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Des dizaines de milliers de manifestants à Paris

Lien publiée le 5 mai 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(Libération) Au soleil entre Opéra et Bastille, la marche organisée par François Ruffin a réuni 38 900 participants, selon le cabinet Occurence, dans une ambiance de lutte festive et sociale. Un prochain rendez-vous est fixé au 26 mai.

Une petite foule l’entoure. Des flashs, des anonymes, des militants. François Ruffin a le sourire. Il est fier de son coup : la «Fête à Macron» se déroule comme dans le plus beau de ses songes. Tout au long du parcours, entre la place de l’Opéra et celle de la Bastille, les quidams dansent, chantent. Des slogans, des pancartes, des grillades. La députée de la France Insoumise, Clémentine Autain se tient debout au milieu du cortège. Elle regarde la foule passer, répond aux sollicitations. Confie: «C’était ce qu’on voulait, cette fête répond à toutes nos attentes.» Puis conclut: «Toute la semaine, tout le monde nous parlait de la violence, des casseurs, vous avez vu un seul débordement?» Pas beaucoup. Juste quelques heurts sur la place de la Bastille : une quarantaine de jeunes s’en sont pris à des cars des télés, et il y aurait un blessé parmi les forces de l’ordre, selon BFM.

Nuit debout

Au cœur de la marche des chars et des bus défilent. La France Insoumise a le sien. Sur le toit, les députés prennent la parole les uns après les autres. Le sentiment qu’ils paradent après avoir raflé la coupe du monde de foot. Alexis Corbière, Adrien Quatennens, Danielle Obono, Ugo Bernalicis haranguent la foule. Le chef, Jean-Luc Mélenchon prend la parole un peu après 15 heures. Il s’adresse à tous les salariés en «lutte» : «La France populaire vous aime et vous dit merci pour votre combat.» Le tribun a l’air heureux. Il condamne toutes les violences, celles verbales des «puissants», mais aussi les violences «sociales», «physiques».

La «Fête à Macron» a été organisée par François Ruffin et ses copains de Nuit debout. Benoît Hamon est dans les parages avec son mouvement, les communistes et les écolos aussi. La gauche est en force. Les drapeaux et les pancartes de la France Insoumise ornent tout le défilé. Adrien Quatennens, le député du Nord est sur son petit nuage. «C’est formidable : le soleil avec nous et l’ambiance est joyeuse. Macron a mangé son pain blanc, c’est terminé pour lui, c’est irréversible, une majorité de Français ne veulent plus de sa politique et ça commence à se voir.» Le bus de la France Insoumise stationne un instant devant le cirque d’hiver. Ugo Bernalicis prend le micro. Le député demande à la foule de souhaiter un joyeux anniversaire au chef de l’État, un an après sa victoire à la présidentielle. «Joyeux anniversaire Macron» est repris en chœur.

Mélenchon, le poing levé

Eric Coquerel s’approche de nous. Il dit : «Je ne sais si je vous l’ai déjà dit, mais lorsque vous avez milité pendant des années, et qu’un jour les gens vous reconnaissent, vous remercient pour votre travail… ça fait quelque chose.» Pendant que l’animatrice télé et insoumise Raquel Garrido danse sur le bitume, notamment sur le tube «Despacito», Jean-Luc Mélenchon, qui devait parler une seule fois, reprend la parole, puis une autre fois, puis une autre… toujours le poing levé. Le bus est proche de Bastille, le terminus, un membre du staff glisse au journaliste un chiffre : plus de 100 000 participants. Selon le cabinet Occurence, pour un collectif de médias dont Libération, il y avait 38 900 participants. Toujours le même match des chiffres.

En fin d’après-midi, sur la place de la Bastille, la foule s’éparpille lentement. Des jeunes, d’autres moins, restent, s’installent sur le bitume : un concert se joue sur un camion. Une kermesse en plein air. Dans la foulée, les organisateurs de la marche publient un communiqué pour saluer le succès de la journée et rappeler la prochaine date : le 26 mai pour un «débordement populaire». Une militante se projette : «Je ne sais pas jusqu’ou ça va aller mais j’espère qu’il fera aussi beau qu’aujourd’hui.» La «lutte» a toujours une fin incertaine mais elle est toujours plus belle au soleil.