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Bure : vague d’interpellations chez les opposants à Cigéo

Bure Répression

Lien publiée le 21 juin 2018

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.liberation.fr/amphtml/france/2018/06/20/bure-vague-d-interpellations-chez-les-opposants-a-cigeo_1660636

Une semaine après une manifestation, plusieurs opérations coordonnées des forces de l'ordre ont abouti mercredi à des perquisitions et près d'une dizaine d'interpellations parmi des militants anti-nucléaire.

Cinq jours après une manifestation contre le gigantesque projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse), plusieurs interpellations et perquisitions ont eu lieu parmi les opposants tôt ce mercredi matin. D’après les informations de l’AFP, plus de 200 gendarmes enquêteurs et militaires ont été mobilisés pour cette opération.

Le Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) évoque au moins «dix lieux de vie d’opposants» perquisitionnés, dont la Maison de résistance de Bure, ainsi que sept gardes à vue. L’AFP parle de son côté de cinq lieux, et le site d’information des opposants VMC camp, détaille une liste de huit sites perquisitionnés : «Cirfontaines-en-Ornois (une arrestation), Verdun (une arrestation), Montier-sur-Saulx, Commercy (deux arrestations), Biencourt-sur-Orge, Ancerville (convocation à une audition libre), Chennevières (convocation à une audition libre) et Paris, au domicile d’un avocat (une arrestation).»

«Fait rarissime»

D’après une information du site d’informations Reporterre, l’avocat en question est le conseil en droit de l’environnement Etienne Ambroselli, qui défend plusieurs militants. Il a été interpellé à son cabinet et placé en garde à vue. Cinquante avocats de plusieurs barreaux de l’Hexagone ont réagi par voie de communiqué, dénonçant un «fait rarissime». «Un tel procédé porte non seulement atteinte au droit à une défense effective mais constitue également une gravissime remise en cause du plein exercice de la profession d’avocat, pourtant garanti par la loi et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme», alertent-ils.

D’après les informations recueillies par Libération, les saisies de la Meuse concernent essentiellement du matériel informatique et des téléphones. Les gendarmes auraient également procédé sur place à des contrôles d’identité et des photos des personnes présentes. «Dans ces lieux, les motifs des perquisitions ont été peu ou pas présentés ; les commissions rogatoires n’ont souvent pas été présentées non plus», dénonce un communiqué de militants qui se font appeler les «chouettes hiboux».

Selon les informations délivrées par le procureur de Bar-le-Duc, Olivier Glady, les perquisitions ont eu lieu dans le cadre d’une commission rogatoire portant notamment sur trois faits datant de 2017 : un départ d’incendie volontaire commis en juin dans l’hôtel-restaurant du laboratoire de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), des dégradations commises à l’écothèque de l’Andra, et une manifestation qui a dégénéré le 15 août.

«Une logique d’écrasement»

Maxime (1), dont le domicile a été perquisitionné ce mercredi, a été entendu comme témoin. Selon le récit qu’il a fait à Libération, des gendarmes se sont présentés vers 7 heures du matin au domicile d’amis chez lesquels il dormait et qui, eux, ont ensuite été placés en garde à vue. «Ils n’ont pas pris le temps de toquer à la porte qu’ils ont défoncée en moins d’une minute. Puis ils sont rentrés en criant, on m’a mis des menottes, assez serrées», se souvient-il. «J’ai entendu qu’ils ont présenté à mon ami le papier de la commission rogatoire mais moi ils ne m’ont rien présenté, je ne l’ai lue que plus tard. Je suis resté assis et ils ont saisi mon matériel : ordinateur, clé USB, chargeur, téléphone, appareil photo, cartes SD. D’autre matériel a été saisi chez moi, ajoute-t-il. Du matériel de sport comme des lunettes de piscine, des coudières et genouillères, des protège-tibias de foot… ce qu’ils peuvent interpréter comme étant du matériel de défense en manif.» Maxime, qui a ensuite été entendu pendant une heure trente par les gendarmes, a, dit-il, surtout été interrogé sur «l’organisation, les trains de vie, les financements, les lieux de lutte, les rôles et tâches» de chacun. Il dénonce «une logique d’écrasement, une opération médiatique et politique qui s’inscrit dans une logique de répression et qui entend diviser le mouvement entre "bons" et "mauvais" opposants. C’est un signal fort adressé à l’ensemble des associations environnementales et des mouvements sociaux».

Cette intervention policière s’est déroulée cinq jours après une manifestation des opposants à Cigéo à Bar-le-Duc qui a réuni entre 1 000 et 3 000 personnes. A l’issue de ce rassemblement, six personnes avaient été interpellées, et deux hommes ont été incarcérés lundi après avoir été condamnés en comparution immédiate. «Durant cette semaine, la présence militaire entre les villages de Bure et de Mandres-en-Barrois a été constante, s’accompagnant de nombreux contrôles d’identité et fouilles de véhicules. Durant la journée de
mobilisation et le week-end, du 16 et 17 juin, au moins 19 interpellations ont eu lieu», précise le texte communiqué par les «chouettes hiboux».

«La vague de perquisitions la plus lourde jamais subie»

Un autre opposant contacté par Libération s’inquiète : «C’est une manière de tenter de nous asphyxier quelques jours après une démonstration de force. Cette réponse d’ordre politique illustre la dérive autoritaire que l’on voit venir à Bure comme ailleurs dans les mouvements étudiants, lycéens ou envers les migrants», déplore-t-il. Claude Kaiser, ancien élu local et lui aussi opposé de longue date à Cigéo, s’étonne de l’attitude des pouvoirs publics : «La préfecture nous demande de nous asseoir à la table du dialogue avant le débat public [qui doit avoir lieu en septembre, ndlr] et ils perquisitionnent ensuite tous azimuts ! On a l’impression d’être traités comme des terroristes. Pour nous, le dialogue est rompu. Au contraire de nous décourager, cela ne fait qu’augmenter notre colère», met-il en garde.

Dans un communiqué, l’association Sortir du nucléaire qui estime qu’il s’agit ce mercredi de «la vague de perquisitions la plus lourde jamais subie dans le mouvement» dénonce un «coup de force des autorités, nouvelle preuve de la dérive sécuritaire du gouvernement, qui traite des militants et des habitants comme des terroristes pour essayer de détourner l’attention des problèmes colossaux posés par Cigéo».

(1) Le prénom a été modifié