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Italie: les néofascistes de CasaPound capitalisent sur le discours anti-migrants
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La presse italienne en parle comme des « fascistes du troisième millénaire ». Enquête sur ce mouvement néofasciste lancé en 2003, dont le discours anti-migrants, comme les connexions mafieuses, lui ont permis d’obtenir 9 % des voix, aux dernières municipales à Ostie, dans la commune de Rome.
Rome (Italie), correspondance – Pour éveiller les consciences, il a fallu des images. Une vidéo choquante et violente, qui a fait le tour de l’Italie. Nous sommes le 7 novembre 2017 à Ostie, dans la commune de Rome, deux jours après les; target="_blank"> élections municipales. Interpellé par l’éclatant résultat obtenu par CasaPound – ; target="_blank">9 % –, le journaliste Daniele Piervincenzi se rend sur place pour interviewer Roberto Spada, membre du clan mafieux des Spada.
Daniele Piervincenzi interroge son interlocuteur sur ses rapports avec CasaPound, que Roberto Spada a soutenu publiquement avant les élections, lorsque soudain, ce dernier perd patience et frappe le journaliste d’un violent coup de tête au visage, avant de le poursuivre armé d’une matraque. Troublée ; target="_blank">par ces images, l’Italie se questionne à présent sur l’ampleur de l’emprise mafieuse dans certaines zones de la capitale. Mais aussi sur l’importance de CasaPound, qui, d’un petit groupuscule néofasciste, s’est lentement transformé en une menace bien plus concrète.
L’histoire de ce mouvement, dont le nom signifie « la maison de Pound » – en référence au poète américain Ezra Pound, sympathisant du régime mussolinien –, débute en 2003. Cette année-là, un groupe d’extrémistes de droite romains, emmené par Gianluca Iannone, occupe un immeuble dans le centre de la capitale en le rebaptisant CasaPound.
Depuis cet édifice, où CasaPound déclarait aussi abriter des familles dans le besoin, le groupe va se transformer à partir de 2008 en un mouvement à visée nationale, pour donner la “primauté aux Italiens”. À partir de ce moment, CasaPound se présente à diverses élections locales et nationales mais, à l’image de l’autre grand groupe d’extrême droite rival Forza Nuova, les scores obtenus dépassent rarement 1 %. Une tendance qui semble désormais révolue.
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Simone Di Stefano, numéro deux de CasaPound, lors d’une conférence de presse le 9 novembre 2017 à Rome. © Reuters / Tony Gentile.
Expert de mouvements identitaires et auteur du livre Extrême Droite, Guido Caldiron a suivi l’évolution de CasaPound de près. Assez pour affirmer que le résultat d’Ostie n’est pas un cas isolé. « Dans les deux dernières années, il y a eu d’autres avancées électorales importantes, précise-t-il. Comme à Lucques [en Toscane] ou à Bolzano [Tyrol du Sud]. » Dans ces deux villes, CasaPound a remporté respectivement 7,8 et 6,2 % des suffrages. Des résultats surprenants, mais qui selon Guido Caldiron sont aussi liés à une tradition de vote à droite bien ancrée dans ces cités.
Néanmoins, dans les dernières années, le parti néofasciste a réussi à élire au moins un conseiller dans huit autres communes italiennes, jusqu’au dernier succès électoral en date, à Ostie. Ici, le très bon score des néofascistes s’est surtout construit sur les terres de Nouvelle-Ostie, un quartier populaire du littoral où les pourcentages atteints par CasaPound frôlent les 20 %. Comment a-t-on pu en arriver là ?
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Pour Simone Di Stefano, numéro deux de CasaPound et candidat aux élections législatives italiennes, la réponse ; target="_blank">est simple : son mouvement est présent dans ces quartiers « abandonnés par tous les autres partis ». Une “occupation” du territoire que la journaliste romaine Federica Angeli ne dément pas. « Il est vrai que dans les deux dernières années, depuis que le conseil d’administration d’Ostie a été dissous pour infiltrations mafieuses, CasaPound a été très présent. Ils étaient là pour nettoyer les rues, pour faire des distributions alimentaires aux familles pauvres et même pour chasser des plages les vendeurs à la sauvette immigrés », explique cette femme dont les enquêtes sur la mafia romaine lui ont valu de vivre sous escorte policière.La journaliste avance aussi une autre explication aux scores monstres réalisés par le mouvement néofasciste à Nouvelle-Ostie. « Lorsque la salle de sport de Roberto Spada a été fermée par les pouvoirs publics, le quartier, encouragé par les Spada, s’est soulevé, raconte Federica Angeli. C’est à ce moment-là que Luca Marsella, le candidat de CasaPound à Ostie, s’investit dans le quartier et se lie à Roberto Spada. » Ce rapport va se poursuivre jusqu’aux élections de novembre où selon la journaliste romaine « les Spada étaient devant les bureaux de vote de Nouvelle-Ostie en train de donner des petites tapes sur les épaules des gens, comme pour dire “tu sais pour qui tu dois voter”. » En clair, le 9,03 % de voix obtenu par Luca Marsella serait quelque peu entaché par des soupçons d’entente avec des mafieux.
Pas de quoi déstabiliser le candidat Simone Di Stefano, qui réussit à tourner les procès médiatiques qui lui sont faits sur les plateaux télé en tribunes pour exprimer ses idées. Car à l’image de son parti, l’homme maîtrise l’art de la communication. « Par rapport à d’autres formations politiques qui ont des idées similaires, CasaPound porte une très grande attention à la communication, détaille Guido Caldiron. Ils évitent les bourdes antisémites et les appels explicites à la haine raciale. Malgré leur message de fond très radical, ils arrivent à très bien faire passer l’idée de normalisation de l’image du fascisme. »
Des points de convergence avec la Ligue du Nord
Si Simone Di Stefano se plaît à énumérer les actions sociales menées par son mouvement à Ostie et dans d’autres zones périphériques de la capitale, il ne se cache pas, sur les rapports de CasaPound à la dictature de Mussolini (1925-1943) : « Nous sommes fiers de représenter le fascisme social… Dans l’esprit, nous sommes toujours des fascistes, mais on vit dans le troisième millénaire et nous ne pouvons obtenir le pouvoir que grâce au consensus du peuple », déclarait récemment le candidat de CasaPound ; target="_blank">dans une interview au quotidien Il Giorno.
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Le dernier livre d’enquête de la journaliste Federica Angeli : « Le monde d’en bas, chronique de la Rome criminelle ».
« Fascistes du troisième millénaire », c’est ainsi que la presse italienne se plaît à décrire ce mouvement qui prétend pouvoir piocher dans les bonnes idées de Mussolini tout en condamnant ses erreurs sur les lois raciales. Une attitude qui flirte délibérément avec l’illégalité puisqu’en Italie la; target="_blank"> loi Scelba punit « ceux qui célèbrent publiquement des principes, des faits ou des méthodes du fascisme ». Suffisant pour condamner CasaPound ?La question peut se poser, mais au-delà de l’aspect juridique, pour Guido Caldiron le problème est surtout culturel. « Dans les dernières décennies, il y a eu une normalisation progressive de l’image du fascisme dans le pays, relève l’écrivain. On en est même venu à parler des aspects positifs du fascisme. Il n’y a pas que les extrémistes qui reprennent ce discours-là. Il suffit de penser à Berlusconi qui a déclaré que Mussolini n’était pas vraiment un dictateur, avant de se corriger en disant qu’il blaguait. »
Au-delà de son idéologie, si CasaPound s’est fait une place dans la scène politique italienne, c’est peut-être que son fonds de commerce n’est pas si différent de celui d’un autre parti transalpin : la Ligue du Nord.
Même s’ils refusent catégoriquement toute accusation de xénophobie, CasaPound préconise « l’arrêt de l’immigration clandestine et la restriction des paramètres d’acceptation de l’immigration régulière », comme on peut le lire sur le site internet du mouvement. Afin de bloquer les arrivées depuis l’Afrique, en mai 2016, Simone Di Stefano avait même proposé d’« intervenir militairement en Libye, afin de s’emparer d’une partie du pays et créer une enclave italienne à travers laquelle on pourrait gérer le flux migratoire ».
Au-delà de ces recettes géopolitiques fantaisistes, le véritable leitmotiv du mouvement est donc celui de la « primauté des Italiens » qui se concrétiserait – selon des déclarations de Di Stefano reprises sur le site de CasaPound – par la mise en place d’un mécanisme de « préférence nationale dans tous les aspects liés au bénéfice de l’état social et des services ».
Premier domaine visé, l’attribution des HLM qui, selon la vision du mouvement néofasciste, devrait être réservée en priorité aux Italiens. Cet argument, qui séduit certaines couches de la population, a souvent été repris par Matteo Salvini. Cela prouve l’existence de véritables points de convergence entre la Ligue du Nord et CasaPound. Une alliance entre les deux partis avait d’ailleurs été tentée par le passé, avant que Berlusconi rattrape Salvini et l’intègre à sa coalition.
À l’approche des législatives de mars, le parti de Salvini pourrait drainer les voix de celui de Di Stefano. « Beaucoup de personnes vont se dire : vu que les contenus sont les mêmes, pourquoi je devrais voter CasaPound plutôt qu’un parti comme la Ligue du Nord qui pourrait monter au gouvernement ? » souligne Guido Caldiron, qui ne voit pas le parti néofasciste dépasser la barre des 3 % nécessaire pour intégrer le parlement italien.Mais le mouvement de Di Stefano voit plus loin que le scrutin de mars. Il attend son tour. En Italie, une grande partie du vote contestataire, contre les partis traditionnels, a jusqu’à présent été capté par le Mouvement 5 étoiles. Or, si la désillusion ambiante venait à ronger la popularité du parti de Beppe Grillo, qui dirige plusieurs villes du pays, dont Rome, des perspectives nouvelles s’ouvriraient pour CasaPound. La formation pourrait alors devenir, selon les mots de Guido Caldiron, « la dernière réserve de la rancœur contre le monde politique ».
Dans l’espoir que cette prophétie se réalise un jour, les néofascistes continuent à se ramifier sur le territoire. Il y a une dizaine d’années, à peine constitué, le groupe pouvait compter seulement sur son siège romain. Aujourd’hui, CasaPound dispose de relais dans toutes les régions italiennes et dans une centaine de villes. Plus inquiétante encore apparaît l’influence de sa branche lycéenne et universitaire, le “; target="_blank">Blocco Studentesco”, elle aussi présente et bien active dans toute la péninsule.
Les troupes de Di Stefano misent sur les nouvelles générations parfois séduites par ce néofascisme “dépoussiéré”, fait de nouveaux symboles intrigants, d’un style graphique personnalisé et même d’un groupe musical de référence : les ; target="_blank">ZetaZeroAlfa. « CasaPound a créé une image plus conforme au langage des médias et de la communication, avance Guido Caldiron. Ils ont fabriqué une véritable marque, un néofascisme-pop. ». Une marque de fabrique nouvelle, minutieusement étudiée pour ressusciter les idées les plus rances d’il y a quatre-vingt-dix ans.