme ; extrêmes droites ; interventions dans les luttes ; crise du NPA) ; bien ancrer notre boussole sur un terrain de classe, mais telle qu’elle est et non telle que nous la rêvons parfois ; et sur tous les sujets, reprendre la discussion là où trop souvent nous l’abandonnons.
C’est en cela que nous pourrons être utiles à ce congrès : un pas de côté certes, mais parce que le constat est désormais évident que les chemins trop bien balisés ne nous font plus guère avancer.
Le sursaut ou la répétition ?
Prendre la mesure du problème que nous avons à affronter, c’est d’abord prendre le recul nécessaire pour mettre en perspective notre propre trajectoire.
En 2002, LO et la LCR avaient gagné une influence qui était électorale mais pas seulement. Dix ans plus tard et malgré la création d’un « nouveau » parti anticapitaliste, c’est Mélenchon qui raflait la mise. Il l’a amplement confirmé depuis avec la FI. Les réformistes plus que les révolutionnaires ont su proposer leurs solutions et convaincre.
C’est là sans doute où se situe notre première divergence : il y en a assez des formules rassurantes qui prétendent « relancer » le NPA sans prendre la mesure de ce qu’il y a d’inédit et de compliqué dans la période actuelle, en prenant également au sérieux nos propres errements ! Nous ne sommes plus en 2009, tout simplement.
Nous avons bien sûr nos partis-pris : aider à organiser le monde du travail sur des bases politiques indépendantes, révolutionnaires, et disputer la direction des luttes aux appareils. Mais il ne suffit pas non plus d’aligner des formules révolutionnaires pour trouver le bon chemin. On ne fait pas face à l’inédit avec de la répétition.
Si nous sommes autant en difficulté, ce n’est pas uniquement à cause du niveau de conscience ou de combativité du prolétariat. Ou parce que notre organisation n’aurait pas le bon programme communiste ou parce que nous ne serions pas suffisamment au taquet dans notre intervention, avec chacun-e sa recette, quand ce n’est pas sa « lutte exemplaire » préférée.
Nous avons un vrai problème d’élaboration et de sérieux dans notre argumentation, comme dans le choix de nos priorités. Nous avons donc voulu montrer dans notre texte à quel point notre intervention est en difficulté parce que notre boussole ne va pas bien non plus. On n’a certes pas toutes les réponses. Mais sans les bonnes questions, on n’en aura aucune.
Une politique pour intervenir dans les luttes de la classe ouvrière
A entendre bien des camarades, le fait d’interpeler les autres organisations au nom de « l’unité » deviendrait presque la baguette magique sans laquelle il ne serait plus possible de résister. Le risque est évident : confondre l’unité de la classe avec celle des organisations, que ce soit des coquilles vides comme Copernic et sa ribambelle d’intervenant-e-s sans ancrage, ou bien les appareils syndicaux qui ne sont pas nos amis.
Un autre enjeu essentiel est celui de l’implantation, sans laquelle il n’est pas possible d’avoir une politique pour l’intervention. Or le NPA n’a aucune politique organisationnelle dans ce domaine. Mais nous nous concentrerons ici sur un problème plus particulier.
Nous sommes depuis le début au sein de la PX de fervents partisans et si possible des artisans d’une construction du Front social. Ce choix aurait dû être considéré par tout le NPA comme un outil utile pour tenter de prendre des initiatives face à l’inertie des directions syndicales.
Mais il y a bien plus qu’une erreur d’appréciation sur la période et ses possibilités chez les camarades du courant « Anticapitalisme et Révolution » qui animent la PfV et jouent un rôle essentiel dans la construction du FS. Cela consiste plus précisément :
- A ne pas prendre la mesure de la défaite après le mouvement contre la loi Travail en 2016, en faisant croire que tout pouvait redémarrer quelques mois plus tard, ce qui était faux. Le fait qu’il y ait encore des luttes dans ce pays ne prouve strictement rien à ce niveau, ce n’est tout simplement pas le même niveau de discussion et d’analyse.
- A s’illusionner du même coup sur les possibilités ouvertes par la manifestation du 12 septembre cette année, ce qui n’exonère en rien la responsabilité des directions syndicales.
- A prendre des initiatives comme celle du 18 novembre pour se retrouver au final à la remorque du mouvement autonome ; puis à se raconter des histoires sur le formidable « succès ».
- Avant d’annoncer une nouvelle initiative en janvier. En fait, le contraire de ce que prétend promouvoir le FS : une journée hors sol à la manière des appareils, sauf qu’il est tout petit.
Le risque de la situation est qu’il y ait un écart croissant entre un milieu large plutôt résigné et une petite minorité militante qui désespère de ne pas pouvoir débloquer la situation. Il y a aujourd’hui un niveau de démoralisation qui pousse à des actions ultra-minoritaires, à des blocages, ou à accuser les autres de ne vouloir rien faire. Notre réponse ne devrait pas être la fuite en avant sur le terrain activiste.
La responsabilité du NPA se situe à deux niveaux :
- Travailler réellement au niveau local avec les comités du FS pour les consolider et œuvrer aux convergences concrètes, sans faux-semblants sur les possibilités immédiates pour reprendre l’offensive.
- Au sein du parti, aller bien au-delà d’une CILT. Il est temps d’avoir une réelle discussion sur les moyens qu’on se donne dans les comités pour promouvoir une implantation dans les entreprises et une politique indépendante des appareils.
Tout peut basculer rapidement… ou pas. Mais diriger le parti, c’est le faire en fonction des circonstances. Il n’y a là aucun renoncement, bien au contraire.
Combattre le Front national
Le danger que représente le FN sous sa forme actuelle est suffisamment grave et étendu pour qu’on le prenne au sérieux tel qu’il est. Pas besoin d’aller en inventer un autre. Le « fascisme » n’est pas à nos portes mais le danger n’en est pas moins considérable. En prendre la mesure, c’est agir en conséquence.
1ère conséquence : pour faire reculer l’influence du FN à l’échelle de masse, nous avons besoin de renouer avec les méthodes de la lutte de classe, rompre avec les vieilles méthodes du gauchisme et ses manifestations minorisantes qui prétendent interdire au FN de s’exprimer sous prétexte de dévoiler sa véritable nature. C’est contre-productif.
2ème conséquence : nous avons besoin de nous adresser à l’ensemble de notre camp social, en prenant en compte l’ensemble de ses préoccupations. La grande majorité de la classe ouvrière, même dans les quartiers les plus déshérités, va au travail ; elle est de tous âges ; elle n’est pas forcément immigrée (en tout cas de fraiche date) et elle ne se réduit pas non plus à l’image des jeunes d’apparence musulmane, harcelés par la police. Il faut en finir avec ce réductionnisme social et politique. Et surtout elle a bien d’autres soucis dans la vie que la seule insécurité générée par la police elle-même.
3ème conséquence : nous devons avoir une approche globale, politique, de la lutte contre le FN mais à condition d’en mesurer la complexité. Opposer à la dénonciation du « mondialisme » (version FN), un internationalisme abstrait peut être aussi inefficace qu’une leçon de morale sur le terrain de l’antiracisme. Ignorer les questions qui travaillent notre classe sociale même lorsqu’elles ne nous plaisent pas est un autre travers qui ne nous permet guère d’être écoutés. C’est le cas notamment lorsque nous ignorons délibérément les questions d’insécurité qui ne sont pas que sociales.
Affronter toutes les idées réactionnaires
La montée des conservatismes religieux et politiques est une réalité partout dans le monde. C’est une des réponses de la classe dominante au désordre engendré par la faillite de son propre système, facilitée par les échecs et par les renoncements du mouvement ouvrier.
Ce phénomène a sa propre réfraction - forcément un peu particulière - en France. Les populations d’origine immigrée issues de l’ancien empire colonial français sont depuis trop longtemps les victimes d’une stigmatisation réelle pour ne pas se sentir durablement exclues. Le recul de la conscience et de l’organisation sur des bases de classe a largement favorisé une forme de repli autour de l’identité religieuse, en même temps qu’une autre fraction du prolétariat se tournait vers une hypothétique « identité nationale » promue par le FN, censée être un refuge. Les deux phénomènes se sont depuis mutuellement alimentés.
Les réseaux sociaux et leur phénomène de « tribus », et plus que tout, les « théories du complot » qui s’infiltrent partout, se sont surajoutés. L’ensemble a fini par produire un résultat politique désastreux, tout particulièrement dans les milieux les plus discriminés et les moins armés de notre camp social.
Lutter contre toutes les formes de discrimination et de stigmatisation contre les personnes de confession musulmane (ou supposées telles) est d’autant plus une nécessité que sur ce terrain, les réacs sont nombreux, venant d’horizons variés, de Valls à Le Pen entre autre.
Mais le drapeau de la lutte contre « l’islamophobie » a une autre signification : celui d’être commun avec les courants réactionnaires qui voudraient interdire toute critique de la religion, quand ils ne rêvent pas de rétablir une législation interdisant le blasphème. Sur ce terrain aussi, nous avons besoin de mener nos propres batailles politiques avec nos propres valeurs émancipatrices.
Le NPA en crise : on regarde les choses en face ?
La coupure en deux au moment de son congrès de fondation en février 2009 sur le nom du parti montrait à quel point la « nouvelle » organisation était confrontée dès le départ à des désaccords profonds. Il serait donc irresponsable d’ignorer le fait que depuis le début, nous n’avons pas les un-e-s et les autres le même projet. Mais tout le monde a intérêt à faire vivre le NPA. C’est le premier point.
Le deuxième est qu’il faut des « solution pragmatiques ». Plusieurs propositions sont faites dans notre texte, à commencer par le porte-parolat, tout en soulignant le bilan très critique que nous faisons des tendances. Il y a un réel processus d’appauvrissement intellectuel et politique, pas seulement d’éclatement. Mais pour ouvrir les portes et les fenêtres, il faut aussi que tout le monde puisse se sentir respecté. Un pari raisonnable ?
Jean-François Cabral (CPN-93)
Pourquoi la Plateforme Y ?
Nous sommes plusieurs jeunes militant·e·s issu·e·s de trajectoires différentes (certain·e·s d’entre nous ont appartenu à des courants, d’autres pas) et qui avons défendu un projet de direction alternative pour le NPA, en rupture avec celui de la plateforme U. Cette dernière s'inscrit en effet dans la continuité de la politique des années précédentes, tout en se prêtant à une alliance de circonstance qui tait les désaccords et menace ainsi de rompre à la première épreuve venue. Nous avons tenté d'unir les composantes de l'ancienne PFA autour d'un projet politique commun qui aurait pu poser les bases des clarifications nécessaires au projet et à la stratégie du NPA, et définir ainsi la PfA en direction alternative du parti. Devant l’échec de ce projet, nous avons décidé de porter la plateforme Y pour défendre notre politique propre et lancer une dynamique de reconstruction au sein du NPA avec tou·te·s les militant·e·s qui le souhaiteront.
Quels objectifs pour ce Congrès ?
Ce congrès doit être l’occasion de tirer tous les bilans.
1. Il s'agit d’abord et principalement du bilan de l’ancienne majorité.
- L'ancienne majorité est incapable de tirer les leçons de presque 10 ans d’existence du NPA, et ce malgré le départ de la GA. Le projet initial du NPA, incohérent et flou politiquement, occupait en partie le même espace politique que le PG puis la FI. Le NPA ne peut pas rivaliser avec les réformistes s'il se positionne sur le même terrain qu'eux, sans assumer et clarifier sa stratégie. Le programme de Mélenchon a une bien plus grande audience politique que celui du NPA, alors même qu'il est irréalisable, comme l'ont montré les échecs des politiques européennes dont il se revendique.
De même, il faut revenir sur l’échec de l'hypothèse stratégique défendue par l'ex Plateforme 1 et la majorité de la 4ème internationale, celle d'un gouvernement anti-austérité élu dans le cadre des institutions et soutenu par des mobilisations. En effet, la capitulation de Tsipras et de Syriza face aux exigences de la Troïka en 2015, puis la mise en place d’une politique d’austérité de plus en plus rigide en Grèce, ont scellé la fin de l’illusion des politiques réformistes et des mots d’ordre de gouvernement anti-austérité. De même, la trajectoire de Podemos dans l'État Espagnol a été une confirmation supplémentaire des impasses de cette nouvelle théorisation de la gauche de la gauche européenne, qui substitue à l'antagonisme de classes "les 99% contre les 1%", au capitalisme "la financiarisation du capitalisme" et au parti "l'expression politique des opprimé·e·s et des exploité·e·s".
- Par ailleurs, la période n'est pas uniquement marquée par un repli généralisé, sans point d’appui dans la lutte des classes pour construire des mouvements sociaux et contestataires massifs. En effet, le mouvement contre la Loi Travail a indéniablement été un mouvement social national d'ampleur, et malgré sa défaite, il a changé la donne du rapport de force entre classes dans la situation actuelle. Il est d’autant plus dommage que l'avant-garde militante qui a émergé du mouvement contre la Loi Travail (notamment grâce à l'intervention déterminée de nos militant·e·s) n’ait pour l’essentiel pas trouvé de débouché organisationnel. Le NPA aurait pu jouer ce rôle s'il avait été, en tant qu'organisation, plus dynamique dans le mouvement, et s'il s'était régulièrement positionné en avançant des propositions face aux impasses rencontrées dans le mouvement. Mais le parti a connu un véritable problème de coordination interne et un énorme écart entre les politiques de construction menées par les camarades localement (dans les AGs étudiantes, dans les entreprises et au niveau syndical) et leur répercussion à l'échelle du parti et de son expression publique. Les autonomes, bien moins craintif/ve·s que nous pour défendre leurs options politiques propres malgré les limites évidentes de leurs tactiques et la méfiance dont ils/elles étaient l'objet, dans le mouvement ouvrier, ont gagné un certain nombre de militant·e·s, sur fond de discours émeutier et anti-parti.
- Enfin, pour les présidentielles, une partie de la direction avait adopté en 2016 une attitude attentiste et en appelait à l’émergence d’une « représentation politique des opprimé·e·s » comme candidat·e. C’est bien entre autres la PfA qui a bataillé au sein du parti et obtenu la majorité pour une campagne présidentielle indépendante du NPA. L'importance de la campagne de Philippe Poutou a finalement démontré que le fait d'afficher ouvertement un profil de classe, ouvrier, permettait de trouver un écho. Philippe Poutou est apparu comme un représentant des ouvrier/ère·s, en dehors de la politique traditionnelle, crédible en tant que contestataire du système (notamment électoral), mais pas suffisamment comme force de proposition d’un projet de société alternative. Clarifier le projet et la stratégie toujours flous du NPA contribuerait à régler ce problème en faisant apparaître le parti comme une force radicale et crédible dans l'espace politique laissé par la FI.
2. Il est également nécessaire de tirer le bilan des composantes de l’ancienne PfA, dans leurs interventions communes et respectives, mais aussi dans leur incapacité à se présenter unies au Congrès.
Leur responsabilité politique n’est pas de même nature que celle de l’ancienne direction. Au départ, l'objectif de la plupart des courants de la PfA était de transformer le NPA pour qu’il soit plus délimité stratégiquement, que son caractère révolutionnaire soit clarifié et qu'il donne une plus grande importance à l'implantation dans la classe ouvrière. Malheureusement, on ne peut aujourd'hui que constater qu'une grande partie des composantes de la PfA ont abandonné cet objectif au profit de leurs intérêts d’auto-construction. Cela conduit à une impuissance politique, quelle que soit par ailleurs la justesse de la ligne politique défendue, et condamne la PfA à rester l'éternel embryon d'un futur parti révolutionnaire fantasmé. Cette incapacité à se penser comme direction alternative du NPA conduit même parfois à s’accommoder de la situation catastrophique du parti.
Les raisons de ce repli sont complexes, mais nous pouvons en relever deux : d'une part, l'état du rapport de force entre les classes est aujourd'hui globalement défavorable au mouvement ouvrier et conduit à son émiettement, poussant à des logiques néfastes de préservation de courants qui peuvent conduire à certaines dérives; et d'autre part, la direction a beaucoup fait pour isoler et combattre les camarades de la PfA, pourtant très dynamiques dans leur activité, afin de préserver sa propre position dans le NPA au détriment des débats politiques de fond.
Nous cherchons quant à nous à lutter contre cette tendance au repli sur soi, et nous continuerons à tenter de faire émerger, à partir des composantes de la PfA et des militant·e·s de tout le parti, une dynamique de réorientation et de clarification du projet du NPA.
3. Clarifier notre projet révolutionnaire et complexifier notre analyse de classe, cela signifie intégrer pleinement l'écologie, le féminisme et l'antiracisme à notre programme et nos combats.
Il faut l’assumer et le revendiquer, nous défendons une stratégie, un programme et un parti révolutionnaires. Nous devons être en mesure de l'expliciter et de le défendre. De même, la question du pouvoir ne doit pas être esquivée, et nous devons expliquer pourquoi et comment nous nous battons pour un gouvernement des travailleur/se·s.
Cependant, il est clair que la révolution ne mettra pas fin à toutes les nuisances du capitalisme si celles-ci ne sont pas considérées dans leur complexité. Ainsi, la crise écologique et le changement climatique ne se résoudront pas seulement par la socialisation de la production, mais également par son adaptation aux besoins réels et utiles de la population à partir de la prise en compte des ressources disponibles et de leur renouvellement. Un programme de transition révolutionnaire prenant au sérieux l’interaction constante entre les rapports de production et leurs bases matérielles passe donc d’abord par la planification des grands secteurs de l’économie (agriculture, énergie, métallurgie, etc.).
Le NPA se veut un parti de classe : la classe ouvrière, majoritaire et en recomposition, demeure le sujet révolutionnaire principal malgré le recul de la conscience de classe.
Cette classe est organiquement et majoritairement composée de femmes, LGBTI+, et de personnes migrantes, immigrées et racisées : c’est pourquoi le NPA doit articuler aux questions de classes les questions dites des « oppressions spécifiques ». Nous devons donc sortir d’une vision économiciste de la classe, qui reste myope devant les questions féministe, LGBTI+ et antiraciste, et qui se contente de dire que le vrai problème est le capitalisme en niant l’existence de systèmes de dominations à l’autonomie relative. Bien sûr, le capitalisme a reconfiguré ces systèmes de domination et les a intégrés. Mais de la même façon qu’il est impossible de penser les dominations racistes et sexistes en dehors du capitalisme, il est impossible de penser le capitalisme sans l’articuler à ces questions, ne serait-ce que parce qu’il n’aurait pas pu se développer sans elles.
Dès lors, ce n’est pas seulement la socialisation de la production qu’il faut revendiquer, mais aussi la collectivisation des tâches domestiques ou reproductives, aujourd’hui principalement prises en charge par les femmes et minorités de genre dans l’espace domestique et de plus en plus externalisées par leur transfert à des travailleur/se·s racisé·e·s et ubérisé·e·s. La collectivisation des tâches domestiques implique la création de plus de services publics, notamment pour l’éducation des enfants. De même, la libération du continent africain comme du reste des pays dominés par l’impérialisme est une condition nécessaire pour dépasser les humiliations racistes qui structurent notre société, et pour lutter pied à pied contre toutes les discriminations institutionnalisées.
De telles revendications permettent de se représenter concrètement ce que serait une société émancipée : elles sont absolument essentielles pour rendre crédible notre projet de société et donner du poids à notre discours politique.
Plateforme Z : Faire vivre les acquis de la campagne Poutou. Pour un NPA ouvrier et révolutionnaire
La Plateforme Z est le résultat du regroupement de militants du Courant Communiste Révolutionnaire à l’origine du site Révolution Permanente et d’une autre sensibilité du NPA. Elle propose de rassembler les militants du parti autour d’un projet ouvertement révolutionnaire et lutte de classes, dans la continuité et l’approfondissement de ce qui a fait la force de la campagne Poutou.
Enjeux du Congrès
Après l’expérience du gouvernement Tsipras en Grèce, le prochain congrès du NPA devrait être celui de la clarification du rapport aux nouveaux phénomènes de type réformiste qui ont émergé ces dernières années et par rapport auxquels le NPA a eu une attitude jusqu’ici ambigüe. Il s’agit d’une condition indispensable pour s’orienter face à l’émergence de la France Insoumise en France. D’autant plus que, de Syriza à Podemos en passant par le Front de gauche, le NPA a été depuis sa création tiraillé entre deux grands projets : celui d’un parti anticapitaliste et révolutionnaire indépendant et celui d’une recomposition avec une partie de la gauche réformiste. Ce tiraillement a débouché sur la rupture d’une partie importante de la direction en 2012 pour rejoindre Ensemble.
Si la formule actuelle qui désigne le deuxième projet est celle d’une « nouvelle représentation des exploités et des opprimés », son cadre organisationnel a été donné par la thèse des « partis larges », dans laquelle s’est inscrit le NPA à sa fondation. Alors même que la totalité des expériences de ce type ont débouché soit sur des échecs soit sur une forte adaptation aux institutions capitalistes dans plusieurs pays, une partie de la direction du NPA s’acharne à maintenir un flou sur ce qui est au cœur même de tout projet de parti, à savoir le projet de société qu’il défend et les moyens d’y arriver.
Ceci est d’autant plus grave que, suite à la Conférence Nationale de 2016, le parti avait tranché en faveur d’une candidature indépendante pour les présidentielles, celle de Philippe Poutou. L’écho de la campagne a en partie montré que c’est sur un créneau très radical et avec un caractère de classe bien marqué que le NPA arrive à se faire entendre. Cette campagne a également montré qu’il était possible de dépasser les divisions et d’établir une réelle pratique commune entre les différentes sensibilités du parti. Il y avait donc la possibilité de retranscrire le succès relatif de cette campagne en acquis pour relancer le parti autour d’un profil et d’un projet ouvriers et révolutionnaires.
La majorité comme fin en soi
C’est pourtant vers un tout autre congrès que l’on se dirige, avec la constitution d’une plateforme (la plateforme U) regroupant autour d’un texte ambigu la frange de la direction qui se reconnaît dans la majorité de la IV Internationale (Secrétariat Unifié), en dépit de tous les désaccords stratégiques et d’orientation qui ont traversé et traversent ses membres.
La justification à la constitution de ce bloc est relativement simple : le NPA serait paralysé par ses divisions internes et seule une nouvelle majorité pourrait remettre en marche le parti. La constitution de cette nouvelle majorité devient ainsi un objectif en soi, déconnecté de toute orientation et projet de parti, quitte à cacher derrière des phrases dont la fin contredit le début les désaccords bien réels qui existent. On songera, par exemple, au « parti révolutionnaire de masses » prôné par les uns et au « nouvel espace politique des 99% de la population » que d’autres appellent de leurs vœux.
Les membres de la Plateforme U sont ou ont été en désaccord sur presque toutes les questions politiques importantes qui se sont posées au NPA au cours de la dernière période : l’attitude du parti face à Syriza et Podemos, la candidature de Poutou, le fait de se présenter et à défaut d’appeler à voter pour LO pour les législatives…
Un tel bloc ne permettra évidemment pas de relancer le NPA et ne pourra même pas se maintenir dès qu’un semblant de processus de regroupement à gauche ou la prochaine échéance électorale (Européennes de 2019) verront le jour. Il ne permettra pas, surtout, de mettre le NPA à la hauteur des défis posés par la situation politique.
Les tâches du NPA dans la situation post-ordonnances
Bien que l’élection de Macron et la défaite contre les ordonnances ouvrent une conjoncture plutôt réactionnaire, la contradiction profonde entre le président des riches et un mouvement ouvrier qui l’a toujours détesté n’a pas encore dit son dernier mot. En témoigne une série de conflits locaux durs qui ont lieu en ce moment, notamment contre la mise en place de nouveaux accords d’entreprise (plus favorables au patronat que l’accord de branche, comme le prévoit le Code du travail reformé par Hollande et Macron).
Parmi ce conflits, la grève victorieuse des travailleuses et travailleurs du nettoyage des gares franciliennes contre le géant de la sous-traitance Onet et la SNCF est emblématique à la fois des contradictions de la situation politique et des possibilités d’intervention du NPA.
Elle reflète une détermination nouvelle qui murit dans les couches les plus précaires de notre classe et qui doit nous intéresser. Mais elle est aussi le résultat d’une intervention décisive de camarades du NPA, qui dessine en petit les contours du parti que nous voulons : un parti révolutionnaire qui prend chaque lutte comme une « école » de combat et se veut comme un outil pour amener les travailleurs à la victoire.
45 jours de grève majoritaire avec piquets tenus 24h sur 24 et assemblées générales journalières dans un secteur de travailleurs immigrés ultra-exploité auront permis aux grévistes non seulement d’empêcher l’ensemble des attaques mais d’obtenir de nouveaux acquis. La très grande visibilité acquise par cette lutte locale et le vaste réseau de soutien auront permis de donner du moral aux grévistes avec de nombreuses actions solidaires mais aussi de remplir une caisse de grève à la hauteur d’environ 100 000 euros. Il s’agit-là de d’éléments déterminants, également, dans l’issue du conflit.
Le succès de cette lutte a été aussi celui de liens tissés entre différents combats. Des féministes du mouvement #MeToo en passant par les grévistes de l'Holiday Inn, en grève depuis 2 mois, aux membres du comité Justice pour Adama. Assa Traoré, venue sur le piquet et elle-même fille d’une des travailleuses qui avaient démarré la grève, a exprimé à quel point ce secteur de la classe ouvrière est liée à la jeunesse des quartiers.
Au-delà de toutes les limites du cas c’est, en très petit, ce que nous pensons que devrait faire le NPA dans la période qui s’ouvre : chercher à fusionner avec les processus de résistance au sein de notre classe afin de faire ds petites démonstrations qui contribuent à reconstruire la confiance et qui font preuve de l’utilité de notre parti.
A plus moyen terme, prioriser l’implantation et l’intervention dans la classe ouvrière, non pas dans une optique économiste ou ouvriériste mais au contraire en lien avec une conception selon laquelle la centralité de celle-ci, dans une perspective révolutionnaire, ne peut se réaliser qu’à condition de se lier à l’ensemble des luttes des exploités et des opprimés.
C’est en cela que la question de nos priorités de construction et d’intervention est indissociable de notre projet de renversement de l’Etat capitaliste par un pouvoir ouvrier issu de la mobilisation dans la perspective d’une société sans classes et sans Etat, le communisme. Mais c’est aussi la meilleure façon de nous préparer pour tenter de jouer un rôle dans des affrontements plus importants qui peuvent voir le jour, à la différence des mouvements contre les retraites (2010) et la Loi Travail (2016) au cours desquels le parti n’a joué qu’un rôle bien trop limité.
Regrouper à gauche
Une large frange des militants du NPA partage la perspective d’un parti plus ouvertement révolutionnaire et ayant pour centre de gravité l’intervention dans la lutte de classes. Malheureusement, les différentes sensibilités politiques de l’ancienne Plateforme A de la dernière Conférence Nationale se présentent sous six plateformes distinctes et n’offrent pas, ainsi, une réelle alternative à la Plateforme U.
C’est un scénario que nous déplorons. En tant que membres de la Plateforme Z nous avons cherché à éviter en poussant à un regroupement le plus large possible de la gauche du parti, d’autant plus que si des désaccords d’orientation existent (sur des questions de programme, sur la Catalogne, sur le Front Social), ils ne justifient néanmoins pas l’existence de six plateformes séparées. Nous sommes convaincus qu’il n’est pas trop tard et que dans le processus même du Congrès des convergences pourraient avoir lieu, notamment autour d’une déclaration commune.
Regrouper l’ensemble des militants du parti qui refusent de relancer la machine des majorités composites (qui maintiennent depuis des années le parti dans une impasse) et qui souhaitent que le NPA avance, sur la base de sa propre expérience, dans une clarification de son projet et de ses priorités, voilà l’objectif au service duquel se met la plateforme Z.