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"Non" à la rigueur: les Espagnols appelés à descendre dans les rues

Lien publiée le 19 juillet 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

MADRID, 19 juil 2012 (AFP) - Pour dire "non" au nouveau plan de rigueur du gouvernement, à la hausse de la TVA, aux coupes budgétaires qui frappent les fonctionnaires et les chômeurs, les Espagnols sont appelés par les syndicats à descendre jeudi soir dans les rues de tout le pays.

"Mains en l'air, c'est un hold-up": le slogan est devenu le cri de ralliement des manifestations, spontanées ou organisées, qui se multiplient depuis l'annonce, le 11 juillet, de ce plan destiné à économiser 65 milliards d'euros.

Car la colère des Espagnols, déjà soumis à de lourds sacrifices, étranglés par un chômage record de près de 25%, est montée d'un cran face à ce nouveau tour de vis.

"Ces mesures ne vont pas relancer la consommation, ne vont pas créer d'emploi, et elles frappent ceux qui comme nous ont une situation un peu plus stable, qui pourraient aider la consommation", résume Ines Cornide, 44 ans, fonctionnaire dans la Justice qui manifestait cette semaine devant le ministère du Budget à Madrid.

Le gouvernement de droite cherche ainsi à redresser les comptes publics: le budget 2012, d'une rigueur historique avec 27,3 milliards d'euros d'économies, n'a pas suffi et l'Espagne s'est vu imposer par Bruxelles des conditions draconiennes, en échange d'une aide à ses banques et d'un délai, jusqu'en 2014, pour ramener son déficit public à moins de 3%.

Cette fois, c'est le pays tout entier qui va payer: renonçant à ses promesses, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a décidé une hausse de la TVA, qui devrait rapporter 22 milliards d'euros d'ici à 2014.

Les fonctionnaires, qui ont déjà vu leur salaire réduit de 5% en 2010, puis gelé, perdent en 2012 leur prime de Noël, l'équivalent de 7% du salaire. Et les nouveaux chômeurs verront leurs indemnités réduites au bout de six mois.

Autant de mesures risquant de creuser le repli de l'économie espagnole, déjà en récession et qui devrait afficher cette année un recul de 1,7% du PIB.

"Ce ne sont pas seulement les fonctionnaires qui sont touchés, c'est pire pour les chômeurs. Et aucune mesure n'a été prise contre les grandes fortunes", remarque une manifestante prénommée Teresa, fonctionnaire de 59 ans. "Je ne serais pas surprise que bientôt ce soit au tour des retraites".

Répondant aux mots d'ordre des syndicats ou des "indignés", ou alertés par les réseaux sociaux, des Espagnols de tous horizons se sont rassemblés quotidiennement, depuis le 11 juillet, promenant des forêts de petites pancartes avec ce seul mot "NO" illustré d'une paire de ciseaux.

Ils portent les t-shirts jaunes des fonctionnaires de la Justice, verts de l'Education ou les blouses blanches des infirmières. Parmi eux encore, des policiers en chemises noires, des pompiers casqués.

"Déjà, ils ont baissé notre salaire de 5%, en plus on subit les mêmes mesures que les autres, avec la hausse de la TVA et d'autres impôts. Et aussi, on nous supprime des jours de congés. On n'en peut plus, on atteint nos limites", témoigne un policier municipal de 35 ans, Andres Fernandez.

Les policiers "ont atteint leurs limites, déçus par un gouvernement qui a asséné un coup mortel à leur économie familiale", lance d'ailleurs le syndicat de policiers CEP, dans une lettre ouverte adressée mercredi à Mariano Rajoy.

"Je vais aller manifester parce que c'est injuste, je ne suis pas syndiquée, mais ce n'est pas nécessaire pour sortir dans la rue", ajoute Teresa. Elle refuse de donner son nom, comme beaucoup d'autres par crainte de sanctions.

"Le gouvernement ne va pas faire marche arrière. Les manifestants seront de plus en plus nombreux", promet Angeles, une autre fonctionnaire de 55 ans.

Sous le mot d'ordre "Ils veulent ruiner le pays. Il faut l'empêcher. On est plus nombreux qu'eux", les syndicats appellent à manifester dans 80 villes. Ils ont averti qu'une grève générale - la précédente remonte au 29 mars - serait "inévitable" si le gouvernement ne revenait pas sur son dispositif.